Entretien avec Jean-Luc Mélenchon (12 pages dans Les Inrocks)

samedi 29 août 2015.
 

Europe soumise à Berlin, crise grecque, situation de la gauche de la gauche à trois mois des régionales, PS moribond… Jean-Luc Mélenchon fait sa rentrée politique et réaffirme sa volonté intacte de résister à l’ordre libéral.

Entretien réalisé par Par David Doucet, Anne Laffeter, Frédéric Bonnaud.

Rendez-vous est pris dans un café du haut de la rue du Faubourg-Saint-Denis dans le Xe arrondissement. Attablé à l’étage, Jean-Luc Mélenchon feuillette le numéro des Inrocks consacré à la rentrée littéraire. Il relève la tête et lâche en rigolant : “Ah tiens, mon kiosquier m’a dit que Virginie Despentes a dit du bien de moi : je serais aussi populaire que la Le Pen, mais je n’aurais qu’un défaut, je ne suis pas raciste  !”

Le leader du Front de gauche reprend son feuilletage et s’arrête sur une phrase d’un article sur Christine Angot – “Ce qui se joue entre les êtres est déjà suffisamment signifiant sans avoir besoin de ‘littérature’.” “C’est absurde, soupire Mélenchon. Les relations entre les êtres ne sont que littérature, aucune relation n’existe en soi, elle existe pour soi… un minimum de matérialisme devrait les conduire à avoir une vision plus tendre de l’existence.”

De retour de quatre semaines de vacances passées entre la France et la Tunisie, Jean-Luc Mélenchon arbore une fine barbe de trois jours. “J’ai peu lu cet été, j’avais besoin de faire une coupure, de cicatriser mes plaies”, confie-t-il. Fin juin, François Delapierre, son plus proche collaborateur, celui qui devait être “son dauphin”, est décédé des suites d’un cancer, à l’âge de 44 ans. “Je n’avais pas envie de m’évader par la littérature, mais de reprendre pied en moi. C’est un événement très dur pour nous, ce n’était pas à lui de partir.”

Après s’être rendu de l’autre côté de la Méditerranée, il s’est reposé dans sa traditionnelle villégiature d’été, un moulin du XIIe siècle où les fils du téléphone sont arrachés et où l’on peut entendre un tranquille cours d’eau au réveil. “A côté d’une rivière, on dort d’un sommeil profond qui vous lave”, raconte l’homme politique qui amorce dans ces pages sa rentrée politique.

Plus que jamais convaincu qu’il peut l’emporter lors de la prochaine présidentielle, Jean-Luc Mélenchon nous parle de la crise grecque, du bilan d’Aléxis Tsípras, de son horreur de la politique allemande, de la “médiocrité” de François Hollande et de son plan pour proposer une alternative politique en 2017.

La Grèce est passée de l’espoir qu’a fait naître le “non” au référendum à la signature d’un nouveau plan de sauvetage plus draconien que le précédent. Quel est votre sentiment  ?

Jean-Luc Mélenchon – C’est un rude revers pour l’autre gauche en Europe. Et pour tous ceux qui avaient vu dans la Grèce un chemin transposable. Pourtant, la méthode du Premier ministre Aléxis Tsípras était un sans-faute très proche de ce qu’on avait pu observer dans les révolutions démocratiques d’Amérique latine : un long temps pédagogique pour prouver que l’on peut faire autrement, suivi d’un appel au peuple.


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