Services publics : 13 et 14 juin, les journées de mobilisation de Guéret

dimanche 14 juin 2015.
 

Au menu de la manif nationale de Guéret. À l’occasion de leur dixième anniversaire, les collectifs de défense des services publics se sont donné rendez-vous les 13 et 14 juin à Guéret dans la Creuse pour une nouvelle manifestation nationale en faveur des services publics prévue à 15 heures samedi. Il y a dix ans, près de 8 000 personnes s’y étaient déjà retrouvées, sous la neige. François Hollande, tenant du oui lors du référendum sur la constitution européenne, avait d’ailleurs été visé par des boules de neige. Pendant ces deux jours, un « village des services publics » sera installé, avec des débats quasi ininterrompus. Au menu : l’accord de libre échange Tafta, l’accès aux soins, la réforme territoriale. Un rassemblement qui se traduira par le lancement d’assises nationales et un nouveau manifeste du XXIe siècle

C) « Le service public définit ce qui fait société »

Samedi et dimanche prochains, syndicats, partis, collectifs citoyens convergeront à Guéret (Creuse) pour manifester et débattre afin de reconquérir les services publics. Entretien avec trois responsables de gauche.

La gauche ne devrait-elle pas mener la bataille idéologique pour montrer que le service public est un outil de socialisation des richesses et de leur redistribution, et non une dépense ou un coût ?

Sandrine Rousseau. La notion de service public est une notion centrale pour la gauche, elle doit le rester : il est plus que jamais nécessaire d’organiser la solidarité au sein de la société de telle sorte qu’aucune partie de cette dernière ne soit laissée dans la misère. Le service public définit ce qui fait société : si l’on estime que tel ou tel bien fait société, alors il doit être partagé entre tous les membres de la société de manière égale. C’est un principe qu’on doit continuer de revendiquer comme un motif de fierté et un fondement de la civilisation.

Isabelle Mathurin. L’impératif de réduction de la dette bloque toutes les discussions. Nous pensons plutôt qu’il faut partir des besoins des populations. Si on y regarde de plus près, le service public est profitable au développement social et écologique que nous souhaitons. Les besoins sont démocratiquement exprimés, c’est de là qu’il faut partir pour permettre l’égalité d’accès au service public sur tout le territoire, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. D’ailleurs, au point de départ de l’initiative de Guéret, il y a la réaction à la suppression de services publics de proximité : Poste, hôpitaux, gares SNCF... A rebours de cette tendance, nous pensons que les services publics sont un bien pour l’économie et qu’ils peuvent permettre le développement de l’industrie sur tout le territoire, tout en favorisant l’écologie.

Pierre Larrouturou. Nous savons tous ce que nous devons à l’hôpital, à l’école et aux autres services publics. Nous sommes des millions à être profondément attachés à la qualité de ces services, qui sont une des poutres maîtresses du modèle social français. Cela ne signifie pas qu’aucune réforme n’est nécessaire : pour permettre un meilleur accès sur tout le territoire, peut être faut-il regrouper certains services publics en un même lieu et favoriser la polyvalence des agents. Mais contrairement à ce que disent certains, les fonctionnaires ne sont pas hostiles au changement : combien de pays permettent les déclarations d’impôt par Internet ? La plupart des fonctionnaires ne sont pas du tout hostiles au changement. Ils sont hostiles à la casse des services publics que cache souvent le mot réforme. Et ils ont raison.

La gauche peut-elle reprendre l’offensive d’un mouvement prônant le développement, la démocratisation et l’extension des services publics plutôt que leur réduction ?

Isabelle Mathurin. On voit bien dans le monde, notamment avec des traités comme Tafta, que la tendance est inverse : il y a une volonté de marchandiser les services. Avec la réforme territoriale, les citoyens, les usagers ont de moins en moins de possibilités d’avoir accès aux institutions dans lesquels ils peuvent faire entendre leurs souhaits et besoins. L’esprit du rassemblement de Guéret, c’est exactement le contraire. Il va lancer tout un travail avec les associations, les syndicats, les organisations politiques, pour un nouveau service public, pour préserver et renforcer ce qui relève du bien commun. Aujourd’hui, on pense souvent à y intégrer l’eau, mais il y a plein de domaines à conquérir. Par exemple, faire du logement un droit effectif. Il y a beaucoup d’espaces à mettre en propriété sociale.

