Primaires ou Mélenchon, il faut choisir (par Patrice Gravoin, PCF)

dimanche 10 avril 2016.
 

Le PCF à la croisée des chemins.

Primaires ou Mélenchon, il faut choisir par Patrice Gravoin – 75

Source : préparation au congrès du PCF du 2 au 5 juin 2016 . Aubervilliers.

Le texte ci-dessous est un large extrait.. Texte intégral en cliquant sur le lien suivant : http://congres.pcf.fr/83388

Le piège des primaires

C’est là que les primaires « des gauches et des écologistes » sont un piège. Soit tout le monde se met d’accord sur un programme, ce qui est totalement improbable, et ça tournera au pugilat de personnes. Soit il n’y a aucune base commune et le candidat vainqueur imposera sa ligne à tous les autres. Qui peut croire que Hollande, Valls, Macron et compagnie accepteront un accord qui critique leur bilan, ou plus gros encore soutiendront un candidat qui s’oppose à leur politique ? De toute façon, la victoire à la primaire permet de s’affranchir de tout accord politique. On l’a vu avec Hollande en 2012 qui a successivement passé par dessus bord l’accord PS-EELV puis le projet PS lui-même pour n’en faire qu’à sa tête.

Au passage, la primaire renforcerait tout ce que nous dénonçons dans le système politique actuelle : la personnalisation, la présidentialisation, la confiscation du débat par les sondeurs, les communicants et les grands médias. En plus, les rares analyses sur la primaire PS de 2012 ont montré que les primaires ne sont pas des votes « populaires ». Ce sont surtout des votes bourgeois mobilisés : on vote plus dans les centres urbains où il y a plus de bureaux de vote que dans les zones rurales ou ouvrières. Les ouvriers, les employés, les chômeurs votent moins que les professeurs d’université et les cadres etc.

Sans parler de la remise en cause de la souveraineté des communistes sur le choix du candidat du PCF. Dans une telle primaire, y aurait-il un candidat du PCF ? Qui le choisirait ? Et pourquoi accepterions le vainqueur alors que nous n’avons jamais voté pour lui ? Et se retrouvera-t-on ensuite avec un candidat qui a obtenu 6% et qui décide de la ligne politique comme Manuel Valls après 2012 ? La primaire serait le cercueil du PCF et de l’idée d’une voix originale à gauche. Demain, on nous imposera la primaire pour les législatives, y compris pour les sortants communistes. Après-demain, on nous imposera la primaire pour les municipales, y compris dans les mairies PCF. Et petit à petit, notre parti perdra le droit de se présenter au 1er tour des élections, n’étant plus qu’un supplétif du PS. Même Robert Hue et les liquidateurs du PCF n’avait pas osé une telle idée !

Le seul but de cette primaire est d’amnistier Hollande et le PS de leur politique. De montrer que, à la fin des fins, ils sont quand même un peu de gauche. Et obtenir ainsi qu’aucun autre candidat ne remette en cause leur orientation devant les électeurs au 1er tour de la présidentielle. Participer à une telle primaire, ce serait se couper encore plus des milieux populaires et se lier un peu plus au boulet PS. Déjà, dans le cadre de la discussion, notre parti participe à des réunions avec la direction du PS comme le 18 février.

Où veut-on conduire les communistes ? Veut-on leur imposer par une « primaire », de se ranger derrière un candidat PS ? Marx et Engels écrivaient dans Le Manifeste du parti communiste que « Les communistes dédaignent de dissimuler leurs conceptions et leurs desseins ». On ne peut malheureusement pas en dire autant aujourd’hui !

2017 : Plutôt Mélenchon que les primaires !

La direction actuelle a enfermé le PCF dans la discussion dans les primaires avec le PS. Elle a laissé vide l’espace de la construction d’une candidature indépendante, communiste ou non mais héritière du FDG. Elle a refusé de travailler sérieusement à cette hypothèse. Du coup, Jean-Luc Mélenchon, fort de sa légitimité de 2012 et de sondages flatteurs, n’avait plus que le choix d’avancer avec son propre agenda. Avait-il le choix ? Nous sommes désormais coincés par les choix de la direction. Mais nous pouvons encore jouer un rôle central dans l’élection de 2017.

Défendre l’idée d’une candidature alternative au PS en 2017

On ne fera pas reculer la désespérance, la résignation et le FN en se rangeant derrière le PS ou en combinant avec lui. Les élections de 2017 doivent être l’occasion de proposer une alternative au monde du travail, aux quartiers populaires et aux millions de chômeurs et précaires de notre pays.

Cela ne peut se faire que par une candidature distincte du PS au 1er tour de la présidentielle comme nous le faisons aux élections législatives. L’histoire montre d’ailleurs que la présence de plusieurs candidats n’empêche pas de battre la droite et l’extrême droite (1981, 1988, 2012). Ce qui fait perdre la gauche, ce sont les renoncements, les reniements du PS et l’absence de projet fédérateur. L’absence de choix à gauche n’augmentera pas les voix du PS. Elle augmentera seulement le nombre d’abstentionnistes et de dégoûtés. Elle ne préparera pas les combats futurs alors qu’une campagne est l’occasion de développer nos idées, de convaincre, d’entraîner et d’organiser une force comme nous l’avons fait avec le Front de Gauche en 2012. Et elle dévastera notre parti et donc notre camp pour des dizaines d’année, voire pire.

