La République nouvelle que je veux construire, la 6e République, sera la République des services publics garantis (Ségolène Royal à Limoges)

dimanche 1er avril 2007.
 

... Ici, nous sommes sur une terre rebelle, une terre d’insoumission dans les campagnes et dans les usines, et ça ne m’étonne pas que vous ayez chanté tout à l’heure avec autant d’émotion le Chant de partisans.

Oui, Limoges est fière de sa mémoire ouvrière et de son ancrage à gauche. C’est ici que sont nées les coopératives, l’économie sociale et solidaire.

Oui, ici, vous êtes des fils et des filles défenseurs d’une République démocratique, laïque et sociale. Oui, ici plus qu’ailleurs, on n’a pas oublié les exploits du Maquis. Et c’est là que je veux en venir. Vous n’avez pas oublié les exploits du Maquis et de Georges Guingoin*. Je voulais vous rappeler qu’il y a à peine trois ans, en 2004, il avait signé avec Lucie Aubrac, qui vient de nous quitter, et Stéphane Essel*, et d’autres grands résistants, un appel.

Un appel à retrouver l’esprit de la Résistance, un bel appel contre le recul des droits sociaux, contre la montée des injustices et contre tout ce que la droite démolit en ce moment.

Ce bel appel se terminait par ces mots : créer, c’est résister, et résister, c’est créer.

C’est à cela que je vous invite. C’est à ce même élan que je vous invite.

C’est cela que nous voulons créer aujourd’hui pour la France de demain : c’est résister et c’est imaginer l’avenir.

Je voudrais illustrer cette belle devise, que je fais mienne aujourd’hui à Limoges, à partir de deux problèmes qui se posent ici dans la région, mais qui ont un écho de dimension nationale : d’abord la bataille pour le service public. Vous le savez, ici, les agents de l’ANPE sont en grève. Les maires des communes rurales sont inquiets pour la disparition des écoles et les nouvelles suppressions de postes.

Je vous le dis ici, à Limoges, la République nouvelle que je veux construire, la 6e République, sera la République des services publics garantis.

Et je le dis aux agents de l’ANPE, ici à Limoges, qui viennent de déclencher une grève, une grève importante, parce qu’ils se dressent contre la privatisation de ce service public, et ils ont raison. Partout les citoyens doivent se lever contre la privatisation des services publics. Nous n’avons jamais eu autant besoin aujourd’hui de ces liens de solidarité qu’incarnent les services publics pour mener la bataille pour l’emploi.

Alors oui, la France neuve que j’appelle, c’est une France qui résiste et qui imagine. Résister, c’est-à-dire maintenir les services publics, imaginer, cela veut dire les réformer. Dans le pacte présidentiel que je vous propose, c’est une bataille efficace contre le chômage, et en particulier par la réforme de toutes les aides à l’emploi qui seront désormais confiées aux régions, mais l’État garantira l’égalité entre les différents Territoires.

Cette bataille que nous conduirons, je le dis aux fonctionnaires et aux agents de l’ANPE, nous confierons également aux régions la gestion du service public de l’emploi, parce que ce sont elles désormais qui auront les aides à l’emploi, les aides à la formation professionnelle, et désormais, l’accompagnement individualisé de ceux qui recherchent un emploi. Voilà comment la bataille sera efficace.

Et ça ne sert à rien d’en rabattre sur les services publics, bien au contraire.