Pierre Larrouturou. De nombreuses mairies ont déjà remunicipalisé leur service des eaux car elles constataient que le public peut, évidemment, être aussi efficace que le privé. En règle générale, la crise de 2008 devrait rendre plus modestes tous ceux qui vantent toujours et partout les mérites du tout-privé et de la dérégulation. Au lieu de répéter des idées fausses, ceux qui se disent socialistes devraient s’atteler à prouver, au contraire, que le service public est un moyen moderne et efficace d’agir pour le bien commun. Dans une société de plus en plus violente, précaire et court-termiste, comment lutter contre l’échec scolaire et donner l’envie et les moyens aux enfants et aux adolescents de se former ? Comment éviter la fuite des cerveaux que provoque l’austérité imposée au CNRS ? Comment garantir une bonne qualité d’accès en milieu rural alors qu’on régresse dans ce domaine depuis des années ? Comment améliorer le lien entre les services publics et les citoyens ? Voilà les vraies questions. Des questions fondamentales pour notre vivre ensemble.

Sandrine Rousseau. Un service public, on ne lui demande pas d’abord d’être rentable, et il n’est pas vrai d’affirmer que la concurrence et le privé sont plus rentables que le public. Les télécoms sont un exemple flagrant : depuis que les renseignements téléphoniques ont été libéralisés, plusieurs sociétés se livrent à une concurrence effrénée. Peut-on dire que le service s’est amélioré ? Non, en revanche, les coûts de publicité et de marketing du fait de la concurrence ont été facturés aux clients. Autre exemple avec la téléphonie mobile : chaque opérateur développe sa propre antenne-relais. Moralité : les antennes se multiplient sur les immeubles, au prix de la multiplication des coûts et des effets néfastes des ondes sur la santé. Et in fine, les entreprises finissent par s’entendre sur les prix parce qu’elles ne peuvent supporter une trop forte dose de concurrence !

La lutte pour la notion de service public peut-elle être le ciment et le fondement d’un nouveau projet de gauche sur lequel toutes les forces antilibérales pourraient se retrouver par-delà leurs divergences actuelles ?

Pierre Larrouturou. C’est un élément très important en effet. Et qui dépasse sans doute la « gauche ». Certes, les dirigeants UMP semblent favorables aux privatisations et à la régression des services publics, mais on peut penser qu’une majorité de citoyens est attachée aux services publics. A nous d’expliquer qu’il ne s’agit pas d’un luxe auquel on doit renoncer mais d’un investissement fondamental pour le vivre-ensemble et l’avenir de notre société. C’est un point fondamental ; comme sont aussi fondamentales la question de la lutte contre le chômage et la précarité, la question du logement, du climat ou de l’Europe.

Sandrine Rousseau. Il faut mener une réflexion en profondeur sur ce qui fait société aujourd’hui. Le débat à mener doit permettre de déterminer les biens communs indispensables à partager. Cela demande une réflexion sur plusieurs rendez-vous, car cela ne peut se décréter de manière simple. Chez EELV, nous ne sommes pas pour des services publics gravés dans le marbre, il faut que le débat citoyen s’en mêle. Par exemple - ce sera peut-être une divergence entre nous - le service public de l’énergie doit être profondément modifié. On ne peut pas maintenir un monopole qui interdit ceux qui disposent de panneaux photovoltaïques de produire leur propre électricité. En revanche, l’eau, que l’on a très souvent confiée à des sociétés privées, doit être considérée comme un bien fondamental et sa gestion doit être publique pour garantir la santé des citoyens.

Isabelle Mathurin. Les services doivent être au cœur du projet de la gauche, car ils sont au cœur du développement social et écologique que nous préconisons. Il est évidemment possible de rassembler sur un tel projet, parce qu’il passe avant tout par une exigence de démocratisation du service public. Les signataires de l’appel de Guéret sont d’ailleurs très divers en plus d’être nombreux : collectivités, élus, syndicats, partis... Un rassemblement se crée autour de mesures d’urgence pour les services publics. Nous provoquons un débat démocratique auquel le gouvernement se refuse.

B) Entretien avec Michel Jallamion, président de la Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics

Source : http://www.europe-solidaire.org/spi...

