Nuit debout sur la Place de la République à Paris

jeudi 7 avril 2016.
 

Aujourd’hui, 3 avril 2016, les organisateurs appellent sur leur compte Twitter à réinvestir la place de la République à partir de 13h30.

G) Reportage à la Nuit Debout : discours de Ruffin, interviews de citoyens

Suite à la journée de mobilisation contre la loi El Khomri, qui s’est traduite par des grèves et des manifestations partout en France, des citoyens ont décidé de passer la Nuit Debout à la place de la République à Paris. Nous avons pu assister à une projection sur grand écran du film "Merci Patron !" de François Ruffin. Voici un compte-rendu de cette soirée. Un mouvement citoyen est en marche !

Pour visionner cette vidéo, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

https://www.youtube.com/watch?v=YGB...

F) Charlie Chaplin appelle à la nuit Debout ( !)

LE 31 MARS 2016, NUIT DEBOUT : ON NE RENTRE PAS CHEZ NOUS !

Pour visionner cette vidéo courte à ne pas manquer, cliquer ci-dessous :

https://www.youtube.com/watch?v=1Da...

E) #NuitDebout : « Nous étions endormis et nous nous réveillons »

Est-ce l’amorce d’un mouvement qu’ils rêveraient « lame de fond » ou peut-être « déferlante » ? Est-ce l’annonce d’un « sursaut citoyen » qui mettrait dans la rue des Français de toutes conditions avides de protester et débattre, en criant leur défiance abyssale envers leurs élus et envers un système ? Est-ce le prélude d’un processus dit « révolutionnaire » ?

Le mot ne fait pas peur au millier de jeunes gens réunis place de la République dans la nuit. Au contraire, il les exalte, les renforce, les unit. Il marque leur ambition, un horizon bien plus large que la simple abrogation de la fameuse « loi travail » et qui a le mérite de les associer pêle-mêle au printemps arabe, au mouvement « Occupy Wall Street », et aux « indignés » de toute sorte, particulièrement ceux d’Espagne à l’origine de Podemos.

Quelle jubilation quand ils prononcent ce mot ! « Oui oui, insiste un jeune professeur de mathématiques en se frottant les mains pour tenter de se réchauffer : c’est bien un souffle révolutionnaire qui nous porte. Et c’est bien d’une révolution dont nous rêvons, tous aussi différents que nous sommes sur cette place de la République. » Un portique en carton lance le ton : « Que nul n’entre ici s’il n’est révolté ».

La convergence des luttes

Mais la révolution ne s’improvise pas en un jour. Et dans sa volonté de bien faire, d’occuper la place la plus longtemps possible en se montrant à la fois pacifiste, non directif et non sectaire, respectueux des idées de tous, le collectif « Nuit debout » peine à fixer un axe à la discussion ouverte sur un coin de la grande place. Quel foutoir ! Quel charivari ! Les interlocuteurs se succèdent, les sujets s’entrechoquent, illustrant la difficulté de cette « convergence des luttes » voulue par un petit groupe d’intermittents, de syndicalistes, de personnes engagées dans diverses associations.

On s’avance dans la nuit en parlant d’autogestion et « d’activités dissidentes », de préoccupations féministes et de soucis écologistes ; de confiscation de la parole par « des médias capitalistes » et des journalistes « complices du système » ; on condamne « la stigmatisation des femmes voilées et l’islamophobie ambiante » ; on dénonce un Etat policier, des idées « néo-colonialistes » et une classe politique « déconnectée, corrompue et lâche » ; on fustige un gouvernement « qu’il faut à tout prix empêcher de gouverner car il ne limite pas les ressources des plus riches, appauvrit les plus pauvres et n’assure pas du travail à ceux qui n’en ont pas ».

« Renouer avec les cahiers de doléances »

Surtout, on s’accorde à reconnaître « qu’il ne faut pas compter sur les élections pour changer la politique ». Elections pièges à cons. Suffit de regarder la Grèce et la « trahison » de son premier ministre Tsipras qui, sitôt élu ou réélu, a fait le contraire de ce qu’attendait son électorat. « Aucune illusion sur le poids des urnes ! La démocratie a été confisquée par une caste de pourris ! » D’ailleurs, a-t-on vraiment besoin de l’Etat ? Des Etats ?

