Yézidis. "Les forces de l’EI ont commis des viols de manière organisée et systématique"

dimanche 19 avril 2015.
 

La situation des yézidis, cette minorité kurde d’Irak opprimée par l’Etat Islamique, est de plus en plus documentée et alarmante. Les témoignages de femmes qui se sont échappées, recueillis en nombre par Human Right Watch, se révèlent terrifiants.

Une alerte à la menace de génocide sur le peuple yézidis a été lancée le mois dernier par l’ONU, aujourd’hui c’est Human Right Watch qui rassemble plusieurs témoignages édifiants des conditions de traitement des femmes kurdes par les djihadistes de l’Etat Islamique. Human Right Watch a documenté plusieurs cas qui pourraient constituer des crimes contre l’Humanité : « Les viols massifs et les autres graves abus commis par l’EI à l’encontre des civils yézidis peuvent constituer des crimes contre l’humanité. Les crimes contre l’humanité consistent en de graves infractions, parmi lesquelles le viol, l’esclavage sexuel, la mise en esclavage, l’emprisonnement illégal, la persécution d’un groupe religieux et d’autres actes inhumains causant intentionnellement de grandes souffrances, et qui s’inscrivent dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique contre une population civile. »

L’ONG a ainsi recueilli de nombreux témoignages de femmes, certains insoutenables. Ils apportent une nouvelle preuve des menaces qui pèsent sur le peuple yézidis.

Dilara, 20 ans. « À partir de 9h30 du matin, des hommes venaient acheter des filles pour les violer. J’ai vu de mes propres yeux des combattants de l’EI tirer les cheveux des filles, les battre et frapper à la tête celles qui tentaient de résister. Ils étaient comme des animaux…. Après avoir traîné les filles dehors, ils les violaient, puis les ramenaient en échange de nouvelles filles. L’âge des filles allait de 8 ans à 30 ans… il ne restait plus que 20 filles à la fin. »

Liesl Gerntholtz, directrice de la division Droits des femmes à Human Rights Watch, constate : « Les forces de l’EI ont commis des viols de manière organisée, des agressions sexuelles et d’autres crimes atroces à l’encontre de femmes et de filles yézidies ». « Celles qui ont eu la chance de s’échapper ont besoin d’être soignées pour le traumatisme inimaginable qu’elles ont subi. »

Leila. Ses ravisseurs, des Libyens, l’ont forcée à prendre un bain, elle savait que c’était typiquement le prélude à un viol. « Je suis allée dans la salle de bains, j’ai ouvert les robinets, je suis montée sur une chaise pour saisir le fil de l’ampoule électrique afin de m’électrocuter, mais il n’y avait pas d’électricité. Quand ils ont compris ce que je faisais, ils m’ont battue avec un long morceau de bois et à coups de poing. Mes yeux étaient tuméfiés et mes bras étaient bleuis. Ils m’ont menottée au lavabo, puis ont découpé mes vêtements avec un couteau et m’ont lavée. Ils m’ont sortie de la salle de bains, ont amené [mon amie] dans la pièce et l’ont violée devant moi. » Leila a été violée plus tard. Elle a affirmé avoir de nouveau tenté de se suicider et a montré à Human Rights Watch les cicatrices sur ses poignets où elle s’était tailladée à coups de rasoir.

La ville de Dohouk, au kurdistan irakien, a accueilli 150 de ces femmes qui ont réussi à s’enfuir des mains de l’EI. Toutes n’ont pas eu immédiatement accès à des soins médicaux pour les blessures subies ; à des produits contraceptifs d’urgence ; à des services d’avortement sûrs et légaux, à des services de santé reproductive ; ni à un soutien psychosocial… Un médecin de l’hôpital de la ville témoigne que sur les 105 filles et femmes qu’il a examinées, au moins 70 présentaient des signes de viol.

Il resterait plus de 3000 femmes yésidies captives de l’Etat Islamique. Plus de 5300 morts ont été documentées. 736 000 Irakiens, principalement des Yézidis et des membres d’autres minorités religieuses, ont fui leurs habitations dans la province de Ninive conquise par l’EI, et ont pour la plupart trouvé refuge au Kurdistan irakien.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message