Le Medef lance des bâtons de dynamite sur les retraites complémentaires

vendredi 5 juin 2015.
Source : AFP
 

Dans les négociations qui reprennent ce mercredi, le patronat veut imposer des réductions drastiques des retraites versées par l’Arrco et l’Agirc aux salariés qui partiraient avant 67 ans.

Heures cruciales pour les retraites complémentaires. Alors que les négociations sur les régimes Arrco (couvrant tous les salariés du privé) et Agirc (spécifique aux cadres) arrivent à leur terme, la nouvelle séance de ce mercredi pouvant être conclusive, le patronat a durci ses positions et menace de faire avaler aux futurs comme aux actuels retraités une potion d’une amertume sans précédent. Les 18 millions d’actifs qui cotisent aux deux régimes sont concernés, de même que les 12 millions de retraités qui perçoivent une pension représentant entre 25% et plus de 50% de la retraite globale.

Se refusant toujours mordicus à envisager le moindre effort de la part des entreprises en terme de hausse de cotisations pour augmenter les ressources, le Medef veut faire porter sur les seuls salariés et pensionnés tout l’effort de rééquilibrage des comptes des régimes, en déficit depuis quelques années. « Pas un euro de plus pour la retraite », telle est plus que jamais la ligne au patronat, alors que, on le sait, les actionnaires continuent d’être servis toujours plus généreusement. Pas de recettes en sus, M. Gattaz et ses amis veulent donc faire tomber la hache sur les dépenses, c’est-à-dire les ressources des retraités. Leur mesure choc : imposer un abattement dégressif, -qui serait définitif et non plus temporaire comme avancé au début des négociations-, sur les pensions des retraités qui partiraient avant 67 ans.

Les complémentaires Agirc et Arrco seraient rabotées de 22% la première année, en cas de départ à 62 ans, de 17% à 63 ans, 12% à 64 ans, 8% à 65 ans, et 4% à 66 ans. La mesure serait applicable dès 2017, pour la génération née en 1956. Un seul point serait semble-t-il négociable : les petites retraites pourraient être exonérées de cette punition. L’objectif poursuivi est limpide : forcer les actifs à retarder leur départ. Le droit à la retraite à 62 ans, âge légal, deviendrait largement fictif. Il faudrait en effet accepter une amputation de près d’un quart de sa pension complémentaire. De toute évidence, le Medef compte ainsi amener les pouvoirs publics à suivre le même chemin pour la retraite de base, servie par la Sécurité sociale, en reculant encore l’âge légal. Qu’en dit-on au gouvernement, jusqu’ici silencieux sur cette proposition ? Les futurs retraités seraient également mis à contribution par une autre mesure consistant à renchérir le coût d’acquisition des points (+ 3,5 % au-dessus du salaire moyen) à l’Agirc et à l’Arrco, ce qui en diminuerait le nombre et donc pèserait sur le niveau de la pension.

Mobilisation contre ce dynamitage

S’agissant des retraités actuels, le Medef veut prolonger la sous-indexation, par rapport à l’inflation, de leur pension, qui augmenterait donc moins vite que les prix. Le droit à la pension de réversion, pour les veuves et veufs, serait décalé à 60 ans, au lieu de 55 ans, et il serait proratisé en fonction du nombre de mariage. Enfin, les patrons persistent à vouloir engager la fusion des deux régimes, et donc à signer la mort de l’Agirc, alors que celui-ci représente la principale garantie de reconnaissance du statut des cadres et des niveaux de rémunération qui vont avec dans les conventions collectives.

Au total, donc, un vrai dynamitage du droit à retraite. Alors que la CFDT s’est montrée jusqu’ici plutôt ouverte à ces dispositions, insistant seulement sur quelques adoucissements, la CGT s’y oppose fermement. Soulignant qu’une bonne part du déficit est imputable à la hausse des besoins liée à l’augmentation du nombre de retraités et l’allongement de l’espérance de vie, elle insiste sur le besoin d’accroître les recettes et préconise un relèvement des cotisations à l’Agirc, rejointe en cela par FO et la CGC. La CGT met aussi l’accent sur la nécessité de parvenir à l’égalité salariale hommes-femmes, mesure de justice qui aurait aussi pour effet d’accroître les rentrées dans les caisses de retraite. Une contribution financière pourrait ainsi être exigée des entreprises en fonction de leur effort en la matière. La CGT et la CGC récusent également catégoriquement l’idée d’une fusion des deux régimes, faisant valoir notamment que la fusion de leurs déficits ne les résorberait en rien. Pour la centrale de Montreuil, l’heure est bel et bien à la mobilisation. Avec son union des cadres (UGICT) et son union régionale Ile-de-France, la CGT appelle à un rassemblement à 12h30 ce mercredi devant le siège du Medef.


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