La seconde bataille pour l’emploi sera la bataille pour l’emploi des jeunes, car je n’accepte pas que dans une France qui veut se relever, on ait un taux de chômage le plus élevé d’Europe. C’est chez nous que les jeunes qualifiés et diplômés attendent le plus longtemps l’accès au premier emploi. C’est pourquoi, dans le pacte présidentiel que je vous propose, et que vous avez construit avec moi, parce que j’ai entendu les inquiétudes, les souffrances, les impatiences, les colères aussi de toutes celles et ceux qui ont le sentiment de ne compter pour rien, des parents et des grands-parents qui s’inquiètent pour les jeunes, alors qu’ils ont souvent fait des efforts financiers considérables pour les conduire vers la qualification et vers les métiers, et je l’affirme ici, je le redis ici à Limoges : le combat contre le chômage des jeunes, le combat pour le droit d’accès au premier emploi pour les jeunes sera un combat permanent, un combat engagé, une mobilisation de tous, avec les entreprises. Elles seront appelées à nouer un nouveau pacte avec les pouvoirs publics. Les jeunes pourront bénéficier des emplois-tremplins, et nous en créerons suffisamment. Je ne veux plus qu’en France un jeune qualifié ou un jeune diplômé reste au chômage pendant plus de six mois. Nous mobiliserons pour cela tous les moyens. Il n’est pas acceptable que, d’un côté, les entreprises qui reçoivent des fonds publics demandent aux jeunes, pour leur donner leur première chance, d’avoir une expérience professionnelle, mais de l’autre, refusent de leur tendre la main et de leur donner l’occasion de faire leurs preuves. Ceci doit changer. Cela changera. C’est ce que j’appelle les nouvelles règles que nous devrons mettre en place, ces règles du gagnant-gagnant, ces règles du donnant-donnant. Je veux substituer à ces logiques de confrontation, de la guerre de tous contre tous, de ceux qui se débrouillent en laissant les autres sur le bord du chemin et que le meilleur gagne, non, ce n’est pas la France que nous voulons. Nous voulons une France des solidarités, une France où la puissance publique intervient, où elle crée des droits nouveaux, mais où, en contrepartie, elle demande à chacun et à chacune d’entre vous de donner le meilleur de lui-même. C’est comme cela que la France reprendra la main, j’en suis sûre, j’en suis convaincue, et je compte sur vous pour cela.

Le deuxième exemple que je voudrais illustrer devant vous, c’est la rencontre que nous avons eue tout à l’heure, avec Alain Rodet et Marie-Françoise, auprès des ouvrières de France Textile. On parle souvent des patrons en France pour en dire le plus grand mal, et on a raison lorsque l’on voit un certain nombre de patrons voyous, de ceux qui délocalisent, de ceux qui font des licenciements boursiers ou des licenciements de confort, de ceux qui ne respectent même pas les rudiments du dialogue social, de ceux qui empochent les aides publiques avant de mettre la clé sous la porte, mais il y a d’autres patrons, et c’est à eux que je veux m’adresser, ces chefs de petites et moyennes entreprises, comme on les a rencontrés tout à l’heure, tout près d’ici, à Textile France, de salariés, qui ont été trois fois licenciés, et qui, à un moment, se sont dit : nous n’allons pas baisser la tête, nous n’allons pas encore subir cette humiliation, nous allons reprendre à bras le corps notre destin en mains.

Et même sur un secteur que l’on dit durement touché par les délocalisations, le secteur de l’industrie textile, eh bien, ils ont réussi à remonter la pente, ils ont réussi à recréer une centaine d’emplois, et je veux que cet exemple-là, comme j’en vois partout sur les territoires où je me rends, je veux que cet exemple-là devienne la référence dans la France qui va retrouver une nouvelle croissance durable, pour à nouveau sortir du chômage, pour créer des activités, de la valeur ajoutée et distribuer des salaires.

La façon dont cette entreprise a réussi s’appuie sur les valeurs fondamentales et sur les réformes profondes que je vous propose dans le pacte présidentiel.

D’abord, la qualité du dialogue social. Il est temps que la France sorte de cet archaïsme et puisse faire émerger un syndicalisme de masse, un syndicalisme responsable, qui permettra d’anticiper les mutations, qui permettra de créer le respect à l’intérieur de l’entreprise, qui permettra de répartir avec justice les fruits de la croissance de l’entreprise, qui permettra de sécuriser les salaires et les emplois. Car je crois tout le contraire de la droite : je n’est pas par la précarité que nous relancerons la machine économique, mais bien au contraire, c’est en sécurisant les salariés, en les associant en amont aux décisions de l’entreprise, comme cela se fait dans les pays du nord de l’Europe.

Pourquoi n’y a-t-il en France que 8 % d’adhésions aux organisations syndicales, 80 % dans des pays comme la Suède ? Et c’est dans ces pays, où les bas salaires sont les plus élevés, c’est dans ces pays où il y a le moins de conflits sociaux, c’est dans ces pays où il y a aussi le moins de chômage. C’est pourquoi dans la réforme profonde des institutions, il y a une réforme volontaire, audacieuse, pour que la France change dans le domaine des relations sociales et pour que nous puissions enfin réaliser une véritable démocratie sociale dans l’entreprise, qui nous rendra collectivement beaucoup plus efficaces. C’est à cela que je vous appelle également.