Tout est à réinventer, clament tour à tour une multitude de jeunes gens. A condition de consulter tout le monde, de ne pas faire peur au peuple, d’aller à sa rencontre, dans les quartiers et à la sortie des métros, « comme les Témoins de Jéhovah ». Au fond, dit un jeune barbu très ému, il faudrait « renouer avec les cahiers de doléances, comme à la Révolution ». L’idée est approuvée, votée à main levée.

Car on vote beaucoup lors de cette assemblée générale. On vote sur le principe de voter puis sur la nécessité de 80 % d’approbation pour qu’une décision passe. On vote sur le temps de parole des intervenants, sur la longueur de l’assemblée, sur le travail des commissions, sur le planning… On vote sur tout, en fait. Et si la sono est défaillante, on répète, on hausse la voix, on se veut exemplaire. Il n’y a pas de leader, malheur à qui voudrait jouer les héros.

« Nous étions endormis et nous nous réveillons »

Vers minuit, l’AG, joyeusement, se disperse. Les cigarettes et la bière circulent. Les CRS se tiennent à distance. Quelle victoire s’ils renonçaient cette nuit à disperser les irréductibles qui jurent vouloir rester sur la place au moins jusqu’à dimanche soir. Par quatre ou cinq, des petits groupes se forment, discutent, s’épaulent. Tiens, en voici un – une étudiante de 21 ans, trois garçons de 23, 24 et 30 ans − qui semble passionné.

« Soulagé » que les discussions s’amorcent. « Tellement heureux » que ça frémisse. « Vous savez quoi ? s’exclame Thibaud Massiani qui travaille dans un magasin d’alimentation bio. Depuis les attentats de novembre, les gens ont dû se terrer, confrontés à l’état d’urgence et à une violence policière effrayante. Depuis des mois on doit supporter des discours belliqueux qui ne nous plaisent pas, car ce sont leurs guerres, et ce sont nos morts, les victimes du 13 novembre. Mais voilà que l’hibernation se termine, qu’on se retrouve enfin dans la rue avec des gens qu’on ne connaît pas mais avec qui on peut parler des sujets essentiels. »

Le terrorisme ? Mais non voyons, quelle idée ! « L’emploi, le logement, la santé, l’éducation, les libertés démocratiques… Le gouvernement a exploité jusqu’à la corde le thème du terrorisme ! Trop pratique pour nous museler et faire oublier le reste ! » Ses compagnons approuvent. La jeunesse, insistent-ils, n’en peut plus de cette chape de plomb, des coups de menton autoritaires et des discours paternalistes qui la déconsidèrent. « Le risque que l’un d’entre nous soit victime du terrorisme est infime, dit Ulysse Elise, étudiant en physique. En revanche, qu’il soit confronté au chômage et à la pauvreté est une certitude. » Ces « 31, 32, 33, 34 mars » se veulent bel et bien le début du sursaut. « Nous étions endormis et nous nous réveillons. »

Annick Cojean Journaliste au Monde

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/artic...

D) Photos de la nuit du samedi 2 au dimanche 3 avril

http://www.liberation.fr/photograph...

C) Deuxième #NuitDebout à Paris

Deux mille Parisiens ont occupé la place de la République vendredi soir pour la deuxième "Nuit Debout", après la mobilisation la veille contre la loi Travail et l’évacuation des manifestants vendredi au petit matin.

Au delà de la contestation contre la loi El Khomri, de nombreux débats sur des sujets de société ont été organisés. "La loi travail a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de notre indignation (...). A la convergence des luttes sociales et écologistes puis de la mobilisation étudiante, notre mobilisation vise d’abord à rassembler et à libérer une parole citoyenne inaudible dans les cadres étriqués de la représentation politique traditionnelle.", expliquait la page Facebook de la "Nuit Debout".

