Agriculture biologique : l’alternative qui respecte le vivant.

vendredi 27 mai 2022.
 

Agro–écologie + agro–biologie = agriculture biologique

Nous utilisons essentiellement l’article de Wikipédia sur l’agriculture biologique. Les sources sont accessibles en cliquant sur les liens numérotés.

Qu’est-ce qu’un pesticide ?

Un pesticide est une substance chimique utilisée pour lutter contre des organismes considérés comme nuisibles. C’est un terme générique qui rassemble les différents types de produits suivants :

– les herbicides pour lutter contre les "mauvaises herbes"

– les fongicides pour détruire les champignons

– les insecticides pour tuer les insectes

– les corvicides contre les oiseaux

– les rodenticides pour lutter contre les taupes et les rongeurs

– les mollusicides contre les limaces

– les nématicides contre les nématodes (petits vers)

– les régulateurs de croissance.

Pour plus de détails voir (1) et (2)

Combien existe-t-il de sortes de pesticides ?

Il existe près de 100 familles chimiques de pesticides : organophosphorés, organochlorés, carbamates, pyréthrinoïdes, triazines. Il existe près de 10 000 formulations commerciales composées de la matière active et d’adjuvants et qui se présentent sous différentes formes (liquides, solides : granulés, poudres,..) (2)

Combien la France consomme-t-elle de pesticide par an ?

Avec 63 700 tonnes de pesticides utilisées en 2012, la France, première puissance agricole européenne, en est le premier consommateur européen et le 4e au plan mondial, derrière les Etats-Unis, le Brésil et le Japon. La France est également le pays d’Europe qui a le plus de substances autorisées sur le marché : 319 en 2013 (Agritox).

Quelle est l’évolution de l’utilisation des pesticides en France ?

L’évolution de la consommation en France montre une diminution des tonnages de substances actives vendues depuis la fin des années 90. Ainsi, 120 500 tonnes de substances actives étaient commercialisées en 1999, 77 300 tonnes en 2007 et 63 700 en 2012. Certaines années, ce tonnage augmente à cause de conditions climatiques défavorables, propices aux maladies et à l’apparition de nouveaux insectes ravageurs.

L’utilisation des pesticides n’est pas sans danger. Quel est son impact sanitaire au niveau planétaire ?

En 1989, l’OMS estimait que les pesticides étaient à l’origine d’un million d’empoisonnements graves et de 220 000 morts par an dans le monde. En août 2007 la célèbre revue médicale "The Lancet" publie même une étude montrant que le suicide aux pesticides fait 300 000 morts par an dans les campagnes asiatiques. Les pays développés qui utilisent 80% des quantités de pesticides ne comptent que la moitié des cas d’intoxication. Les troubles aigus concernent principalement les muqueuses, la peau, le système digestif et le système respiratoire.

Qu’est-ce que l’agriculture biologique ?

L’agriculture biologique est une méthode de production agricole qui exclut le recours aux produits chimiques de synthèse, utilisés notamment par l’agriculture industrielle et intensive depuis le début du XXe siècle, les organismes génétiquement modifiés, et l’irradiation.

Remarquons que l’agriculture bio peut utiliser des pesticides ; dans ce cas ils ne sont pas de synthèse mais d’origine naturelle. Il existe des pesticides bio (3)

À part cela, qu’est-ce qui caractérise l’agriculture biologique par rapport à l’agriculture dite conventionnelle ou industrielle ?

L’agriculture biologique est un système de production qui maintient la santé des sols, des écosystèmes et des personnes. Elle s’appuie sur des processus écologiques, sur la biodiversité et sur des cycles adaptés aux conditions locales, plutôt que sur l’utilisation d’intrants ayant des effets néfastes

La production biologique est un système global de gestion agricole et de production alimentaire qui allie les meilleures pratiques environnementales, un haut degré de biodiversité, la préservation des ressources naturelles, l’application de normes élevées en matière de bien-être animal et une méthode de production respectant la préférence de certains consommateurs à l’égard des produits obtenus grâce à des substances et des procédés naturels. 

Existe-t-il une réglementation sur l’agriculture biologique en France ?