Le deuxième pilier de la relance économique, qui est aussi très bien illustré dans cette entreprise, c’est l’investissement massif dans la recherche et dans l’innovation. C’est l’idée que c’est par la qualité, par la matière grise, par la formation professionnelle que nous pourrons rester compétitifs, et que nous pourrons, comme je l’ai dit tout à l’heure, relever la tête et reprendre la main. Là aussi, dans le pacte présidentiel que je vous propose, nous investirons massivement les fonds publics dans les entreprises qui en ont vraiment besoin. Nous encouragerons par la fiscalité le réinvestissement des bénéfices de l’entreprise dans l’entreprise, nous remettrons à niveau ce qui a été dramatiquement abandonné par la droite : la recherche, l’enseignement supérieur, l’innovation, et nous devrons le refaire en remettant à niveau la recherche aussi au niveau européen.

Enfin, il nous faudra définir des politiques industrielles communes, et là aussi, la France mérite beaucoup mieux que ce qu’elle a. Ici aussi, nous avons des pôles de compétitivité dans cette région qui ont été lamentablement abandonnés par l’État. Et demain, en réconciliant la France avec les entreprises, en rapprochant l’enseignement supérieur, la recherche et les entreprises, nous réussirons à nouer un nouveau pacte économique, social et environnemental qui nous permettra de redresser la France et de la retirer vers le haut.

J’entends bien les objections ici ou là, et peut-être ici, certains d’entre vous se posent aussi ces questions. On me dit : Mais ce pacte présidentiel coûte cher. Alors, je vous le dis fermement : qu’est-ce qui coûte cher ? Ce qui coûte cher, c’est le chômage. Ce qui coûte cher, c’est la précarité. Ce qui coûte cher, c’est l’échec scolaire. Ce qui coûte cher, c’est toutes les formes d’insécurité. Ce qui coûte cher, c’est de ne pas pouvoir se loger. Ce qui coûte cher, c’est d’avoir peur de l’avenir. Ce qui coûte cher, c’est, comme je l’entendais tout à l’heure dans l’entreprise que je vous citais, ce qui coûte cher, c’est comprendre l’inquiétude des petites retraites et des bas salaires, et cette ouvrière qui part à la retraite et qui me dit : « Ça fait 40 ans que je travaille, et je vais partir à la retraite avec une retraite de 600 euros par mois, c’est-à-dire à peine plus que le minimum vieillesse. » Et on viendrait me reprocher de vouloir relever tout de suite les petites retraites et les bas salaires ! Mais ce n’est que justice ! Et non seulement ce n’est que justice, mais c’est aussi un levier de l’efficacité économique.

Car ce qui déprime un pays, c’est cela : c’est la peur de l’avenir. Et cette peur de l’avenir, on la sent aujourd’hui à tous les niveaux de la société. Je l’ai dit tout à l’heure, on la sent chez les jeunes, qui ont du mal à s’insérer dans le monde du travail, on la sent chez les parents, qui se demandent si leurs enfants vont encore pouvoir réussir à l’école à égalité des chances, on la voit chez les entreprises aussi, sous-traitantes, qui sont pressurées par les maisons mères, celles du cac 40, celles dont les centres de décision sont en dehors de nos frontières. On la sent aussi, cette inquiétude, chez les agriculteurs qui voudraient bien pouvoir continuer à créer des activités et à installer des jeunes, et cette réforme-là aussi nous la ferons, pour que nos territoires ruraux restent vivants.

Ce sont toutes ces inquiétudes qui dépriment collectivement la France et qui donnent à chacun le sentiment d’être irrésistiblement tiré vers le bas. Alors voilà l’enjeu de l’élection présidentielle, c’est d’en finir avec ces inquiétudes, c’est de renouer partout le lien social, c’est de donner à chacun une vision de son avenir, une espérance d’avenir, c’est de garantir partout d’abord que les familles vont bien fonctionner et seront aidées au moment où elles en ont besoin et que les parents vont pouvoir assumer leur autorité parentale, ensuite que l’école va bien marcher et la rentrée scolaire se fera ; après avoir cet été, si les Français me font confiance, rétablir les moyens scolaires et les postes que la droite vient de supprimer.

Bien sûr, ce n’est pas quand un pays n’est pas assuré de son avenir qu’il faut en rabattre sur l’éducation, bien au contraire, la principale bataille de la France, aujourd’hui, c’est la matière grise, c’est la formation, c’est l’éducation, encore l’éducation, toujours l’éducation. C’est de se dire que si chacun, là où il est, a la possibilité de déployer ses talents, alors c’est collectivement que nous en serons tous bénéficiaires. C’est cela cette bataille et c’est pourquoi je remettrai les priorités dans l’ordre des choses.