Côme Pierron – Dix ans après la manifestation de mars 2005 à Guéret, quel bilan peut-on tirer de la mobilisation pour la défense des services publics ?

Michel Jallamion – En Europe les services publics n’ont cessé de se dégrader du fait des politiques d’austérité, de la volonté de libéralisation de la troïka relayée, orchestrée par les gouvernements nationaux (à l’exception du gouvernement grec actuel). En France, l’implantation de nos services publics se raréfie en campagne et dans les zones urbaines populaires. La loi NOTRe l’intensifiera faisant fi de tout aménagement harmonieux et équilibré du territoire. Les services publics de réseaux sont privatisés ou démantelés. Ceux encore publics sont gérés comme des multinationales. Leur qualité s’est dégradée. Tous les services publics sont sacrifiés au nom de la rentabilité à tout prix alors que nous assistons à une gabegie financière (PPP, externalisation des tâches…).

Face à ce bilan négatif, il faut opposer celui de la progression des convergences. Depuis 10 ans, nous assistons à un rapprochement entre organisations syndicales, politiques et associatives dans le respect de leur spécificité. Pour permettre le sauvetage local d’un service public, il faut une mobilisation citoyenne et celle-ci est grandement facilitée par la création de collectifs regroupant usagers-citoyens, salariés et élus. Les convergences se sont extrêmement renforcées par le développement de coordinations sur la santé, l’eau, le rail… sans oublier notre lutte commune contre le changement de statut de La Poste ! Ajoutons à cela le développement de convergences transversales contre les traités ­internationaux ou en opposition aux politiques d’austérité.

De nombreuses luttes locales ont lieu contre les politiques d’austérité et les fermetures de services publics qu’elles génèrent. Pour regrouper ces combats, quelles sont les difficultés et comment les dépasser ?

De nombreuses luttes locales sont menées et parfois remportées. Mais la politique d’austérité entraîne un effet de vases communicants : gagner à un endroit signifie souvent la fermeture à un autre et/ou la remise en cause plus ou moins rapide de la victoire obtenue. La nécessité de globalisation devient donc de plus en plus évidente.

Les mobilisations comme celles de Lure ou des Abrets montrent que l’on est en train de dépasser le cadre local (union de nombreux maires et donc des militants et habitants) et d’avoir une dimension transversale, l’exigence globale de services publics. De plus, l’interaction entre services publics apparaît désormais évidente. Comment vouloir qu’une structure ou un professionnel s’implante, par exemple un médecin, dans un secteur sans poste ni école ni hôpital ? De plus, la remunicipalisation de l’eau, avec Paris comme symbole, remet au goût du jour l’idée d’étendre la lutte pour les services publics au-delà de leur périmètre actuel. Il faut agir pour accompagner ce processus et aider à sa structuration.

Quels sont les objectifs des deux journées de mobilisation de Guéret ?

Un « village des services publics » se tiendra le samedi 13 juin à 10 h avec des débats aux thématiques variées. On pourra prendre contact avec les collectifs et renforcer les convergences entre eux, et entre organisations, afin de croiser les expériences et rompre le sentiment d’isolement. Lors des débats nous espérons avancer sur l’idée du service public comme bien commun, accès aux droits et outil nécessaire à l’égalité femmes-hommes et à la protection de notre environnement.

La grande manifestation prévue à 14 h permettra de relancer la mobilisation pour le service public. Le concert du soir ainsi que l’ensemble de la journée sont organisés pour que les militants et les citoyens passent un agréable moment : utile, amical et festif.

Le dimanche sera consacré au lancement des Assises du service public du 21e siècle pour bâtir un nouveau projet pour le service public, socle d’une nouvelle démocratie économique et sociale.

La convergence regroupe de nombreux collectifs, coordinations, associations, syndicats et partis. Comment construire du commun ?

C’est par le dialogue, la prise de conscience de nos différences et de nos convergences, par les combats communs qui en découlent, que nous conjuguerons nos forces. Il ne s’agit pas de nier nos différences, de fusionner mais de converger. Tout simplement. Depuis 10 ans, seul ce processus a été concluant. Il faut rendre le processus de convergence pérenne, ne pas le lier à des échéances électorales, professionnelles ou politiques.