Le terme agriculture biologique est légalement protégé en France depuis la loi d’orientation agricole du 4 juillet 1980 et le décret du 10 mars 1981, lesquels l’ont définie, et ont fixé les conditions d’homologation des cahiers des charges et précisé les substances pouvant être utilisées dans la production, la conservation et la transformation des produits agricoles dits biologiques

Existe-t-il une réglementation européenne concernant l’agriculture biologique ?

Oui. C’est le règlement (CE) N°834/2007 du Conseil de l’Union européenne On peut télécharger le texte complet sur la production écologique et l’étiquetage des produits biologiques en cliquant ici (4)

Existe-t-il un label fiable certifiant qu’un produit est issu de l’agriculture biologique ?

Oui. En France, c’est le label AB (agriculture biologique) plus exigeant que le label européen. Pour avoir plus de détails sur ce label, cliquez ici (5)

Le logo européen nommé "eurofeuille" certifie aussi qu’un produit est issu de l’agriculture biologique, mais avec des normes moins exigeantes . Cliquez ici (6) pour avoir plus de détails sur ce label.

Le magazine de défenses de consommateurs "Que choisir  ?" met à disposition du public un dossier intitulé :"Les consommateurs et l’agriculture biologique" qui aborde, entre autres, la question des labels. Cliquez ici (8) pour accéder au dossier

Le bio s’organise

Existe-t-il une organisation nationale pour l’agriculture biologique en France ?

Oui. Il y a la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) dont le site internet est accessible en cliquant ici (9)

D’autre part, il existe aussi L’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique (Agence bio dont le site est accessible ici (10)

Wikipédia explique avec concision ses missions.(11)

Il existe aussi un mouvement national qui promeut la biodynamie Cliquez ici (12) pour plus de détails.

Et au niveau international, l’agriculture biologique est-elle organisée et reconnue ?

Oui. L’agriculture biologique est organisée à l’échelle mondiale depuis 1972 (International Federation of Organic Agriculture Movements - IFOAM) et reconnue depuis 1999 dans le Codex Alimentarius, un programme commun de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé. L’agriculture biologique est une des formes d’agriculture durable ; l’appellation « biologique », ou son abréviation « bio », est protégée légalement et implique une certification. Plusieurs labels internationaux de reconnaissance de ce type d’agriculture ont été définis. Pour obtenir le label, les agriculteurs biologiques doivent respecter un cahier des charges et des normes qui excluent notamment l’usage d’engrais minéraux chimiques de synthèse et de pesticides de synthèse.

Depuis quand est née l’agriculture biologique ?

Généralement, on date sa naissance aux environs des années 1950, 20 ans après l’apparition des premiers engrais minéraux chimiques de synthèseen en 1930. Parmi ses fondateurs, on compte notamment Albert Howard, Raoul Lemaire, Rudolf Steiner, Hans Müller (de) et Maria Müller (de), Hans Peter Rusch (de), et Masanobu Fukuoka Remarquons néanmoins que le premier label mentionnant une production biologique, (Demeter), date de 1927.

Quelles sont les différentes techniques utilisées par l’agriculture biologique ?

– L’utilisation de certains produits phytosanitaires est autorisée en agriculture biologique (cuivre, soufre, pyréthrines, etc.),

– Les cultures associées, en combinant plusieurs espèces végétales sur une même parcelle, limitent la prolifération des parasites et ravageurs ; la technique des trois sœurs est un exemple.

– La permaculture est une méthode de conception qui permet de planifier les cultures, entre autres choses, de manière à exploiter au mieux les conditions climatiques et géographiques locales, et à maximiser les interactions entre les cultures.

– L’agroforesterie intègre les arbres aux exploitations agricoles.

– Les techniques culturales simplifiées limitent le travail du sol ; cette technique est difficile en agriculture biologique car elle augmente les risques de prolifération d’adventices.

– Le semis direct sous couvert permet de restituer au sol les nutriments prélevés, d’entretenir les bactéries permettant leur assimilation par les plantes, et de limiter le développement des adventices. Cette technique issue de l’agriculture de conservation est assez délicate en agriculture biologique à cause de la gestion des adventices, même si le risque est plus faible qu’avec les techniques culturales simplifiées (présence de paillis protecteur, mortalité plus importante des graines non désirées qui restent en surface).

