Espagne : Effondrement des conservateurs, énorme poussée de Podemos

samedi 19 décembre 2015.
 

E) "L’Espagne ne sera plus jamais la même" (Pablo Iglesias, Podemos)

D’après les premières estimations :

- le Parti Populaire, majoritaire seul à l’Assemblée et seul maître du pouvoir depuis quatre ans s’effondrerait de 45% en 2011 à environ 28,5% en 2015. En sièges, il tomberait de 186 à 122 députés

- le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, souvent au gouvernement ces 25 dernières années avec Felipe Gonzales et José Luis Rodríguez Zapatero, était sorti des législatives de 2011 avec 110 députés. Il en garderait 91 pour environ 22,19% des voix

- Podemos, qui n’existait pas en 2011, fait une entrée en force dans les élections législatives avec 21% des voix et 69 sièges. La colère des centaines de milliers de manifestants « indignés » a donc trouvé une expression politique : le parti anti-austérité Podemos, fondé en 2014. "Aujourd’hui est un jour historique pour l’Espagne [...]. Nous entamons une nouvelle ère politique dans notre pays", a déclaré le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias, devant ses partisans. "L’Espagne ne sera plus jamais la même", a ajouté le jeune chef de file.

- le parti libéral Ciudadanos, vanté par les médias jusqu’à la dernière minute comme en pleine progression, donné avec 20% au-dessus de Podemos, n’obtient que 15,2% et environ 40 sièges.

A ce stade, il est hautement probable que le Parti Populaire ne puisse rester à la tête du gouvernement. Il devrait lui manquer au moins une cinquantaine de sièges. Une coalition du Parti Populaire et du PSOE me paraît très improbable.

A l’inverse, les Socialistes (PSOE), le parti de la gauche anti-austérité Podemos, Izquierda Unida et deux autres formations régionales obtiendraient ensemble 180 sièges, soit quatre sièges de plus que les 176 nécessaires. ; mais que va faire le PSOE ?

- Que va devenir également Izquierda Unida (sorte de Front de Gauche espagnol maneouvré par le PCE) qui chute lourdement, de 11 députés à seulement 2, semble-t-il.

- Les partis catalans, basques... disposaient de 27 députés durant la dernière législature. Il vont conserver à peu près ce résultat. Plutôt ancrés à gauche, participeraient-ils à une majorité de gauche et à quelles conditions ?

Le succès de Podemos après les législatives portugaise et grecque de cette année 2015 prouve que la vraie gauche n’est pas morte en Europe à condition de créer un front unitaire suffisamment clair pour apparaître crédible électoralement.

Jacques Serieys

D) Après les élections en Etat espagnol : « la brèche ouverte par le mouvement 15M de 2011 est consolidée » (par Anticapitalistas, membres de Podemos)

Aujourd’hui, 20 décembre, la brèche ouverte par le mouvement 15M de 2011 est consolidée. Il faut éviter que ces résultats ne conduisent à une répétition de la « transition » des années 70-80, pour aller vers une rupture démocratique sans précédent.

Nous, celles et ceux d’en bas, savons bien ce que valent leurs « majorités absolues » et leur « stabilité » : l’exploitation, la misère, la corruption, la violence sexiste, l’austérité, les expulsions de logements... Alors là où certains voient de l’instabilité, nous voyons une occasion de changer les bases d’un régime qui prend l’eau.

Pour nous, Anticapitalistas, il ne s’agit pas simplement de changer la répartition des sièges : ce nouveau paysage politique n’est qu’un point de départ pour remettre en cause les structures économiques et celles du pouvoir, pour continuer de construire une majorité sociale pour une révolution démocratique et un partage des richesses que nous produisons en commun.

La sortie de la crise de régime et de son instabilité passe par des processus constituants et une mobilisation auto-organisée par en bas, sur les places, les lieux de travail, etc.

Allons-y, continuons, nous voulons tout... i si se puede !

Anticapitalistas le 20 décembre 2015

C) Elections législatives dans l’Etat espagnol : aucun parti ne pourra gouverner seul (Le Monde)

Le Parti populaire (PP) du chef de gouvernement conservateur sortant, Mariano Rajoy, a perdu dimanche 20 décembre sa majorité absolue au parlement à l’issue des élections générales, marquées par une forte poussée des nouveaux partis Podemos et Ciudadanos.

