Cécile Duflot face au gouvernement et favorable à une force politique nouvelle

vendredi 13 mars 2015.
 

POUR CÉCILE DUFLOT « NOUS SOMMES À L’AUBE D’UNE RECOMPOSITION POLITIQUE MAJEURE ». L’ancienne ministre et ex-première secrétaire nationale d’EELV s’est prononcée à nouveau contre un retour de son parti au sein du gouvernement, et pour l’émergence d’une nouvelle force politique.

Deux tendances s’affrontent à Europe Écologie-Les Verts. Ceux qui se verraient bien retourner au gouvernement après les élections départementales, à l’instar du sénateur Jean-Vincent Placé. Et ceux pour qui l’écologie n’a pas d’avenir au sein du gouvernement Valls, comme l’ancienne ministre du Logement, Cécile Duflot. « Les raisons qui ont conduit à notre sortie demeurent : ce gouvernement ne porte pas de solutions susceptibles de combattre la crise écologique et sociale », a déclaré hier dans Libération l’actuelle députée de Paris.

« Soit les écologistes renoncent à transformer la société, acceptent le cadre actuel, et rien ne changera. Soit nous participons à l’émergence d’une nouvelle force politique », ajoute celle qui fut secrétaire nationale des Verts, puis d’EELV, de 2006 à 2012.

Cet entretien, par bien des aspects, coupe l’herbe sous le pied de François Hollande, au cas où le président de la République espérait prochainement recomposer son gouvernement avec l’intégralité d’EELV sans scissions ni , fractures internes. Il rappelle aussi, par la voix d’une des plus importantes figures du parti écologiste, qu’une alternative au cap libéral et austéritaire de l’exécutif doit se construire.

« Nous sommes à l’aube d’une recomposition politique majeure (...). Il faut que les progressistes soient dans une logique de rassemblement », précise Cécile Duflot, qui défendait déjà cette ligne, aux côtés du Front de gauche, lors d’un meeting de soutien à Syriza, le 19 janvier, à Paris, dans le gymnase Japy.

Depuis, Front de gauche et militants d’EELV se sont retrouvés au sein d’une plateforme commune : les Chantiers de l’espoir. Ils ont aussi tissé des alliances inédites par leur ampleur pour les élections départementales, dont la campagne se déroule actuellement. « Sur le terrain, la base des militants d’EELV regarde dans une autre direction que (celle de) la politique gouvernementale, mesure le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles. J’ai le sentiment que le positionnement de Cécile Duflot est majoritaire à EELV » Pour preuve, . le vote des militants, qui a conduit les écologistes à se présenter dans environ 1 000 cantons, « dans 45 % des cas avec au moins une composante du Front de gauche, 36 % en autonomie, 16 % en alliance avec le PS et, dans le reste des cas (3 % ­ NDLR), à la fois avec le PS et le PCF », comme le rappelait dans l’Humanité David Cormand, secrétaire national adjoint d’EELV notamment en , charge des élections. Front de gauche et Verts peuvent se tendre la main

« Le centre de gravité des Verts, ce n’est pas Jean-Vincent Placé, observe Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble. Mais c’est une force qui se cherche. Je trouve inquiétant qu’Emmanuelle Cosse, la première secrétaire nationale d’EELV puisse ne pas avoir de point , de vue sur la participation au gouvernement ou non alors que les orientations de Hollande et Valls sont clairement établies.

Le choix des militants pour les départementales, par contre, est clair : le Front de gauche et les Verts peuvent se tendre la main, nous pouvons inventer ensemble le chemin du XXIe siècle pour le progrès humain écologique et social. Je suis d’ailleurs d’accord avec Cécile Duflot quand elle dit que l’alternative se construira via une ``force politique avec un grand P’’. Une force culturelle, sociale et civique. »

Olivier Dartigolles, Clémentine Autain et Éric Coquerel, coordinateur général du Parti de gauche, s’entendent pour dire que « la réponse écologique sera sociale ou ne sera pas, et inversement », d’après les mots de la représentante d’Ensemble, et qu’un « écosocialisme, un nouveau paradigme est à bâtir », selon Éric Coquerel, qui ajoute, en accord avec Cécile Duflot : « Nous parlerons d’un candidat commun avec les Verts une fois qu’un espace et un programme communs auront été construits ensemble, comme nous l’avons fait pour le Front de gauche. » « Les 22 et 29 mars donnent aux Français l’occasion de donner de la force à cette convergence », conclut Olivier Dartigolles.

AURÉLIEN SOUCHEYRE, L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message