Comment tout peut s’effondrer (ouvrage en librairie)

mardi 17 novembre 2015.
 

L’année 2014 a été la plus chaude jamais enregistrée et les émissions mondiales de CO2 n’ont cessé d’augmenter. Pour limiter à 2 °C l’augmentation de la température moyenne de la Terre à la fin du siècle, il faudrait que, dès 2020, dans quatre ans, les émissions décroissent rapidement.

Effondrement

En effet, on sait qu’au-dessus de 2 °C de réchauffement moyen, les impacts sur notre environnement et sur les activités humaines seront catastrophiques  : les catastrophes climatiques seront plus fréquentes et plus intenses, le niveau de la mer augmentera de telle façon que des territoires seront ensevelis, le rendement agricole baissera alors même que la population augmentera.

C’est peu de dire que les engagements pris par les États, en l’état actuel de l’avancement de la conférence de Paris, ne sont pas rassurants. Rester en dessous des 2 °C est certes toujours concevable, mais certainement pas le plus probable. Alors peut-être faut-il envisager l’«  effondrement  », comme le font Pablo Servigne et Raphaël Stevens, auteurs de Comment tout peut s’effondrer, ce qu’ils définissent comme un «  processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie) ne sont plus fournis à un coût raisonnable à une majorité de la population par des services encadrés par la loi  ».

Il ne s’agit pas d’un livre pessimiste, plutôt un ouvrage qui fait en sorte de prendre acte de la situation, plutôt que d’être dans le déni et de se bercer d’illusions. L’effondrement n’est pas la fin du monde, ne serait-ce que parce que ce processus irréversible durera sans doute longtemps.

L’idée est que les stratégies préventives n’ayant pas été mises en œuvre quand cela aurait été nécessaire pour éviter la catastrophe, il faut réfléchir et s’organiser pour que les conséquences soient les moins lourdes possibles, pour que le désespoir et la lutte sauvage de tous contre tous ne prennent pas le dessus. Ils ne se demandent donc pas comment éviter l’effondrement, mais comment le traverser le plus humainement possible.

Il s’agit de renoncer à l’avenir tel que nous nous l’étions imaginé, de renoncer à des rêves que nous avions depuis longtemps pour nous, nos proches. Il s’agit de faire le deuil de ce dont nous serons privés en raison de ces catastrophes qui sont déjà en train d’avoir lieu.

C’est violent, mais peut-être est-ce la condition pour ouvrir d’autres horizons, qui peuvent être heureux.

C’est peu de dire que les engagements pris avant 
la conférence 
de Paris par 
les États ne sont pas rassurants.

Barbara ROMAGNAN

Chronique publiée dans l’Humanité le 26 octobre 2015


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