Des résultats partiels portant sur près de 90 % des bulletins dépouillés prédisent au PP 28,3 % des voix et 122 sièges, loin de la majorité absolue (176 sièges) dont il disposait jusqu’alors (186 sièges).

Le bloc de gauche en tête

La deuxième place est sauvée de justesse par les socialistes du PSOE, qui obtiendraient 22,5 % des suffrages et 93 députés (contre 110 actuellement). Le nouveau parti de gauche radicale Podemos, créé il y a moins de deux ans, les talonne avec 20,5 % des voix, mais seulement 69 députés à cause de règles électorales favorisant le PSOE. Les anciens communistes d’Izquierda Unida n’obtiendraient que 2 sièges.

Au pied du podium, Ciudadanos (centre-droit), l’autre nouvelle formation issue de la société civile, obtiendrait 13,7 % des voix et 39 sièges dans la nouvelle assemblée. Même en cas d’alliance avec ce mouvement, le Parti populaire ne pourrait donc pas former de gouvernement majoritaire.

Ces résultats bouleversent profondément l’équilibre politique espagnol, dominé depuis 1982 par le bipartisme PP/PSOE. Malgré la légère avance de la gauche, aucune coalition ne semble se dessiner de manière évidente.

La pire défaite de l’histoire du PSOE

Podemos et Ciudadanos ont émergé à la faveur d’une crise sans précédent, qui a secoué non seulement l’économie mais aussi les institutions, ternies par la corruption touchant l’ensemble de l’establishment : partis traditionnels, grandes entreprises, syndicats, et même une fille du roi Juan Carlos. Les deux partis exigeaient une « régénération démocratique » et davantage de transparence de la vie politique pour en finir avec la corruption.

Lors du précédent scrutin, en 2011, Mariano Rajoy, déjà deux fois candidat, avait récolté 45 % des suffrages et une confortable majorité de 186 sièges sur 350 au Parlement. Le vote de 2015 s’annonçait plus difficile pour le chef du gouvernement, principal artisan d’une cure d’austérité sans précédent, assortie d’une réforme du code du travail limitant les droits des salariés et le chômage, touchant encore un actif sur cinq.

Le PSOE, qui avait déjà subi en 2011 la pire défaite électorale de son histoire sous la houlette d’Alfredo Perez Rubalcaba (28,7 % des voix, 110 sièges), plonge après ce scrutin dans une crise encore plus profonde. Talonnée par Podemos en nombre de voix, la formation emmenée par Pedro Sanchez, 43 ans, ne devra sa deuxième place en nombre de sièges au Parlement qu’à la complexité de la loi électorale, qui donne davantage de poids aux régions rurales et aux petites provinces où il est mieux représenté.

Le Monde.fr

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B) Divisées, les deux Espagne se tiennent au coude-à-coude

Ce dimanche 20 décembre, les électeurs espagnols pourraient bien enterrer tout le paysage politique de ces trente dernières années. À droite comme à gauche, l’émergence de nouveaux partis comme Podemos et Ciudadanos sonne le glas du bipartisme.

Madrid (Espagne), envoyée spéciale. Les lieux sont trop exigus face à l’afflux de sympathisants et de curieux. Le Théâtre La Latina, au cœur de Madrid, était plein comme un œuf, mardi soir, pour le meeting d’Alberto Garzon, le candidat de l’Unité populaire-Izquierda Unida (UP-IU, gauche unie) aux élections générales du 20 décembre. Cet économiste communiste de trente ans, désigné au terme de primaires ouvertes comme les autres aspirants des listes UP-IU, fait salle comble, en dépit de sondages défavorables qui octroient à la coalition entre un et trois députés, soit moins de 5 % des votes. «  La gauche gêne parce qu’elle dit la vérité  », rappelle-t-il, en ne cachant ni son drapeau ni les sujets qui divisent comme la nature du régime, monarchie ou IIIe République. Il plaide pour récupérer «  l’essence de la politique contre la politique spectacle  ». Alberto Garzon ne cesse de parler de la «  réalité sociale  », à savoir ces millions de familles espagnoles laminées par la crise économique mais surtout les politiques d’austérité menées depuis 2011 par le gouvernement du Parti populaire (PP-droite conservatrice) de Mariano Rajoy et auparavant par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Mardi soir donc, ils étaient près de 1 000 à écouter l’un des deux candidats les plus appréciés par les Espagnols avec Albert Rivera, le chef de file de Ciudadanos (C’s, droite), selon les enquêtes d’opinion. Ils étaient autant dehors, faute de place. Alors, à la manière des Indignés qui, en 2011, avaient envahi les places publiques pour dénoncer «  l’arnaque de la crise  » et le bipartisme institutionnalisé depuis le retour de la démocratie, Alberto Garzon a tenu un rassemblement dans la rue. «  Même s’ils nous excluent des débats, ils ne peuvent pas nous interdire la rue  », a-t-il harangué, en référence au débat télévisé réunissant les quatre principales formations – PP, PSOE, Podemos et C’s – et dont il a été exclu. «  Le vote le plus utile et déterminant c’est celui qui se fait en accord avec les principes et les valeurs  », a-t-il insisté.

