MELENCHON, QUAND MEME ! (JL Gonneau, Gauche républicaine)

lundi 7 mars 2016.
 

On est déjà en plein dedans, le quinquennat fait ses ravages et oblige la classe politique à se concentrer sur l’enjeu électoral à venir : l’élection présidentielle. Et malheur à qui, dans cette classe, ne s’en préoccuperait pas, ou trop tardivement : cette course nécessite une préparation minutieuse qui requiert du temps. Il est des candidats potentiels qui laissent planer le doute, tel le président sortant, ce qui ne les empêche pas de tenter de réunir les conditions d’une candidature. Il en est d’autres qui, dans la mouvance de gauche, notamment, tentent d’élaborer un processus de « primaire », qui permettrait, disent-ils, de définir un programme, allez, commun, et de choisir celle ou celui qui le porterait. D’autres, à droite, se déclarent, ou vont le faire, dans un processus de primaire, où il n’est plus question de « programme commun », mais de savoir qui sera le chef. Et ceux qui se déclarent directement : à droite (extrême), Marine Le Pen, à gauche (raisonnable mais radicale), Jean-Luc Mélenchon.

Comme la Gauche Cactus est, comme son nom l’indique, de gauche, elle ne se mêlera pas de la primaire de droite. Pour le reste, certains d’entre nous sont favorables à la primaire proposée par quelques personnalités et soutenue par Libération. D’autres attendent pour voir. Pour ma part, je pense que nous devons être réalistes : une primaire de toute la gauche est impossible, car on voit mal une partie de la gauche accepter de soutenir un vainqueur qui serait Hollande, ou Valls (ou qui d’autre qui soit « bankable » pour une victoire présidentielle dans le camp des frondeurs ou autres opposants internes du Parti socialiste ?), ni une autre partie de la gauche, celle qui soutient le gouvernement, se rallier à une candidature de la « gauche de gauche » (et qui d’autre que Mélenchon, que cela plaise ou non, et quels que soient les mérites d’éventuelles autres personnalités pour éviter un score étique ?). Voilà pourquoi j’ai choisi le soutien à Mélenchon.

Soutien, oui, inconditionnel, non. Puisque Jean-Luc (voyez, je suis magnanime, je ne lui tiens pas rigueur de s’appeler Jean-Luc, bien que j’aie été Jean-Luc avant lui) se déclare le candidat des insoumis, j’en suis, insoumis, y compris à Jean-Luc Mélenchon. Il a été fait reproche à Mélenchon de n’avoir pas averti ses partenaires du Front de gauche de son initiative, et je concède qu’il eût du y mettre les formes. Il lui est fait reproche d’un fort égo, mais citez-moi un leader politique qui en soit dépourvu (et les plus redoutables sont ceux qui clament qu’ils n’en ont pas, tel l’impayable Sarkozy qui « se dévoue pour la France »). Il se serait isolé par cette déclaration hors le champ des partis (enfin, pas tout à fait, sa garde rapprochée du Parti de gauche est très présente dans l’initiative ; convenons toutefois que le PG n’est pas vraiment un parti de masse). Mais que va-t-il, probablement, se passer : au mieux, les débats engendrés par l’initiative de la primaire de la gauche, qui ont déjà commencé, aboutiront à des propositions, peut-être, comme le souhaite Pierre Laurent, le dirigeant du Parti communiste, à un « socle » commun. Qu’est-ce qui empêchera alors de comparer ces propositions ou ce socle à celles de Mélenchon, dont beaucoup, actualisées, sont dans le prolongement du programme de 2012, alors soutenu pas le PCF et d’autres organisations, et aux éléments qui seront élaborés par les cercles d’appui, déjà quelques centaines, à sa candidature ?

Enfin, nous entendons celles et ceux qui concèdent que Mélenchon, talentueux, est capable de faire un bon score, mais pas d’accéder au second tour de la présidentielle. Réalisme toujours, convenons que c’est loin d’être gagné. Mais cela est vrai aussi bien voire plus encore pour Pierre Laurent, Clémentine Autain, Christian Paul, Hervé Hamon, tous gens fort estimables, voire l’imprévisible Arnaud Montebourg dont les noms sont cités comme alternatives à Hollande, comme cela est vrai pour François Hollande, Manuel Valls, Emmanuel Macron, voire Jean-Yves Le Drian, autres noms cités de l’« autre » gauche. Reste Martine Aubry, mais comme elle ne disait rien…

Et puis quoi, Mélenchon a de la culture, c’est si rare, une éloquence que seule Christiane Taubira est susceptible d’égaler, de l’humour, du vrai, bien au-delà des petites blagues, et du fond dans ses positions. Ce ne sera peut-être pas suffisant, mais c‘est tellement nécessaire.

par Jean-Luc Gonneau


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