Si les manifestants réclamaient au départ le retrait de la loi El Khomri, de nombreux débats et des discussions sur différents thèmes ont été organisés dès le début de la soirée : 35 heures, état d’urgence, politique étrangère ont fait partie des sujets abordés. Des tentes ont été installées pour accueillir ceux qui comptaient passer une seconde nuit sur la place.

« Comment rassembler ? Comment occuper la place jusqu’à lundi ? On fait quoi après ?... », se demande-t-on ce soir. Puis un Espagnol prend la parole, il dit avoir participé au mouvement des Indignés : « A mon avis, il faut qu’on s’organise. Je propose le modèle qu’on avait suivi à Madrid. » Assentiment général. « J’ai discuté avec nos camarades de Podemos, ils ont commencé encore moins nombreux et étaient rapidement 5 000. Si on occupe toute la place, les autorités ne pourront plus nous déloger, sans être très violents », lance ensuite une femme à l’assistance, qui appelle à organiser des brigades dans le métro pour inciter des gens à participer.

Plusieurs grandes banderoles colorées en tissu apparaissent, représentant deux scènes avec des poissons. « Il y a la situation aujourd’hui avec des petits poissons désorganisés qui se font manger par un gros, mais aussi les petits poissons qui s’organisent pour chasser le gros », explique Corentin Vacheret, 25 ans, au chômage. La veille au soir, avec six autres personnes qu’il a rencontrées, ils ont décidé de fabriquer ces affiches, à partir d’un symbole « qui représente bien ce qu’on voudrait qu’il se réalise à travers ce mouvement, et qui tombait aussi bien pour le 1er avril ».

"On prend les choses en main"

Arthur, étudiant et stagiaire a revendiqué la volonté de "construire ce pour quoi on est d’accord, ensemble". Ce membre du collectif "Convergence des luttes" a souligné l’importance d’unir "les lycées, les salariés, les chômeurs, les réfugiés". "On prend les choses en main", a ajouté le jeune homme alors que "cela fait des années qu’il y a une ambiance moribonde en France". Selon lui, l’idée de la "Nuit Debout" a été reprise dans 22 villes en France.

Ces rassemblements sont la preuve que les gens sont en colère mais on ne sait pas ce que cela peut donner.

Aspaar

Source : http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...

B) Photos

http://tempsreel.nouvelobs.com/gale...

A) « Nuit debout », acte de naissance d’un mouvement inédit (Politis)

Plusieurs milliers de personnes ont lancé une occupation de la place de la République, à Paris, à l’issue de la manifestation contre la loi travail.

Un cercle s’est formé sous une bâche qui prend le vent. Une centaine de personnes détrempées font circuler un mégaphone, qui peine à percer le brouhaha ambiant. « Des tours de parole de 2 minutes et la priorité à ceux qui n’ont pas encore parlé ! », cadre un organisateur.

Dans l’assemblée, ni drapeaux ni mots d’ordre, à l’exception de quelques brassards blancs barrés d’une inscription au marqueur noir, « Nuit debout ». L’auditoire se tient en rangs serrés et utilise une gestuelle empruntée aux « Indignés » espagnols, pour voter ou marquer son approbation sans perturber l’écoute.

À l’ordre du jour, beaucoup de questions : « Comment fait-on pour rester ici ce soir ? Comment gagne-t-on cette bataille ? » Les échanges tournent autour des moyens d’action et des stratégies à mettre en place, pour amplifier le mouvement social né depuis un mois de la contestation contre la loi travail.

« Nous devons aller à la rencontre des gens moins politisés, dans le métro », lance une intervenante. « Il faut faire de nos manifs des moments festifs et animés, pour que les gens ne viennent plus seulement pour dire leur colère », ajoute un autre.

« Après la manif, on ne rentre pas chez nous »

La pluie, qui n’a laissé aucun répit aux manifestants durant l’après-midi, se calme peu après 18 heures et la place se noircit de monde au fil des minutes. Des distributions de nourriture, une infirmerie et des stands s’organisent sous une dizaine de tente et les débats commencent, par grappes, autour d’un mégaphone ou d’une sono.

