22 août 1792 manifeste électoral des Jacobins pour l’élection de la Convention

samedi 29 août 2015.
 

En ce mois d’août 1792 de tous les dangers pour la Révolution française confrontée à l’invasion étrangère relayée par de forts réseaux nobles et religieux dans le pays, quel programme défendent les Jacobins ?

Ils appellent nationalement les électeurs à voter pour des candidats ayant fait leurs preuves dans la Révolution populaire et citoyenne en cours mais évitent de risquer la marginalisation de son aile gauche la plus engagée ( Anthoine, Robespierre, Le Pelletier...) et citent même comme défenseurs du peuple quelques Rollandins et Girondins. Par contre, lors du vote, au moins dans les grandes villes, ils choisissent uniquement les futurs Montagnards.

Leur programme rend les électeurs juges de la victoire possible ou de la défaite « De notre choix dépend le succès de notre cause… »

Il félicite l’Assemblée législative qui termine son mandat

- d’avoir supprimé la différence entre citoyens actifs (assez riches) qui ont le droit de vote et citoyens passifs (milieux populaires) qui ne sont pas reconnus comme électeurs

- d’avoir poursuivi la piste du 4 août 1789 visant à la suppression des droits féodaux

« L’Assemblée a détruit le mur de séparation que nos constituants avaient élevé entre les citoyens ; elle a supprimé, sans indemnité, tous les droits féodaux, excepté ceux qui sont prouvés, par le titre primitif, être le prix de la concession du fonds. Il est peu de ci-devant seigneurs qui puissent faire cette preuve. »

Il analyse comme positive la radicalisation de la Révolution opérée en août 1792.

« (L’Assemblée) a fait justice des rois et des prêtres, des émigrés et de leurs nobles correspondants, de l’aristocratie bourgeoise et financière, en un mot, de tous nos ennemis. Elle a rétabli le règne de l’égalité en appelant, sans distinction, le peuple à l’exercice de sa souveraineté. C’est à nous de le soutenir, et nous le pouvons, en éloignant des assemblées électorales tous ceux qui ont protégé, même indirectement, la cour et le sacerdoce, les émigrés et leurs adhérents. Notre choix ne peut être difficile ; les patriotes font la majorité de la nation. Ils peuvent donc, s’ils savent se réunir, faire des choix favorables à leurs intérêts. Les électeurs étant payés à trois livres par jour et à trois sols par lieue pour leur voyage, il n’est plus nécessaire d’être riche bourgeois, prêtre, ou ci-devant noble, pour accepter cette noble mission, et si la majorité des électeurs est au niveau de la révolution du 10 août 1792, nos nouveaux députés ne tarderont pas à la consolider par une constitution conforme a la Déclaration des Droits et à l’intérêt du plus grand nombre. »

Il appelle à voter pour des députés qui déjà fait leurs preuves comme défenseurs des intérêts du peuple.

« Ceux de nos représentants qui ont été fidèles au peuple vous sont désignés par l’opinion et vous en avez la liste dans ceux qui ont noté pour le décret d’accusation contre Lafayette. Le tableau comparatif que nous vous envoyons, finira de vous faire connaître et vos amis et vos ennemis. Parmi vos constituants, Vous avez les Pétion, les Robespierre, les Buzot, les Anthoine, les Cerrolles, les Grégoire, les Le Pelletier, les Dubois de Crancé, le bon père Gérard, et quelques autres fidèles défenseurs des droits du peuple, en petit nombre, il est vrai, mais sous ce rapport, plus dignes d’obtenir vos suffrages. Ceux-là ont fait leurs preuves… »

Si les électeurs ne choisissent pas une majorité de députés capables de défendre les acquis de la Révolution et de prendre les décisions énergiques nécessaires pour repousser les armées royalistes, une nouvelle insurrection sera nécessaire.

« Frères et amis, si les deux cent vingt-quatre représentants du peuple qui viennent de s’exposer au feu des assassins et à la vengeance des Tuileries obtiennent vos suffrages, avec les quarante incorruptibles de l’Assemblée constituante, la patrie est sauvée. Ils forceront le reste de la représentation nationale à marcher dans le chemin de l’honneur ; mais si la Convention n’est composée que de nouveaux députés, quelque violents qu’ils puissent être, il est possible que nous ne trouvions notre salut que dans notre courage et dans une nouvelle insurrection. »


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