Sans la nommer, le gouvernement réalise la trahison permanente

dimanche 25 octobre 2015.
 

Loin des promesses de François Hollande au Bourget en 2012 prétendant s’attaquer à la finance, ce sont au contraire les salariés qui paient les conséquences de mesures austéritaires et d’un dialogue social qui prend de plus en plus l’allure d’un monologue.

En 2012, les salariés attendaient un signe du nouveau président socialiste qui venait de mettre fin à l’interminable quinquennat sarkozyste. Et même si beaucoup ne se faisaient pas d’illusions, ils s’attendaient à tout le moins à ce que les travailleurs dont l’action syndicale avait été criminalisée sous la droite, soient amnistiés. Las, quelques mois après l’élection de François Hollande, des centaines de personnes manifestaient à Lyon pour réclamer «  la relaxe immédiate  » des cinq syndicalistes qui avaient tagué des slogans sur les murs d’enceinte de la sous-préfecture de Roanne (Loire), lors du mouvement contre la réforme des retraites, en septembre 2010.

Déjà, le Front de gauche et la CGT rappelaient la promesse non tenue du candidat François Hollande de promulguer une loi d’amnistie pour les syndicalistes. Dans le même temps, le gouvernement répondait favorablement aux récriminations des «  pigeons  », ces créateurs de start-up qui, à coups de tweets excités, avaient rapidement obtenu le retrait du dispositif de taxation des plus-values. Peu après, en 2013, Lionel Burriello, secrétaire CGT sur le site d’ArcelorMittal à Florange (Moselle), envoyait à l’Humanité cette lettre d’un ouvrier de 45 ans, père d’une petite fille, et qui avait mis fin à ses jours à la suite de l’annonce de la perte de son emploi  : «  Je me bats depuis trente et un ans pour avoir un petit quelque chose, et voilà, je vais perdre mon emploi, et combien de familles vont le perdre, Monsieur Mittal  ? Cher gouvernement, allez-vous enfin sauver les milliers d’emplois des familles qui en valent la peine  ?  » Une loi devait alors obliger les patrons souhaitant se débarrasser d’un site de production à rechercher un repreneur. Beaucoup avaient déjà relevé la nuance, de taille, entre «  rechercher  » et «  trouver  ».

Toujours est-il que cette loi, dénommée Florange, que les parlementaires communistes avaient qualifiée d’«  expression même de l’impuissance publique et du renoncement politique dans lesquels la France est plongée  » en s’abstenant de la voter, a été vidée de sa maigre substance par le Conseil constitutionnel de l’époque. Et les hauts-fourneaux de Florange s’éteignirent. Par contre, l’Accord national interprofessionnel (ANI) permettant au patronat de licencier encore plus facilement a bien été voté en l’état dès avril 2013, suivi de la réforme des retraites en octobre de la même année, repoussant la durée de cotisation à 43 ans. De trahisons en renoncements, la loi du ministre de l’Économie et des Finances Emmanuel Macron, débauché de chez Rothschild pour intégrer le gouvernement de Manuel Valls, continua d’appuyer sur la tête des travailleurs en s’imposant par l’article 49-3. Travail du dimanche, plafonnement des indemnités en cas de licenciement, sabordage des prud’hommes… rien n’a été épargné.

Les fonctionnaires non plus, eux dont le point d’indice, sur lequel est calculée leur rémunération, était bloqué depuis 2010, ont eu la surprise… de le voir toujours bloqué même après le changement de majorité et encore aujourd’hui. Les heureux sont à chercher du côté du Medef, qui a accueilli chaleureusement Manuel Valls comme Emmanuel Macron à ses universités d’été. Dernière marque de satisfaction commune à l’exécutif et au patronat, la déclaration du premier ministre qui «  se réjouit  » de l’accord de principe entre trois syndicats (CFDT, CFE-CGC, CFTC) et le patronat sur la réforme des retraites complémentaires.

Olivier Morin, L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message