Un camion-scène hurlant du hard rock déboule du boulevard Voltaire, pendant qu’une fanfare déambule dans la foule en chantant « Merci patron ! », en référence au film de François Ruffin et de l’équipe du journal Fakir. Ces derniers étaient à l’origine d’une assemblée, le 23 février, destinée à réfléchir collectivement à « comment les faire chier » et donner une suite à l’engouement rencontré par le film. Réunion d’où est venu le mot d’ordre « Nuit debout » et cette idée simple : « Après la manif, on ne rentre pas chez nous. »

Le premier bilan est positif. L’ambiance est détendue, plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel et la parole circule dans un climat d’écoute réciproque.

Ce qui nous uni, c’est qu’on en a marre de ce système, lance un jeune homme au milieu d’une petite assemblée. Nous en avons marre des patrons qui nous exploitent, du système bancaire qui nous saigne jusqu’à la moelle et de ce système qui détruit notre environnement.

Un grand brun rasé de frais, qui domine d’une tête l’assemblée, tente un recadrage : « Nous ne devons pas perdre de vue la principale raison de notre présence ici. Pour des raisons stratégiques, nous ne devons pas trop nous éloigner de la loi travail qui a été un déclencheur pour nous tous. »

Il est suivi par un jeune, « chargé de communication » dans le civil, qui souhaite lui aussi parler « stratégie », et avertit de la nécessité « d’avoir une pensée critique sur notre propre communication » :

Il y a un prisme médiatique avec lequel nous sommes obligés de composer, dit-il. Nous devons faire attention à ne pas rebuter certaines personnes avec un folklore trop important.

Sortir du « syndicalisme couché »

La fanfare s’interrompt pour laisser place à la seule intervention de ce début de soirée, depuis la scène installée sous la grande statue de la place de la République.

Un brin gêné, l’économiste et philosophe Frédéric Lordon s’avance. Il tient une feuille jaune d’une main tremblante de froid. A moins que ce ne soit le stress. Il s’excuse presque, avoue avoir hésité à accepter cette charge de porte-parole qui ne l’attire en rien, puis commence un discours incisif, avec le verbe vif qui lui vaut une notoriété grandissante. Il remercie Myriam El Khomri « d’avoir poussé si loin l’ignominie que nous n’avons plus que le choix de sortir de notre sommeil politique ».

Extraits :

Il est possible que l’on soit en train de faire quelque chose. Le pouvoir tolère nos luttes lorsqu’elles sont locales, sectorielles, dispersées et revendicatives. Pas de bol pour lui, aujourd’hui nous changeons les règles du jeu. En donnant au capital des marges de manœuvre sans précédent, cette loi est génératrice de la violence néolibérale qui frappe désormais indistinctement toutes les catégories du salariat et, par là, les pousse à redécouvrir ce qu’elles ont en commun : la condition salariale même. Et ceci par-delà les différences qui les tenaient séparées.

Oui, il y a bien quelque chose de profondément commun entre les Goodyears, les Contis, les cheminots en luttes, Henri, l’ingénieur super qualifié d’un sous-traitant de Renaud qui est licenciable pour avoir un peu trop parlé de « Merci patron ! » sur son lieu de travail, avec Raja, salarié précarisé de la société de nettoyage Onet licencié et renvoyé à la misère pour une faute ridicule, et avec tous les étudiants qui contemplent à travers eux ce qui les attend. Je pourrais allonger cette liste indéfiniment, car la réalité, c’est qu’à l’époque que nous vivons, elle est interminable. (…)

Merci El Khomri, Valls et Hollande, pour nous avoir enfin ouvert les yeux et fait apparaître qu’au point où nous en sommes, il n’y a plus rien à négocier, il n’y a plus rien à revendiquer. Que toutes ces pratiques rituelles et codifiées sont en train de tomber dans un grotesque rédhibitoire. Nous laissons donc un certain syndicalisme couché à ses reptations habituelles. Et pour notre part, nous sommes maintenant bien décidés à emprunter une autre voie. La voie qui révoque les cadres, les rôles et les assignations. La voie du désir politique qui pose et qui affirme.

Source : http://www.politis.fr/articles/2016...

Sitographie :

http://www.convergence-des-luttes.org/


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