Jean-Claude Juncker veut une armée européenne pour apeurer la Russie !

lundi 16 mars 2015.
 

On ne pourra pas reprocher à Jean-Claude Juncker de ne pas parler cash. Il se déclare en effet favorable à une armée européenne. Pourquoi faire ? « On ne créerait pas une armée européenne pour l’utiliser immédiatement . Mais une armée commune à tous les Européens ferait comprendre à la Russie que nous sommes sérieux quand il s’agit de défendre les valeurs européennes ». Pas « immédiatement » dit le Président de la Commission européenne…

Ne cherchez pas : à part quelques journaux, dont l’Humanité, cette déclaration pour le moins belliciste n’a pas ému les médias, pas plus d’ailleurs que l’entrée d’une division de parachutistes nord-américains en Ukraine. Elle ne colle évidemment pas à la vision géostratégique unilatérale de la médiacratie. Celle que l’on veut nous vendre : un camp « raisonnable » défendant la démocratie, la paix et le respect des frontières face au nouveau représentant de l’axe du mal que serait la Russie de Poutine.

Plus que jamais nous refusons cette mascarade où l’on nous somme uniquement de choisir un camp : pour ou contre Poutine. Ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est celui de l’escalade des conflits sur notre continent au risque de dégénérer en guerre. C’est la priorité. Nous nous y opposons de toutes nos forces. Elle ne nous conduit évidemment pas à taire les critiques vis-à-vis d’un régime qui n’a jamais hésité à se montrer autoritaire, et d’ailleurs particulièrement dur envers les forces qui nous sont proches, mais cela ne nous fera pas tomber dans le panneau en suivant la propagande de l’OTAN et de ses affidés type Juncker.

Quelles sont donc, d’ailleurs, ces « valeurs européennes » communes ? Celles que les Européens seraient censés défendre jusqu’à menacer d’utiliser, si on a bien compris M. Juncker, une armée commune heureusement encore à l’état de mirage ? La démocratie et le respect du droit ? Voilà qui fera sourire d’aise M. Orban en Hongrie. Le respect de la souveraineté du peuple ? La façon dont l’UE contourne régulièrement le suffrage universel, dont le dernier exemple est le chantage exercé à l’encontre de la Grèce , en est la négation cynique. Le respect intangible des frontières ? Doit-on rappeler que l’UE, dont ses principales puissances à commencer par l’Allemagne, l’a foulé en favorisant puis accélérant le démantèlement de la Yougoslavie dans les années 90 ? Pour l’ancien Premier Ministre du paradis fiscal qu’est le Luxembourg, il s’agit évidemment de toutes autres valeurs : les intérêts du bloc « occidental » auquel le TAFTA, cet OTAN économique, devrait bientôt permettre de poser la dernière pierre. En ces temps où les BRICS s’organisent, comme le montre la mise en place d’une nouvelle banque de développement, cette confrontation entre blocs est donc tout à fait concrète au point de susciter ces menaces à peine voilées, doublées d’agissements sur le terrain qui eux ne le sont pas.

C’est dans ce contexte particulièrement lourd que surviennent les élections départementales. On en connaît le résultat. Il nous est vendu ainsi depuis des mois : le FN en tête sur fond d’abstention très majoritaire. Quoi d’étonnant ? Rien n’est fait pour rendre lisible cette élection. Déjà, elle se déroule au moment de l’adoption d’un acte 3 de la décentralisation qui justement dévitalise, pour conduire à leur suppression, les départements. Plus profondément, les partis qui se partagent les majorités institutionnelles ont discrédité la parole politique à force de reniements, de capitulations, d’abandons et de liens étroits, à peine dissimulés, avec les intérêts de l’oligarchie. On exagère ? La façon dont le lobby des sociétés autoroutières vient de l’emporter sans faille (« on allait voir ce qu’on allait voir pourtant » expliquait le gouvernement et les députés en décembre face à ce véritable scandale qu’a été la privatisation des autoroutes) en constitue une démonstration supplémentaire. C’est bien la démocratie qui est menacée, trimbalée dans le corbillard de la 5ème République dont Mme Le Pen est en passe de devenir le croque-mort le plus symbolique, elle que l’on nous annonce comme la possible gagnante de 2017.

Que font le gouvernement et le PS face à cela ? Hollande a prévenu : quel que soit le résultat et le vote des français, il poursuivra la même politique. On appréciera le caractère démocratique de cette obstination. Dès lors, Valls et Cambadélis ressortent la seule arme qu’ils connaissent : l’unité de la « gauche » face au FN. Entendez autour d’un parti dont la politique de droite de son gouvernement rend justement illusoire toute unité. D’ailleurs ce n’est pas ce qu’ils cherchent : les candidatures sont déposées, la campagne quasi terminée. Ils ambitionnent donc juste de siphonner les voix des candidatures de la gauche non gouvernementale. Pitoyable opération qui ne peut que mobiliser davantage l’électorat d’un FN présenté toujours plus comme le parti central de la vie politique, et augmenter l’abstention de citoyens écoeurés par ces vieilles ficelles politiciennes.

Dans ce désastre annoncé, il est pourtant possible de poser des jalons pour l’avenir. Ils seront indispensables pour renforcer ceux, dont nous sommes, qui refusent de se résoudre au scénario cataclysmique annoncé pour 2017. Quelles qu’en soient la difficulté et l’ampleur, il faut donc dans la dernière ligne droite se mobiliser pour toutes les candidatures « citoyennes » que nous avons réussi à mettre en place sur le territoire. Même si les manipulations du Ministère de l’Intérieur sur les étiquettes le dénatureront en partie au plan national (voir à ce sujet l’article ici ), le tableau d’ensemble présente plusieurs intérêts. Dans la quasi-totalité des départements, l’ensemble du FdG, suivant ainsi une stratégie définie nationalement, se retrouve uni derrière des candidatures clairement autonomes des partis de gouvernement.

Cela ne résout pas toutes les difficultés du FdG, cela n’évite pas certains désaccords dans quelques départements, mais c’est évidemment un tout autre profil qu’au moment des municipales. Dans plus de 35 départements, cet accord s’élargit de manière significative à EE-LV mais également à d’autres forces non gouvernementales comme Nouvelle Donne. Cela concernerait au moins 400 cantons dans toute la France. Et si les démarches d’implication citoyenne que nous entendons bien généraliser car indispensables à toute alternative crédible future, sont encore trop timides, nous pouvons quand même espérer des résultats intéressants. Effectifs, ils montreraient à tous ceux qui veulent ainsi tester la pertinence de ces nouvelles alliances qu’une autre voie, celle d’une recomposition politique en profondeur, est possible. Dans ces temps difficiles, ce serait un encouragement important tant il est bien plus ardu encore de reconstruire sur seulement des décombres. Du moins quand le temps presse. Autant d’éléments qui justifient de pleinement se mobiliser pour la dernière semaine de campagne.


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