Le sperme affecté par les pesticides ?

samedi 11 avril 2015.
 

Les niveaux de résidus de pesticides les plus élevés dans les fruits et légumes consommés sont associés à une moindre qualité du sperme, selon une étude publiée mardi 31 mars. Notamment en cause : les fraises, les pommes, les poires ou les épinards, dont la teneur en résidus de pesticides est particulièrement élevée.

L’étude, réalisée auprès de 155 hommes, âgés de 18 à 55 ans, fréquentant un centre de traitement de l’infertilité, est publiée mardi dans la revue spécialisée Human Reproduction ; 338 recueils de sperme provenant de ces hommes ont été analysés entre 2007-2012.

Des études précédentes ont déjà montré que les expositions professionnelles aux pesticides pourraient avoir un effet sur la qualité du sperme, mais jusqu’à présent, il y a eu peu de recherches sur les effets des pesticides dans l’alimentation.

Nombre de spermatozoïdes inférieur de 49 %

Selon cette étude, les hommes qui consomment les niveaux de résidus de pesticides les plus élevés dans les fruits et légumes consommés ont un nombre de spermatozoïdes inférieur de 49 % (86 millions par éjaculat contre 171 millions) par rapport aux hommes qui en consomment le moins, ainsi qu’un pourcentage de formes normales de spermatozoïdes inférieur de 32 %.

Pour déterminer la teneur en pesticides dans l’alimentation, la consommation en fruits et légumes des participants a été évaluée par questionnaire. Les niveaux de résidus de pesticides ont été estimés sur la base des données du ministère de l’agriculture américain. Les fruits et légumes consommés ont été ainsi répartis en groupes en fonction de leur teneur en résidus de pesticides : basse (pois, haricots, pamplemousse et oignons...), modérée ou élevée (fraises, épinards, poivrons, pommes, poires...). Le fait de laver et peler ces aliments a été pris en compte mais pas la nature des produits consommés (« bio » ou pas).

« Ces résultats suggèrent que l’exposition aux pesticides utilisés dans la production agricole pour l’alimentation peut être suffisante pour affecter la spermatogenèse chez l’homme », selon les auteurs. Ils admettent toutefois que leur étude a certaines limites et que « d’autres recherches sont nécessaires ». Ce type d’étude sur des couples consultant pour infertilité ne permet pas d’extrapoler à l’ensemble de la population masculine sans regarder si on y retrouve la même association. De plus, outre le petit nombre de participants, la mesure des pesticides n’était pas directe, selon des spécialistes. Privilégier les produits « bio »

Malgré tout, pour le professeur de nutrition et d’épidémiologie Jorge Chavarro (Harvard Medical School, Boston), co-auteur de l’étude, « ces résultats ne doivent pas décourager la consommation de fruits et légumes en général ». Il suggère néanmoins de privilégier la consommation de produits « bio » ou d’éviter les produits connus pour contenir de grandes quantités de résidus.

Entre 1989 et 2005, la concentration en spermatozoïdes avait déjà chuté d’un tiers chez les Français. Une étude sur la fertilité masculine en France, conduite par l’Institut de veille sanitaire (InVS) et publiée en février 2014 dans Reproduction avait permis d’opérer une discrimination régionale. Le résultat était une suspicion accrue sur les pesticides, les régions de viticulture (Aquitaine et Midi-Pyrénées) étant parmi les plus touchées.


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