De plus, l’affirmation du PCF pour une candidature alternative au PS est une condition indispensable à l’unité de notre camp. Ce n’est pas suffisant comme on l’a vu en 2007. Mais c’est nécessaire.  

Mélenchon incontournable

De toute façon, il y aura une candidature à gauche de Hollande. Laisserons-nous cet espace occupé par d’autres que nous ? Mélenchon s’est engouffré dans la brèche. Il n’y a qu’Olivier Dartigolles pour avoir été surpris ! Il avait annoncé plusieurs fois « se préparer » ou « être disponible ». La date de sortie de son livre était connue depuis des semaines et même le Journal du dimanche attendait l’annonce pour le 15 février. Il aura juste proposé sa candidature 5 jours plus tôt.

Il l’a fait sur TF1, au 20h, où notre parti n’est jamais invité, preuve de sa force. Force médiatique ? Sans aucun doute mais nous étions bien contents de la trouver en 2012. 2012, c’est de là que vient la force de Mélenchon. Des 4 millions de voix qu’il a recueillis au nom du Front de Gauche. De la Bastille du 18 mars. Des meetings de Toulouse et Marseille. Du programme l’Humain d’abord. Où notre parti a su prendre toute sa place ! C’est sur cette base qu’il a déjà recueilli plus de 44 000 soutiens à sa candidature sur son site jlm2017.fr.

C’est populiste ? C’est une démarche personnelle ? C’est vrai. Mais qu’a fait la direction du parti pour proposer autre chose ? A-t-on proposé aux forces du FDG un calendrier et une méthode pour décider collectivement d’une candidature ? Pourquoi n’a-t-on jamais proposé d’actualiser l’Humain d’abord que Mélenchon reprend sur son site ? Pourquoi s’être lancé tête baissée dans la primaire ? Si Hollande gagne la primaire, ferons nous campagne pour Hollande contre Mélenchon qui fut notre candidat en 2012 ? Ou bien va-t-on attendre encore des mois pour finalement rallier piteusement la candidature Mélenchon, une fois son programme ficelé et en position de faiblesse pour discuter des législatives ?

Déjà, plusieurs leaders syndicaux de la CGT Air France ou Arcelor-Mittal Florange soutiennent sa candidature parce qu’ils pensent qu’il ira au bout et qu’il sera le seul à porter leur voix. Que dirons-nous à ces camarades ?  

Investir la campagne Mélenchon pour faire vivre l’idée communiste

Le train est parti. Nous connaissons assez Mélenchon pour savoir qu’il ne s’arrêtera pas. Monterons-nous dans la locomotive ou serons-nous traînés derrière ? Heureusement que Marie-George Buffet notamment a pris soin de ne pas injurier l’avenir et de tendre la main. 

Il y a urgence à sortir par le haut de cette situation. Mélenchon sait que l’appui du PCF, de ses milliers d’adhérents, de ses élus, donnerait à sa candidature une force bien plus grande. D’ailleurs, il a « proposé » sa candidature.

À nous de faire des propositions pour reprendre la main :

– Sur le slogan : celui de Mélenchon « La France insoumise » permet aux syndicalistes de se sentir à l’aise. Mais à nous de remettre en avant « l’humain d’abord » pour dire aussi ce que nous voulons et pas seulement ce que nous sommes.

– Sur le programme : disons « chiche ! » à l’actualisation de l’humain d’abord, versons nos idées au débat pour l’enrichir, le préciser, le corriger. Portons y les idées communistes, par exemple pour donner de nouveaux droits aux salariés et aux syndicats dans les entreprises, pour protéger et développer les « communs » contre la finance, l’égoïsme et le racisme. Rappelons que notre pays est dévasté par les discriminations.

– Sur l’articulation avec les législatives avec une campagne liant la candidature présidentielle et les 577 candidats aux législatives

– Sur la construction d’une campagne collective avec plusieurs porte-parole, avec plusieurs intervenants dans les meetings comme en 2012   Camarades, il y a urgence si nous voulons construire un autre futur et que le PCF y joue un rôle. Le congrès sera l’occasion d’en débattre. Mais il devra aussi trancher. Nous ne pouvons pas attendre l’automne pour entrer en campagne comme le proposent les partisans de la primaire. Nous devons être prêt à la rentrée, pour faire de la fête de l’Humanité un grand moment de débat et de luttes. Nous ne pouvons traverser cette fête sans avoir choisi entre Cohn-Bendit et Mélenchon, entre Hollande et la France insoumise.

Comme l’écrivaient Marx et Engels, «  Le communisme n’est pour nous ni un état qui doit être créé, ni un idéal sur lequel la réalité devra se régler. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel. Les conditions de ce mouvement résultent des prémisses actuellement existantes.  » 


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