Le message s’adressait aussi bien aux indécis, et ils sont plus d’un million d’électeurs, qu’à la partie de l’électorat tentée par le vote Podemos. La jeune formation de Pablo Iglesias, fondée il y a moins de deux ans, confirmerait son ascension avec près de 19 % des intentions de vote, devenant ainsi la troisième force po litique au plan national avec une fourchette de 55 à 64 députés, toujours selon le dernier sondage Metroscopia pour El Pais publié lundi. «  Nous sentons que nous remontons. Nos meetings suscitent beaucoup d’intérêt de la part de personnes qui ne sont pas forcément membres de Podemos  », déclare Ana Castano, psychiatre et psychanalyste de profession et candidate au Congrès des députés, les Cortes. Ils étaient en effet plus de 11 000 à s’être déplacés dimanche aux abords de la capitale pour écouter son leader ainsi que la maire de Barcelone, Ada Colau, venue le soutenir, à la différence de l’édile de Madrid, Manuela Carmona, qui n’a pris parti pour aucune formation par respect pour la coalition municipale qu’elle dirige, où cohabitent Podemos, des indépendants, des écologistes d’Equo et des membres d’Izquierda Unida.

Une société à la recherche d’une véritable rupture

Les moteurs de cette météorite politique sont connus. Le discours simple, et le renouveau qu’incarne forcément cette formation, a trouvé un écho dans une société garrottée par la droite et les socialistes, qui, sur le plan social et économique, ne se sont jamais vraiment démarqués des libéraux. Une société à la recherche également d’une rupture car dévastée par la crise et les réformes contre-productives de la droite. Le pays compte 5 millions de chômeurs, des centaines de milliers d’Espagnols contraints à l’exil et autant de familles expulsées de leur logement… Pour capter un large spectre de voix, le parti d’Iglesias n’a pas hésité à montrer sa complaisance en déclarant la fidélité de l’Espagne à l’Otan, ou encore en s’entretenant avec le patron des patrons, Rosell, qui depuis déclare ne pas être inquiet de l’issue du scrutin du 20 décembre.

Alors que le bipartisme vit ses dernières heures, d’aucuns regrettent l’impossible rassemblement à la gauche du PSOE. D’autant plus que l’unité s’est avérée payante lors des élections municipales avec les victoires remportées à Madrid, Barcelone, El Ferrol, Saint-Jacques-de-Compostelle… L’expérience de listes plurielles où cohabitent Podemos, Equo, les variantes régionales d’Izquierda Unida, des nationalistes de gauche et des indépendants est d’ailleurs reconduite en Galice avec «  En Marea  » et en Catalogne avec «  En Comu, podem  ». Ces dernières pourraient respectivement remporter 7 et 9 sièges et former ainsi leur propre groupe parlementaire, contrairement à ce qu’affirment les sondages, qui comptabilisent leur éventuel score dans l’escarcelle de Podemos. La guerre des ego, ou encore la volonté d’absorber les principaux cadres d’IU, a eu raison de l’unité à l’échelle nationale, les dirigeants de Podemos n’ayant d’ailleurs jamais caché que «  la formation avait été fondée pour remporter les élections générales  », comme le rappelle Ana Castano.