– Le compostage et le paillis permettent de restituer les nutriments prélevés au sol, de limiter les méfaits des intempéries, et d’entretenir le développement de l’humus.

– Les purins qui sont avant tout des fertilisants, mais qui auraient aussi des effets sur les ravageurs.

– La micro-agriculture biointensive.

– L’agriculture biodynamique est une approche globale, avec son propre comité international.

– La culture sans labour et l’agriculture naturelle se concentre sur un minimum ou une absence de culture mécanique et de labour pour les cultures de céréales

Cette multiplicité des techniques montre la relative complexité de l’agriculture biologique. Ce n’est donc pas une agriculture archaïque pour ne pas dire folklorique ?

Non. Les méthodes d’agriculture biologique combinent la connaissance scientifique de l’écologie et de la technologie moderne avec les pratiques agricoles traditionnelles basées sur des processus biologiques naturels. Les méthodes d’agriculture biologique sont étudiées dans le domaine de l’agroécologie. (13)

Quelle est la part de l’agriculture biologique en France en surfaces cultivées ?

En 2013, la surface agricole utile (SAU) exploitée selon le mode biologique rassemblait 1 060 756 hectares dont 130 000 ha en conversion ; soit 3,93 % de la SAU française exploités par 25 467 fermes

La superficie moyenne des exploitations bio est très différente de celle des exploitations de l’agriculture conventionnelle ?

Non. La taille moyenne des exploitations bio et de 53 ha et celle des exploitations conventionnelles de 54 ha. (14 )

Le nombre d’exploitations bio dépend de quels facteurs ?

Il dépend du territoire (départements, régions) et de la nature du produit agricole. On peut avoir des renseignements statistiques précis sur cette question en cliquant ici (15 )

On peut remarquer que 50 % de la surface agricole bio est répartie sur cinq régions : Midi-Pyrénées (145 409 ha), Pays de la Loire (115 570 ha), Languedoc-Roussillon (100 789 ha), Rhône-Alpes (96 331 ha) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (93 184 ha).

La consommation de produits issus de l’agriculture biologique a-t-elle progressé en France ?

La consommation d’aliments issus de l’agriculture biologique a progressé de près de 10 % en moyenne par an entre 1999 et 2005, puis de 30 % entre 2006 et 2010, pour représenter 3,38 milliard d’euros en 2010 selon l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique (Agence bio) Selon la même source +8% de fermes bio au 1er semestre 2015 et +10% de terres bio attendues fin 2015 vs 2014.

Un article du Figaro indiquait en 2012 (8) que le nombre d’exploitations bio avait doublés en 5 ans et que le marché du bio n’avait pas souffert de la crise. (16)

Et qu’en est-il au niveau de l’union européenne ?

Fin 2013, 257 323 exploitations agricoles cultivaient plus de 10,3 millions d’hectares. La bio représentait 5,7 % de la Surface Agricole Utile (SAU) européenne

Quelle est la place de la France en 2013 dans l’union européenne pour l’agriculture biologique ?

– 61 % des surfaces bio de l’UE (à 28) sont situées dans 6 pays : Espagne (16 %), Italie (13 %), France (10 %), Allemagne (10 %), Pologne (6 %) et Royaume-Uni (5 %).

– 68 % des exploitations bio de l’UE (à 28) sont localisés dans 6 pays : Italie (18 %), Espagne (12 %), Pologne (10 %), France (10 %), Grèce (9 %) et Allemagne (9 %).

– Parmi les Etats membres de l’UE, l’Espagne a la surface bio la plus étendue et l’Autriche la part la plus élevée de son territoire agricole

Pour une documentation complète surl’agriculture biologique en Europe, on peut télécharger le document en cliquant ici (17)

Quelle est l’importance du bio niveau mondial ?

En 2012, le marché bio représente 63 milliards de dollars. L’ensemble des surfaces cultivées bio s’élevait à 37,3 millions d’hectares soit 0,9% des surfaces agricoles.

Existe-t-il des aides pour les agriculteurs biologiques ?

Oui. Par exemple, les aides à la conversion en Autriche sont de l’ordre de 450 euros par hectare. En France, l’aide est accordée sur une période de cinq ans et varie selon les cultures :

– 100 euros par hectare et par an pour une surface en prairie permanente ;

–200 euros par hectare et par an pour une surface en prairie temporaire, céréales et oléo-protéagineux ;

– 350 euros par hectare et par an pour une surface en culture légumière ;

– 600 euros par hectare et par an en maraîchage.

