« J’irai jusqu’au bout » Valls dans la boue mais droit dans ses bottes

lundi 11 juillet 2016.
 

« J’irai jusqu’au bout. » La phrase de Manuel Valls est un déni de démocratie au profit de la vision patronale et conservatrice du monde, contre celle de la gauche et des syndicats.

À elle seule, sur RTL, la réponse de Manuel Valls à un chef d’entreprise s’inquiétant de savoir s’il résisterait à la pression sociale pour faire aboutir la réforme du marché du travail témoigne de ce qui est en jeu. « J’irai jusqu’au bout. »

Sur le ton d’une mâle assurance, c’est d’une soumission qu’il s’agit, en rupture complète avec toute l’histoire de la gauche elle-même, voire au-delà. Jusqu’à présent, avec des fortunes diverses et des déterminations variables, les socialistes se situaient peu ou prou du côté de la « pression sociale ». La réponse de Manuel Valls est totalement à l’opposé. En parlant en ces termes à ce chef d’entreprise, c’est au patronat et au Medef qu’il s’adresse.

Oui, il entend avec eux et pour eux aller jusqu’au bout contre les syndicats et contre toute cette gauche qui prétend refuser une régression sociale sans précédent. « C’est la première fois dans son histoire, déclare un élu socialiste cité par le Figaro, que la gauche propose d’allonger la durée du travail et de baisser les salaires. » Au point qu’Alain Juppé feint de s’en étonner en assurant qu’on peut comprendre les syndicats puisqu’il s’agit plutôt d’un projet « d’inspiration libérale ».

En fait, Manuel Valls entend bien acter ainsi la coupure qu’il voudrait installer entre « deux gauches irréconciliables ». Le projet politique est clair qui consiste à se séparer de ceux qui n’ont pas renoncé à la transformation sociale pour s’ouvrir au centre et à une partie de la droite. Ainsi, comme il l’a martelé à Mulhouse aux côtés de Myriam El Khomri et Emmanuel Macron, il y aurait ceux qui seraient encore au XIXe siècle tandis que lui et ses ministres « modernes » seraient au XXIe.

Comme si la modernité, c’était d’aller à contre-courant de tout ce qui a été construit et conquis, précisément depuis le XIXe siècle, en matière de progrès social et de place des travailleurs dans la production et dans la nation. La phrase de Manuel Valls est un déni de démocratie au profit de la vision patronale du monde, contre celle de la gauche et des syndicats. Elle a aussi pour effet que, pour la première fois depuis des années, ils se sont réunis tous ensemble pour riposter et que c’est déjà une réponse.

Maurice Ulrich, L’Humanité


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