Dans ce paysage de profondes mutations politiques, le Parti socialiste est à la peine. Certes, la formation est créditée de 21 % des intentions de vote et pourrait totaliser une moyenne de 90 parlementaires. Mais ce score serait en deçà de ses 
résultats de 2011 avec ses 
100 députés. Son chef de file, Pedro Sanchez, lui aussi multiplie les appels au vote utile pour contrer les conservateurs, mais le message ne prend pas. Là encore, c’est un phénomène nouveau pour ce parti phare de l’opposition ces quatre dernières années. Il s’explique d’abord par la «  droitisation  » du PSOE, responsable aux yeux d’une majorité d’Espagnols de la fuite en avant néolibérale que connaît le pays depuis la fin des années 1990, lorsque le socialiste Felipe Gonzalez présidait le gouvernement. Dans une moindre mesure par rapport au Parti populaire, la formation est également éclaboussée par des scandales de corruption qui pèsent pour beaucoup dans les changements électoraux à l’œuvre.

Au terme de quatre années marquées au fer de l’austérité, d’affaires crapuleuses et de criminalisation des mouvements sociaux qui ont opposé une résistance de taille aux réformes antisociales, les conservateurs continuent de tirer leur épingle du jeu. Avec 25 % des intentions de vote, soit environ 110 députés, les «  populaires  » seraient certes sanctionnés avec sévérité dans les urnes puisqu’ils perdraient la majorité absolue (176 sièges), et près de 17 % de leur électorat. Mais en dépit de cette dégringolade annoncée, la formation de Mariano Rajoy, candidat à sa succession, resterait la principale force du pays. Tout aussi inquiétante est la montée en puissance de Ciudadanos, d’Albert Rivera. Ce jeune parti droitier, dans la lignée des «  Républicains  » en France, qui, il y a encore un an de cela, ne se présentait qu’en Catalogne, se voit catapulter à la quatrième place des intentions de vote avec ses possibles 18 % de voix. «  Il ne faut pas perdre de vue que nous venons d’un pays qui a connu 36 années de dictature franquiste, rappelle Eva Abril, candidate indépendante au Sénat sur les listes UP-IU. Les électeurs de la droite et de l’extrême droite sont âgés et leur vote est très fidèle, surtout dans les zones rurales. Les deux Espagne de la guerre civile se voient ici reproduites entre une Espagne de droite et réactionnaire et les autres, toujours divisés.  »

Cathy Ceïbe, L’Humanité

A) Lola Sánchez (Podemos) : "Nous sommes sur la rampe de lancement"

Députée européenne de Podemos, Lola Sánchez est reconnue pour son travail inlassable de dénonciation des dangers des traités commerciaux internationaux, en particulier du TTIP/TAFTA. Lors de l’Assemblée citoyenne, le congrès de fondation de Podemos, elle s’est positionnée en faveur de Sumando Podemos, présenté comme le courant critique du nouveau parti. A trois jours des élections législatives espagnoles - qui détermineront la composition du parlement et du gouvernement - elle nous livre ses attentes, ses espoirs et les enjeux de l’élection.

Ensemble - Les élections législatives auront lieu le 20 décembre dans l’Etat espagnol. Il y a quelques mois les sondages situaient Podemos comme la première ou la seconde force politique. Après une baisse continue dans les sondages, on note une remontée significative ces deux dernières semaines. Quelles sont tes expectatives pour ces élections ?

Lola Sánchez - Si les sondages reflétaient la réalité, je ne serais pas députée européenne aujourd’hui. Il est clair que le système se défend avec toutes les armes qu’il détient et la plus puissante c’est celle des moyens de communication. L’utilisation politique des sondages est une veille combine, même si je comprends que la période actuelle n’est pas la même que celle des européennes. Je ne crois pas que ces sondages ont été trop manipulé mais il est évident qu’eils ne sont pas fiables.

Je crois profondément que les sondages ne peuvent pas montrer la "marée" que représente Podemos autant pour la politique espagnole qu’européenne. Lors des précédentes élections, Podemos n’était pas représenté et ça c’est une donnée essentielle à l’heure de faire des pronostics électoraux.