En France, les agriculteurs bio peuvent bénéficier d’une aide au maintien. Ces aides sont cumulables avec les aides accordées à l’agriculture conventionnelle. Il existe, de plus, de nombreux programmes locaux d’aides à l’agriculture biologique et un crédit d’impôt réservés aux agriculteurs « biologiques » Depuis l’adoption du règlement européen de 1992, de nombreuses exploitations se sont converties à ce nouveau type de production agricole. Le nouveau règlement européen sur le bio est entré en vigueur en 2009 sans modifier ces dispositifs.

La productivité de l’agriculture biologique est-elle moins élevée que l’agriculture conventionnelle ?

L’article de Wikipédia annonce des productivités souvent de 50 à 80 % inférieures à la défaveur de l’agriculture biologique. Mais ces chiffres non actualisés sont largement contestés comme le mentionne par exemple l’article suivant :

"L’agriculture biologique, plus productif que l’on ne pense"

Source : Le Monde 10/12/2014 . Extrait. Texte complet en cliquant ici (18)

"Les dernières grandes études internationales sur le sujet, conduites l’une par le Néerlandais Tomek de Ponti, l’autre par la Canadienne Verena Seufert, et publiées toutes deux en 2012, convergeaient pour indiquer que les rendements moyens des productions végétales sont, en mode biologique, de 20 % à 25 % inférieurs à ceux des pratiques traditionnelles.

Les signataires de la nouvelle publication, dirigés par Claire Kremen, professeur de sciences de l’environnement et codirectrice du Berkeley Food Institute de l’Université de Californie, disent avoir passé au crible trois fois plus de données que leurs prédécesseurs. Ils ont ainsi dépouillé 115 études de 38 pays, portant sur 52 espèces végétales et couvrant trente-cinq années. Résultat de cette analyse panoramique : la différence de productivité entre bio et traditionnel est ramenée à 19,2 %. En outre, contrairement aux travaux antérieurs, les auteurs ne trouvent pas de différence entre pays développés et pays en développement, pour ce qui est des performances respectives des deux modes de culture.

Mais l’enseignement principal est que le différentiel est beaucoup plus faible lorsque les exploitations biologiques ont recours soit aux cultures associées (plusieurs plantes cultivées sur la même parcelle), soit aux rotations : il tombe alors à respectivement 9 % et 8 %. « 

Ces résultats prometteurs, estiment les auteurs, suggèrent qu’un investissement approprié dans la recherche agronomique pour améliorer la gestion des cultures biologiques pourrait fortement réduire ou même éliminer l’écart [avec l’agriculture traditionnelle] pour certaines cultures ou régions. »"

Épilogue.

Outre les facteurs mentionnés ci-dessus sur les avantages de l’agriculture biologique (protection des sols, respect de la biodiversité, respect de la santé humaine et animale, etc.), les variations climatiques s’accompagnant de sécheresses, d’inondations, de prolifération d’espèces microbiennes d’insectes, …nuisibles, ont un impact beaucoup plus dévastateur sur des végétaux fragiles issus de l’agriculture industrielle que sur les végétaux cultivés par les méthodes de l’agriculture biologique qui sont plus résistants à ces modifications et agressions. Même en terme d’efficacité productive, l’agriculture biologique pourrait se révéler plus efficace. Voir les documentaires en annexe.

Annexe. Quelques documentaires sur l’agriculture biologique.

Présentation pédagogique de l’agriculture bio par la sympathique équipe de l’émission "c’est pas sorcier".(19)

L’agriculture bio peut nourrir la planète ? .(20)

L’agriculture biologique : un autre horizon (21)

L’agriculture de conservation (des sols). Garder le sol vivant en économisant beaucoup d’énergie mécanique. (22)

Nous n’avons pas traité le problème du marché bio, des labels, de la récupération capitalistique avec ses effets pervers : ce n’était pas l’objet de cet article. Pour le lecteur qui éprouverait un regret pour ce non traitement, il peut alors cliquer ici et voir le documentaire : "produire bio, un business comme les autres" (23)

Hervé Debonrivage


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