Soupçons de financement libyen pour Sarkozy : Guéant en garde à vue

dimanche 8 mars 2015.
 

Les juges s’interrogent sur la découverte du virement de 500 000 euros sur le compte de l’ancien ministre de l’Intérieur.

Claude Guéant a été placé en garde à vue vendredi matin (06 03 2015) dans l’enquête sur les accusations de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, selon l’Express.

Dans cette affaire, des juges d’instruction du pôle financier de Paris s’interrogent notamment sur la découverte lors d’une perquisition en février 2013 d’un virement de 500.000 euros sur le compte de l’ancien ministre de l’Intérieur et qui fut pendant dix ans le bras droit de Nicolas Sarkozy. Guéant avait justifié ce virement par la vente à un avocat malaisien de deux tableaux d’un peintre flamand du XVIIe, Andries van Eertvelt. Mais des experts ont contesté la valorisation de ces œuvres.

Les accusations d’un financement libyen de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy avaient vu le jour entre les deux tours de la campagne présidentielle de 2012, lorsque Mediapart avait publié un document évoquant un accord de la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer Sarkozy, dont ce dernier assure qu’il s’agit d’un faux.

Une information judiciaire avait été ouverte en avril 2013, notamment pour « corruption active et passive » et « trafic d’influence » sur ces accusations, et confiée aux juges Serge Tournaire et René Grouman.

C’est la troisième fois que Guéant, qui fut jadis le patron de toutes les polices de France est placé en garde à vue. Il l’avait été une première fois en fin 2013 dans l’affaire des primes en liquide quand il dirigeait le cabinet de Sarkozy quand ce dernier était ministre de l’Intérieur. Dans ce dossier, le parquet national financier (PNF) doit prochainement se prononcer sur un éventuel renvoi en correctionnelle, sur l’ouverture d’une information judiciaire ou sur le classement de l’affaire. Guéant avait également été placé en garde à vue en mai 2014 dans l’affaire de l’arbitrage Tapie/Crédit Lyonnais. Il n’avait pas été présenté aux magistrats instructeurs. Les casseroles de Sarkozy

Quant à Nicolas Sarkozy, qui pourrait finir par être concerné dans ce dossier, il est cerné. Dans l’affaire ses écoutes, il est soupçonné d’avoir promis un poste à un haut magistrat de la Cour de cassation en échange d’informations sensibles dans un autre dossier. Sarkozy a toujours affirmé être parfaitement étranger à cette affaire. « Des chefs d’accusation grotesques », a-t-il balayé en sortant de sa garde à vue, début juillet. Mais derrière la diatribe habituelle contre les magistrats et l’instrumentalisation de la justice, les propos retranscrits par les enquêteurs sont accablants. L’enquête pourrait être bouclée en quelques mois et déboucher sur un renvoi devant le tribunal correctionnel dès l’année prochaine. La corruption active est un délit passible de dix ans de prison, sanction qui peut s’accompagner d’une peine d’inéligibilité.

Dans l’affaire Bygmalion, cette société fondée par des proches de Jean-François Copé a permis à l’UMP de masquer l’explosion des comptes de son candidat lors de la campagne de 2012. Au total, près de 17 millions ont été dissimulés grâce à un vaste système de fausses factures et de double comptabilité révélé par Libération. Une information judiciaire a été ouverte fin juin pour « faux et usage de faux », « abus de confiance » et « tentative d’escroquerie ». Les trois juges financiers en sont encore à exploiter les milliers de documents saisis, mais il semble peu probable que Sarkozy échappe à une convocation dans ce dossier, même si sa responsabilité pénale sera difficile à établir. Pour l’heure, rien ne vient accréditer le fait qu’il ait eu connaissance de ces dérives.

Source : Libération du 06 mars 2015


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