Pour cette raison je me fis plus de mon instinct mais aussi des personnes moins politisées que ressentent et qui montre que quelque chose est en train de se passer ; que beaucoup de choses ont déjà changé et que pour certaines il n’y a pas de retour en arrière possible. Je dois dire que ça m’émeut et ça me donne beaucoup d’espoir quand certaines personnes m’avouent qu’elles vont voter Podemos, qu’elles soient militaire, entrepreneur millionnaire ou lobbyiste dans les couloirs de Bruxelles. Nous sommes sur la rampe de lancement et nous allons obtenir un résultat bien meilleur que ce que nous prédisent les sondages. C’est ce qui s’est déjà passé à chaque élection depuis que nous existons.

Ensemble - Dans son discours, Podemos insiste sur le fait que lors de ces élections, c’est "la décennie qui est en jeu", soulignant ainsi le potentiel profond changement du système politique espagnol. Comment situerais-tu ces élections dans une perspective historique plus large ?

Lola - Nous sommes dans un moment clé de l’histoire démocratique espagnole, nous sommes en train de vivre une révolution démocratique, un point d’inflexion ou les partis traditionnels, leurs discours ou leur manière de s’exprimer on vieillit d’un coup. En une année seulement, beaucoup, beaucoup de personnes courageuses ont commencé à faire de la politique, que ce soit dans les cercles (les structures de bases de Podemos) ou comme élus ; des personnes qui n’avaient jamais pensé rentrer en politique et encore moins de se présenter à des élections parce qu’ils voyaient la sphère politique comme un espace réservé aux élites, sombre et moche.

Qu’autant de personnes dans notre pays aient fait ce pas montre bien qu’il y a eu tout un processus d’évolutions des consciences, des perceptions et des volontés ; et qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. Nous n’allons pas céder cet espace conquis par les gens, au nom de la majorité et pour le bien de la majorité. C’est cela l’élément marquant et le produit du 15M (le mouvement des indignés) qui a ouvert la fissure par laquelle toutes ces personnes courageuses sont arrivées dans les institutions, les espaces de débat et les décisions publiques.

Ensemble - Durant la campagne, il a été critiqué un certain "recentrage" du discours de Podemos. Toi qui a été élue lors de la première élection à laquelle s’est présenté Podemos, comment vois-tu cette évolution du discours ?

Lola - Il est vrai qu’il y a eu un certain relâchement par rapport à nos postures initiales. Je regrette que l’on n’utilise plus autant le discours totalement rupturiste et courageux, celui des gens de la rue, qui appelait les choses par leurs noms. De plus je pense que nous ne devrions pas rechercher le vote de n’importe qui. Si nous voulons mettre en place des politiques nouvelles, prendre des mesures sociales et économiques pionnières, nous devons compter sur l’appui réel de nos électeurs et le soutien sans failles de gens. Je reconnais que je ne veux pas les votes de ceux qui ont une idéologie ou des intérêts, qui une fois arrivé au pouvoir, font qu’ils arrêtent de nous soutenir. Nous avons des lignes rouges inamovibles, comme la défense des biens publics, de la démocratie participative ou des droits de l’homme comme valeur suprême et contraignante.

Ensemble - Comment vois-tu "l’après élections législatives" en terme de relation avec les autres forces politiques proches de Podemos et d’organisation interne du parti ?

Lola - L’organisation interne du parti a montré qu’elles avaient des failles, comme c’est le cas dans n’importe quelle organisation humaine mais aussi parce que nous nous sommes créés récemment et que nous sommes très exigeants. Sur certains aspects nous devons être très radicales, c’est à dire totalement intolérants avec certains comportements, dynamiques, styles et résultats. S’il faut nous réorganiser mille fois, nous le ferons mais nous ne devons jamais tombés dans ce trou noir qu’est la politique traditionnelle. Comme je le disais, en 2016, au niveau interne, nous devons nous asseoir, dialoguer et inventer.

La relation avec les autres formations politiques dépendra beaucoup du résultat de celles-ci. Si Podemos obtient un bon résultat et entre avec forces au Congrès, nous serons en position de diriger un front large des forces progressistes de tout l’État qui pourra mettre en place (ou dans le pire des cas influencer significativement) un agenda de politique sociales et économiques alternatives.

Propos recueillis et traduits par Pierre Marion le 17 décembre 2015.


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