L’actuel président de la République avait participé à la manifestation de mars 2005... Aujourd’hui, les attaques sont le fait d’un gouvernement qui se prétend de gauche. Quelles conséquences sur la mobilisation ?

Rien de ce que portent ou disent Valls et Macron ne peut être lié à l’histoire du mouvement ouvrier… En 2005, la présence de François Hollande favorable à la Constitution européenne qui accélérait le délitement de nos services publics, a été vécue comme une provocation. Ce n’est pas le secrétaire général du PS qui était visé par les boules de neige mais le responsable de la victoire du Oui au sein du premier parti de la gauche. Les leaders socialistes du Non y étaient les bienvenus tout comme le seront, les 13 et 14, les élus, responsables et militants du PS favorables aux services publics et opposés à la politique d’austérité.

Aujourd’hui l’attaque globale sur les services publics, la protection sociale et le code du travail, crée la nécessité d’un large rassemblement. C’est d’ailleurs la raison principale de cet arc de cercle, je crois, sans précédent. Mais il y a bien sûr les difficultés : la mobilisation citoyenne et militante est compliquée car les attaques sont tous azimuts, les défaites légions et sur des fondamentaux tels que le repos hebdomadaire, les prud’hommes, les CHSCT, etc. Il y a de quoi être sonné !

Cela nécessite des luttes permanentes et éparses qui sapent les capacités de mobilisation des organisations nationales. C’est donc déjà une formidable victoire d’avoir trouvé l’énergie d’organiser une telle journée de mobilisation et de lancer le processus des Assises pour un service public du 21e siècle. Et c’est une heureuse surprise de voir que, de toute la France, accourent des militants qui s’organisent en co-voiturage, en car, en train, pour se rendre à Guéret, de Nice, de Grenoble, de Lille, de Quimper, de Tarbes, de Lure, etc.

Dans toute l’Europe, les politiques austéritaires remettent en cause les services publics. La Convergence cherche-t-elle à tisser des liens entre les luttes dans différents pays ?

Des liens existent via les organisations associées à la Convergence, notamment les organisations syndicales, associatives, politiques et les coordinations qui travaillent avec nous : ainsi, Jean-Claude Chailley, du secrétariat de la Convergence, revient d’une délégation en Grèce pour la Coordination nationale des hôpitaux et maternités de proximité. Nous sommes en contact avec l’EPSU qui soutient Guéret et avec la Marche pour une Europe solidaire et démocratique. Des responsables de Podemos et de Syriza seront présents à Guéret.

Il est intéressant de pouvoir croiser les expériences de luttes dans les services publics, analyser l’existant, les expériences menées dans les autres pays d’Europe et du monde. Pour l’instant, les convergences au niveau européen sont sectorielles (eau, rail, poste, santé) et les coordinations s’y attellent. L’actualité, en Grèce comme en Espagne, peut permettre des convergences sur la problématique globale du service public. Cela nécessite du temps, de l’énergie, des militants maniant plusieurs langues… Une affaire de moyens humains et financiers. À Guéret, cette problématique aura toute sa place, tout comme celle de la lutte contre les traités internationaux (Tafta, ACS). Cela sera abordé de manière transverse mais aussi dans un débat spécifique le samedi avec des militants d’autres pays européens.

Lors de la journée de dimanche, il nous faudra étudier les modalités de sa prise en charge. Ne pourrait-on pas envisager que la notion de service public soit le socle de la refondation d’un projet européen émancipateur ? Cela nécessite de bâtir un rapport de forces réel pour les services publics dans de nombreux pays, tout en créant en parallèle les conditions de cette convergence. Bref du travail en perspective !

Propos recueillis par Côme Pierron

A) Guéret, 5 mars 2005, 29 mai 2015 : dix ans après

Source : https://www.lepartidegauche.fr/actu...

Le samedi 5 mars 2005, des milliers de personnes défilaient malgré la neige et le froid vif à Guéret (Creuse) en défense des services publics. Le rassemblement faisait suite à la démission, le 23 octobre 2004, de 263 élus creusois pour protester contre la disparition des services publics après l’annonce de la fermeture de plusieurs perceptions dans la Creuse.

