Alors que de nombreux éléments accablent le gouvernement Turc pour ses liens avec Daesh, l’UE relance le processus d’adhésion de la Turquie

mardi 15 décembre 2015.
 

Pétrole

Avec un revenu généré estimé à 2Mds de dollars annuels, la vente de pétrole est sans aucun doute la ressource financière qui permet à Daesh de perdurer et de se renforcer. Il est désormais établi que la Turquie, ferme les yeux sur un trafic pétrolier transitant par la frontière syro-turque, au moment même où l’Union européenne relance la négociation du processus d’adhésion de la Turquie et lui apporte une aide de 3Mds d’Euros en "échange" de sa gestion des réfugiés syriens…

Cette situation est véritablement scandaleuse

De plus, cette réouverture des négociations à lieu alors même que le gouvernement Erdogan accentue son autoritarisme envers les Kurdes en emprisonnant les journalistes dénonçant les liens entre Daesh et la Turquie et en faisant pression sur la presse d’opposition.

Des manœuvres diplomatiques françaises ambigües et dangereuses

C‘est pourtant par ce même traité que la France a appelé récemment les Etats-membres de l’UE à la solidarité face à l’attaque du 13 Novembre 2015 (article 42.7), prenant ainsi soin de ne pas invoquer l’article 5 du Traité Atlantique Nord (OTAN) dont la Turquie est un Etat-parti. Manuel Valls et François Hollande choisissent ainsi sciemment de ne pas impliquer la Turquie dans la lutte contre Daesh et pire tendent la main à un pays en alliance étroite avec les états sunnites de la région, dont le Qatar et l’Arabie Saoudite, également alliés des Etats Unis et soutiens puissants des islamistes de Daesh.

Le double-jeu du gouvernement français, qui affiche aujourd’hui des concessions majeures bienvenues à la Russie envers la question syrienne, doit cesser. Rien ne doit être cédé à la Turquie de M. Erdogan, qui joue aujourd’hui clairement dans le camp de Daesh en lui fournissant en armes, en fermant les yeux sur le trafic de pétrole et en bombardant les positions kurdes.

Le Parti de Gauche demande au Chefs de l’Etat et du gouvernement français de prendre leurs responsabilités et de dénoncer clairement les agissements turcs et de défendre cette position au sien des institutions Européennes.

Frédéric MB, commission internationale, co-responsable secteur Europe

Source : https://www.lepartidegauche.fr/comm...

A) Chèque en blanc de l’Union Européenne à Erdogan pour liquider Kurdes et opposants

Dimanche après-midi, à Bruxelles, à l’issue de la réunion avec les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, Ahmet Davutoglu, le premier ministre islamo-conservateur turc, avait de quoi pavoiser. Alors que, dans la coalition contre Daech, son rôle est pour le moins ambigu et qu’au plan intérieur il ne se passe pas un jour sans que les droits de l’homme ou les libertés politiques ne soient attaqués, le régime de Recep Tayyip Erdogan réussit son retour en force devant l’Union européenne sur fond de «  lutte contre le terrorisme  » et de crise des migrants, et tous les dirigeants européens, obnubilés par l’externalisation des frontières, ferment les yeux. «  C’est un jour historique pour notre processus d’adhésion à l’UE. Je suis heureux de voir que tous mes collègues en Europe sont d’accord sur le fait que la Turquie et l’UE ont le même destin.  »

Les journalistes demandent la libération de leurs confrères

Selon la déclaration conjointe, publiée à la fin du sommet, le processus d’adhésion, ouvert en 2005, mais quasiment au point mort depuis lors, devra «  être relancé  ». En langage diplomatique, il a été décidé qu’«  un dialogue à haut niveau structuré et plus fréquent est essentiel pour explorer le vaste potentiel des relations UE-Turquie, qui n’a pas encore été pleinement exploité  ». Concrètement, dès le 14 décembre, les deux parties vont ouvrir le chapitre consacré aux politiques économiques et monétaires, chapitre 17, sur un total de 35 dans la procédure d’adhésion à l’UE. Les Turcs obtiennent également la promesse d’une accélération des négociations en cours sur la libéralisation des visas pour leurs ressortissants dans tous les États membres de l’UE  ; la suppression des obligations en matière de visas pour les citoyens turcs dans l’espace Schengen pourrait intervenir dès octobre 2016.

Justice et droits fondamentaux, liberté et sécurité, relations extérieures, énergie, éducation et culture… Selon le communiqué final, les « travaux préparatoires » préalables à l’ouverture d’autres chapitres en vue de l’adhésion, conduits par la Commission européenne, ont d’ores et déjà été programmés au premier trimestre 2016. Le texte assortit cet élément d’une précaution – « sans qu’il soit préjugé de la position des États membres » – car les réticences de la Grèce et de Chypre, en particulier, demeurent très fortes. Par un tweet, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a appelé les dirigeants turcs à « parler honnêtement pour trouver des solutions » visant à la fin de l’occupation du nord de Chypre, des incidents avec l’aviation turque en mer Égée, et à un engagement dans la guerre en Syrie.

La plupart des autres dirigeants européens font mine de rien. François Hollande minimise la portée des engagements  : selon le président français, « le processus d’adhésion est engagé depuis des années et il n’y a pas de raison ni de l’accélérer, ni de le ralentir ». Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker essaie de désamorcer les critiques  : ce sommet « ne nous amènera pas à oublier les divergences qui subsistent encore avec la Turquie sur les droits de l’homme ou la liberté de la presse ». « Nous y reviendrons », promet-il. Il y a de quoi, sans aucun doute, car dans les « critères de Copenhague » auxquels sont soumis les candidats à l’UE figure au premier rang « la présence d’institutions stables garantissant la démocratie, l’État de droit, les droits de l’homme, le respect des minorités et leur protection ».

Mais tout le monde ne détourne pas le regard devant les toutes dernières nouvelles de Turquie. Après l’assassinat, samedi, de Tahir Elçi, avocat kurde et bâtonnier de Diyarbakir, les deux journalistes du quotidien d’opposition Cumhuriyet, arrêtés et emprisonnés pour avoir raconté les livraisons d’armes des services secrets turcs aux rebelles islamistes syriens, ont fait appel, hier, de leur incarcération qui, selon leurs avocats, « viole le droit, la Constitution, la convention européenne des droits de l’homme et la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme ». Dans un courrier à l’ambassadeur de Turquie en France, après avoir exigé la libération immédiate de leurs confrères, les syndicats de journalistes (SNJ, SNJ-CGT et CFDT) demandent à l’Union européenne de ne pas procéder au versement de l’aide financière accordée dimanche à Bruxelles  : une mesure, précisent-ils, qui n’est «  pas à l’encontre des migrants  », mais destinée à «  peser sur la question de la liberté de la presse en Turquie  ».

Thomas Lemahieu, L’Humanité


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