Policier acquitté à Bobigny : Légitime défense ou permis de tuer ?

samedi 23 janvier 2016.
 

Le 21 avril 2012, Amine BENTOUNSI, braqueur en cavale est mortellement touché d’une balle dans le dos par un policier lancé à ses trousses.

La cour d’assises de Bobigny, composée de 6 juré-e-s tiré-e-s au sort et de 3 juges professionnels a rendu vendredi son verdict : acquittement. Le policier encourrait 20 ans de réclusion criminelle ; le parquet général avait requis 5 ans avec sursis.

Malgré la dignité de la sœur de M. BENTOUNSI, par-delà les réponses indécentes de l’une des collègues de l’accusé, il reste beaucoup de questions sur ce drame lui-même. Plus grave restent les pouvoirs exorbitants qu’une société saisie par la peur est prête à donner aux forces de l’ordre, de moins en moins gardien-ne-s de la paix.

Le représentant du parquet a exhorté la Cour à « rendre une décision qui ne peut pas être interprétée comme un permis de tuer ». Il n’a pas été entendu. Au même moment le gouvernement a annoncé une batterie de mesures qui font frémir : constitutionalisation de l’état d’urgence, pouvoirs exorbitants donnés à la police via le préfet sans contrôle des juges, et surtout assouplissement du cadre légal de la légitime défense pour les policiers.

Le parquet peut encore faire appel de la décision de Bobigny. S’il ne le fait pas, le risque est que ce soit perçu comme un signal politique de plus signifiant aux policiers que tout leur est permis, en toute impunité.

Espérons que dans cette période trouble d’état d’exception, le « permis de tuer » pour les policiers ne remplacera pas insidieusement la peine de mort, dont l’abolition fut l’un des premiers marqueurs de la victoire de la Gauche en 1981.


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