Ce département du Limousin était devenu, depuis, le symbole du déclin des services publics. Parmi les responsables politiques, élus et représentants de syndicats on notait la présence de François Hollande, alors secrétaire national du PS et Président du Conseil général de la voisine Corrèze. L’édile socialiste déclarait ceci à la presse : « L’enjeu méritait tous les efforts pour venir jusqu’ici. Au-delà de la défense des services publics, c’est la défense d’un territoire, c’est la défense d’une conception de la vie, c’est-à-dire de l’égalité de tous pour accéder aux services essentiels, que ce soit le chemin de fer, l’école, les recettes des finances. Il faut que nous ayons à chaque fois, où que nous soyons, accès aux services publics ». A l’époque déjà, beaucoup des manifestants reprochaient la duplicité de Hollande jusqu’à lui lancer des boules de neige. Il est vrai que le 1er secrétaire du PS faisait campagne pour le oui au très libéral Traité constitutionnel européen et que les députés de son parti votaient, déjà, pour les mesures de libéralisation du service public au Parlement européen. D’ailleurs beaucoup des manifestants de ce 5 mars mêlaient les slogans sur le refus du TCE à ceux défendant la préservation du service public. Deux mois et demi après, le 29 mai très exactement, c’est leur cause qui l’emportait : le NON au TCE triomphait avec près de 55% des suffrages dans un référendum au taux de participation record de 70 % !

Dix ans après, la situation des services publics s’est profondément détériorée. Dix ans après les partisans du oui, libéraux de droite comme de « gauche », ont contourné la souveraineté populaire en appliquant aux peuples européens la potion néolibérale et austéritaire contenue dans le TCE. La méthode : le Traité de Lisbonne, duplicata du TCE, adopté le 4 février 2008 par le Congrès réuni à Versailles grâce aux voix de droite et à la complicité de 152 des parlementaires socialistes qui s’abstenaient suivant ainsi les consignes de François Hollande. Le même François Hollande, élu président, signant en septembre 2012, malgré ses engagements de campagne, le TSCG qui aggrave encore le Traite de Lisbonne. Car dix ans après c’est François Hollande qui applique en France une politique qui démantèle toujours plus les services publics et l’Etat social. Comme quoi les lanceurs de boules de neige avaient visé juste.

Le 29 mai 2005 nous aurons ainsi l’occasion de célébrer l’une des irruptions populaires et démocratiques dont notre peuple a le secret quand on s’y attend le moins. Rarement débat politique aura été aussi intense que cette campagne référendaire. A l’époque la gauche du NON reprochait au TCE d’amener l’UE à la catastrophe à force de donner la main au marché et à la finance au mépris de la souveraineté populaire. Là encore ce sont les peuples qui avaient vu juste. Quant à l’UE, toujours sous la férule de Berlin et de Bruxelles, elle prétend toujours imposer aux peuples ce qu’ils ne veulent pas comme le montre l’inflexibilité scandaleuse de l’Euro groupe face au gouvernement grec de Mr Tsipras.

Les 13 et 14 juin à Guéret, le collectif Convergence pour les Services publics fêtera donc également le dixième anniversaire de Guéret 2005. L’événement est important. Il y a en effet péril en la demeure. Ce n’est plus de détérioration de services publics dont il est question mais bien du risque de leur quasi disparition. Pensons-nous, par exemple, que le réalisateur Michael Moore, auteur en 2007 du documentaire Sicko, apologie du système de santé public français face à celui des USA, ferait aujourd’hui le même film ? Les services publics sont en effet attaqués sous trois angles : les mesures de dérégulation et d’ouvertures à la concurrence votées au parlement européen ; les politiques d’austérité qui les privent de toujours plus de moyens financiers, matériels et humains ; l’Acte 3 de la décentralisation qui remplace dans les faits le principe l’égalité républicaine sur toute le territoire, dont les services publics étaient les garants, par celui de compétitivité à tous les étages. La réforme territoriale constitue le plus grand danger. Sous couvert de décentralisation, elle va donner aux grandes régions toujours plus de compétences en matière de politique publique mais sans les moyens financiers ad hoc, d’où l’utilisation toujours plus grande de l’arnaque des Partenariats Public-Privé. Elle va réformer en profondeur et structurellement le pays, tournant le dos ainsi aux principes égalitaires et républicains de la révolution de 1789 dont les services publics sont l’un des outils indispensables.


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