Et la priorité dans l’ordre des choses, c’est celle que je viens de vous dire, parce que tout se tient, les familles, l’éducation, ensuite la valeur du travail. La valeur travail, ça consiste en quoi la valeur travail ? Ça consiste d’abord à lutter contre le chômage. Et quand j’entends le candidat de la droite proposer aux salariés d’avoir le choix de travailler jusqu’à 70 ans alors qu’il y a déjà tant de chômage chez les salariés. Non, pas de « hou ! » dans mes réunions ; parce que ce sont des enjeux de fond, des choix fondamentaux, que les Français nous regardent, qu’ils nous regardent, qu’ils savent qu’ils ne Doivent pas se tromper, que c’est un choix d’avenir qu’ils ont à faire. Oui, nous n’avons pas la même conception de ce que les uns et les autres nous appelons la valeur travail. La valeur travail, c’est d’abord donner du travail à tous, la valeur travail, c’est d’abord revaloriser les bas salaires, c’est sécuriser par des contrats durables - et je félicite les jeunes de leur lutte contre le CPE -, la valeur travail, c’est de faire en sorte, une bonne fois pour toutes, la gauche l’a souvent promis et pas vraiment réalisé, et nous devrons le faire, la valeur travail c’est de faire en sorte que le travail soit moins taxé que le capital.

La valeur travail, c’est de faire en sorte aussi que toute personne qui retrouve un emploi ne perde pas de revenus par rapport à une personne qui vit des revenus de l’assistance. Et ça aussi, je l’ai entendu tout à l’heure. L’une des salariées, l’une des ouvrières me l’a dit, qui vit juste au SMIC ou juste au-dessus du SMIC et qui se rend compte qu’avec les différents droits sociaux attachés aux revenus de l’assistance, parfois quelqu’un qui travaille gagne moins que quelqu’un qui voudrait bien d’ailleurs travailler. Eh bien, dans le pacte présidentiel, il y a le revenu de solidarité active, c’est-à-dire que désormais toute personne qui sort des de revenus de l’assistance et qui retrouve un travail verra également son revenu augmenter, c’est-à-dire pourra garder un certain nombre d’avantages liés à la situation antérieure pour que plus personne ne soit laissé sur le bord de la route, et en particulier pour que tous ceux qui cherchent un travail et qui en retrouvent un ne soient pas découragés. Je ne suis pas favorable à une société de l’assistanat. La gauche, ce n’est pas cela. La gauche, c’est la dignité du travail.

La société que je vous propose, c’est une société du donnant/donnant où chacun aura le sentiment que ce qui est donné par la responsabilité publique, que ce qui est donné à ceux qui en ont le plus besoin, que cette exigence de maintenir les liens de solidarité s’accompagne aussi en retour d’un effort de la part de ceux qui reçoivent. Et c’est aussi le sens de l’allocation pour les jeunes. Je leur ai dit sans démagogie : je ne veux pas qu’il y ait des jeunes en situation de précarité et qui, à cause de cette précarité, échouent dans leur formation et dans leurs études parce que leurs parents trop modestes n’ont pas les moyens de subvenir correctement à leurs besoins. Je veux donc améliorer, parce que je crois que c’est façon aussi d’aider les jeunes à choisir une bonne orientation, un métier qui leur plaise et de s’insérer dans le monde du travail. Ils seront donc aidés par l’amélioration d’un système de bourses, mais en contrepartie il leur sera demandé bien sûr, en tout premier lieu, de travailler pour réussir leurs études. Ensuite, il leur sera bien sûr demandé de choisir des orientations professionnelles qui leur permettent de déboucher sur un emploi et, enfin, il leur sera demandé, et ce sera vrai aussi, pas seulement pour les jeunes qui reçoivent cette aide, mais d’une façon générale, pour tous ceux qui ont envie de construire une société solidaire, il leur sera demandé par exemple de faire du soutien scolaire auprès des enfants qui en ont le plus besoin.

