Migrants : l’indifférence criminelle des autorités institutionnelles

dimanche 21 juin 2015.
 

Des migrants ont été délogés Porte de la Chapelle. Quelques élus sont scandalisés par l’indifférence criminelle des autorités à tous les échelons. Ils ont insisté pour que le Préfet soit officiellement interpellé et estiment qu’il appartient « à nous, élus communaux, de porter ce nouveau Sangatte sur la place publique ».

Des migrants ont été délogés Porte de la Chapelle. Quelques élus sont scandalisés par l’indifférence criminelle des autorités à tous les échelons. Ils ont insisté pour que le Préfet soit officiellement interpellé et estiment qu’il appartient « à nous, élus communaux, de porter ce nouveau Sangatte sur la place publique ».

Le 5 juin, les migrants installés Porte de la Chapelle, au vu et au su des Parisiens, ont été chassé sans ménagement manu militari. « Des solutions de relogement seront proposées », a-t-on pu entendre de la part des autorités.

Dès le surlendemain, nous apprenons par le canal d’associations humanitaires, que plus d’une vingtaine d’entre eux sont à Cergy-Pontoise. Ce sont des jeunes hommes, dont certains mineurs. Ils ont fui l’Erythrée (où règne un despote dément) ou le Soudan (où sévit la guerre civile). Ils sont non francophones, démunis de tout et ont été emmenés sous escorte jusqu’à de discrets hôtels pour 5 nuits. En revanche l’Etat, dans sa grande magnanimité, n’aura prévu durant cet exil forcé, ni les repas, ni leur devenir dès le 6e jour… Un mouvement de solidarité s’organise rapidement, le personnel hôtelier tout d’abord, puis associations et riverains se mobilisent pour leur apporter de quoi subsister. Nous en profitons pour saluer l’association United de Cergy qui a fait montre d’une magnifique réactivité.

Aujourd’hui, ils seraient une soixantaine, d’abord à Puiseux et Pontoise puis répartis entre Pontoise et Conflans (78). Ni les services sociaux, ni les instances des communes qui abritent ces déplacés à leur insu, n’ont été alertés ni sollicités par les services de l’Etat. Les maires concernés ne souhaitent pas s’impliquer, peut-être n’en ont-ils pas les moyens, mais plus certainement craignent-ils de mettre le doigt dans l’engrenage compassionnel.

Nous sommes quelques élus qui, non seulement s’en émeuvent, mais aussi sont scandalisés par l’indifférence criminelle des autorités à tous les échelons. Nous avons insisté pour que le Préfet soit officiellement interpellé, bien que nous ne doutions pas qu’il soit déjà parfaitement au fait de cette situation dramatique.

Il n’est ni raisonnable, ni utile, ni encore moins humain d’ignorer le sort de ces populations dont le Samu Social (115) de Paris se débarrasse, les écartant loin des ors de la capitale.

Nous rappelons à tous la devise de la République : Liberté, Egalité, Fraternité. Il est du devoir des collectivités, face à l’impéritie de l’Etat, que ce soient ou non de leur compétence, de prendre en charge ces populations une fois sur leurs territoires car il en va de leur survie.

Nous estimons qu’il appartient à nous, élus communaux, de porter ce nouveau Sangatte sur la place publique et nous comptons sur Mediapart pour relayer notre indignation et notre impuissance.

Les migrants sont nombreux et leur nombre grossira inexorablement. Sans pouvoir matériellement accueillir tous les flux des désespérés qui déferlent, du moins l’Etat pourrait-il assumer ceux qui d’entre eux qui sont déjà là. Nous assistons à un festival de cynisme où les édiles nationaux rivalisent de propos généreux - mais mensongers - qui trompent nos concitoyens et donnent de faux espoirs à ces gens perdus.

En arrivant en France, ex pays des Droits de l’Homme, après de terribles épreuves, peut-être pensaient-il être sauvés…

Les signataires :

Sylvette Amnestoy, adjointe au maire de Courdimanche (95) ; Elina Corvin, adjointe au maire de Cergy ; Maxime Kajadjanian, conseiller municipal de Cergy ; Anne Levaillant, conseillère municipale de Cergy ; Thierry Thibault, adjoint au maire de Cergy.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message