Et je voudrais à ce sujet vous dire, parce que j’entends à la fois mettre en place ces nouvelles règles où chacun sera au clair sur ses droits et sur ses devoirs, c’est cela que j’appelle l’ordre juste. C’est comme cela que l’on met en place des préventions efficaces, et en particulier je le répète, la première des préventions contre la délinquance, c’est l’investissement dans l’école, dans la réussite scolaire, dans la formation et dans l’emploi. Et comme le disait très justement Victor Hugo : « Une école qui ouvre, c’est une prison qui ferme. »

Alors tous ces jeunes qui n’ont parfois pas eu la chance d’être suffisamment bien encadrés, de comprendre les règles d’organisation d’une société qui veut être accueillante à tous les siens, d’où qu’ils viennent, dans la diversité de leurs talents, c’est cela aussi la force de la France, c’est d’accueillir la diversité de ses talents à condition qu’ils aient la conviction profonde que tout est fait pour lutter contre toutes les formes de discrimination. C’est cela aussi la République nouvelle que j’appelle de mes vœux.

Et puis il y a une autre inégalité contre laquelle nous devons farouchement lutter, et parmi celles que je veux évoquer ce soir je veux évoquer aussi celle-ci, c’est l’inégalité devant la culture : la République nouvelle sera la République de l’art et de la culture. Là aussi, le chantier est immense. Il y a eu tant de recul au cours de ces dernières années, et je l’ai senti dans tous les débats participatifs, la soif de culture, la volonté et l’envie d’accéder à la beauté et les inégalités cruelles devant l’accès à la culture. Songez donc : 80 % des Français n’ont jamais, ni les moyens, ni l’occasion, d’assister à un spectacle vivant.

Alors comment se peut-il qu’il y ait d’un côté tant de chômage dans les professions du spectacle et de la culture, et de l’autre une telle soif culturelle parmi les jeunes, parmi les citoyens en général, et parmi tous ceux qui ont pris la parole ? Et la France qui se relève est une France culturelle, une France qui donne à chacun le droit d’accès à une pratique culturelle, à tous les enfants le droit d’accès à la beauté, à tous les citoyens le droit d’accéder au spectacle vivant. Oui, je veux une démocratisation culturelle profonde parce que, dans l’investissement dans la matière grise dont je vous parlais tout à l’heure, l’investissement dans la valeur humaine, l’investissement dans l’intelligence collective, celle qui est aujourd’hui si cruellement bridée, celle qui est bloquée, celle qui est tirée vers le bas parce que, lorsque l’on entend certains discours de la droite on se rend compte que, ce qui est flatté, ce n’est pas le beau côté de la personne humaine, c’est toujours exciter les peurs, les jalousies, c’est toujours une façon de dresser les gens les uns contre les autres.

J’entends dire qu’on ferait voter les grévistes contre les non-grévistes, ceux qui auraient le droit d’avoir des heures supplémentaires et les autres, ceux qui devraient travailler au-delà de 70 ans et ceux qui sont au chômage, ceux qui sont agressés et qui ont vu la sécurité reculer ; ceux qui vont bénéficier des allégements fiscaux dans le programme de la droite et ceux qui verront les services publics reculer.

Non, je sais, parce que je vous ai écoutés, que vous ne voulez pas d’une France qui se délite et qui abandonne les principes fondateurs de la République qui a fait notre force. Cette République, nous devons lui redonner toute sa portée, toute son ambition, toutes ses exigences, nous devons la remettre debout et je pense que nous y arriverons. Nous y arriverons parce que je sais que c’est ce que vous voulez. Je sais aussi que ce sera difficile la première année, la droite nous laisse un pays en mauvais état, avec d’importants déficits, de la dette, mais je crois que, si nous faisons ce que nous avons dit, et nous le ferrons parce que j’ai écouté pour agir juste et pour tenir parole, le pacte présidentiel est un projet cohérent qui s’appuie non seulement sur des valeurs, je vous l’ai dit, sur des règles du jeu neuves et claires où chacun saura ce qu’il a à faire dans cette France qui veut à nouveau bouger et se redresser, mais aussi des décisions rapides, immédiates, qui répondront aux urgences, et je l’ai dit et je le répète, aux urgences de la lutte contre le chômage, aux urgences de la défense du pouvoir d’achat, aux urgences des moyens à rendre à l’école et la formation, à l’urgence écologique aussi ; à la nécessité aussi de faire revenir la France à la table de l’Europe.

Oh, je sais, dans cette région, quel a été le résultat du référendum. Et ce que je veux vous dire, ce que les Français ont voulu dire, c’est qu’ils voulaient une Europe qui protège davantage, une Europe qui donne des garanties, une Europe qui se protège contre les délocalisations. Et c’est cette Europe là, avec un volet social important, qui n’acceptera plus les compétitions vers le bas, vers les pays à bas salaires, qui aura le courage de redéfinir des politiques communes, qui réinvestira, comme je l’ai dit tout à l’heure, dans la matière grise, dans l’innovation et la recherche, mais qui surtout cessera de faire preuve de naïveté parce que, lorsque l’on voit les États-Unis proclamer l’ultra-libéralisme, en fait ils se protègent et ils savent comment le faire. Et l’Europe devra sortir de cette naïveté, l’Europe devra mettre en place un volet social efficace, l’Europe devra lutter pour que le jeune diplômé puisse rester sur son territoire et déployer tous ses talents. Et ce combat-là aussi, il est devant nous, il est urgent. La France va présider l’Union européenne au 1er juillet 2008, il y a des propositions qui ont été faites par les Partis socialistes européens, et en particulier pour que les pays européens adoptent l’idée d’un salaire minimum, l’idée d’une protection sociale commune, l’idée de l’égalité salariale entre les hommes et les femmes. Et là aussi on en est loin. L’idée d’un système de retraite digne pour tous.

Et c’est vous dire que la France doit jouer puisque, ces valeurs-là, vaille que vaille, nous les avons toujours défendues et nous allons les reconstruire là où la droite les a détruites. Alors, c’est aussi par rapport à ce message universel aussi que nous devons redresser la France parce que nous sommes regardés dans le reste du monde. Le reste du monde regarde ce qui va se passer. Le reste du monde aussi, comme vous, attend un changement, et un changement profond, et en particulier les pays les plus pauvres qui attendent aussi une réduction des écarts entre les pays riches et les pays pauvres, seule façon de mettre fin aux migrations de la misère.

Et nous avons une responsabilité, nous avons imposé à ces pays des modes de développement qui aujourd’hui les ruinent petit à petit, alors que dans les pays chauds, et en particulier les pays africains, ils sont au-dessus d’eux l’énergie solaire, l’énergie gratuite. Et quand on voit le sous-équipement de ces pays, on se dit : mais qu’ont fait les pays industrialisés ? Qu’ont fait les anciennes puissances coloniales après avoir pillé les ressources ? Elles n’ont même pas été capables de donner à ces pays l’occasion de saisir leur chance et leurs atouts par rapport à ce qu’ils avaient. C’est ce combat aussi que nous voudrons conduire.

Et c’est pourquoi ce combat, je vous demande, dans cette dernière ligne droite, de le conduire. C’est à vous qu’il appartient de vous en saisir. C’est vous la France présidente parce que c’est vous qui allez vous mettre en mouvement. Et quand j’entends des interrogations sur l’identité nationale, mais moi je ne me pose pas ses questions. Il était temps, pour toutes les femmes et les hommes de progrès de se réapproprier les symboles fondamentaux.

Il était temps de ne pas laisser à l’extrême droite la Marseillaise, le chant de toutes les libertés, le chant de toutes les résistances aux injustices, ce champ contre toutes les oppressions, repris dans tous les pays du monde et dans tous ceux qui luttent contre les oppressions, ce chant que Louise Michel, qui avait connu, elle aussi, vous le savez, durement la privation des libertés, faisait entonner à ses élèves le matin et le soir et, comme elle l’écrivait, à chaque fois elle ne pouvait pas s’empêcher de pleurer.

Et donc ce chant, c’est bien sûr le chant de notre identité. Mais nous, hommes et femmes de gauche, nous sommes aussi tournés vers les autres et nous ne demandons pas aux Français d’où ils viennent, aux citoyens qui sont sur notre sol, aux étrangers qui nous apportent leur force de travail, on ne leur demande pas d’où ils viennent, mais où ils veulent aller ensemble.

Et c’est ce cela que je vous demande aujourd’hui, c’est de savoir où nous voulons aller ensemble. Et nous voulons aller ensemble vers davantage de justice, nous la voulons cette France plus juste, nous la voulons cette France plus forte, nous la voulons cette France qui reprend confiance en elle.

Alors, c’est à vous de vous en saisir, c’est à vous d’aller vers les autres, c’est à vous de construire cette France présidente. C’est à vous.

Vive la République, vive la France, et c’est à moi de vous écouter !


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