« S’il y en a encore pour nous traiter de laïcards »…

lundi 12 janvier 2015.
 

Rédacteur en chef de Charlie Hebdo, au journal depuis quinze ans, Gérard Biard, en congés à Londres hier, a échappé à l’attaque terroriste. Il témoigne du « choc » provoqué par ce drame.

Joint hier à Londres, où il a, dit-il, «  choisi miraculeusement ses dates de vacances  », Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, se dit «  choqué  », «  bouleversé  » après l’attaque dont a été victime son journal, hier. Comme ses collègues rescapés de ce drame, qui, sont, souffle-t-il, «  effondrés, laminés…  » «  Des gens pénètrent dans la rédaction d’un journal, tirent, abattent froidement des personnes… Comment peut-on se sentir dans ce cas-là  ?  » Gérard Biard trouve «  inqualifiable que l’on attaque un journal avec des armes de guerre  ».

Il y a quelques semaines, en novembre 2014, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo avait participé à la première rencontre du Réseau international féministe et laïque, fondé par Femmes solidaires. Nous l’avions rencontré à cette occasion. «  La démocratie ne peut qu’être laïque, y avait souligné Gérard Biard, car elle pose entre autres principes que toute loi est discutable et opposable, et qu’aucune n’est intangible. Or, la loi divine se proclame immuable par essence, gravée dans le marbre éternel, non soumise à la critique ou à la remise en question. Elle est donc incompatible avec la démocratie, comme on peut le voir sans peine dans bien des pays qui fondent leurs lois terrestres sur la loi divine. Elle est d’autant plus incompatible que Dieu, dès lors qu’on accepte son entrée sur le terrain politique, est un tyran indéboulonnable.  »

Une déclaration très applaudie par l’assistance qui rassemblait des représentant-e-s d’une vingtaine de pays, essentiellement d’Afrique de l’Ouest, du Maghreb et d’Europe. Hier, au bout du fil, Gérard Biard se disait heureux de la (quasi)-unanimité de la réaction dans l’Hexagone  : «  Nous sommes toujours dans une République laïque et démocratique, avec des institutions solides. Nous sommes dans un vrai pays démocratique. Il est criminel de prétendre autre chose.  » Aurait-il pu en être autrement  ? «  Une absence d’union nationale sur un sujet pareil, cela aurait été vraiment inquiétant. S’il y en a encore pour faire la fine bouche et nous traiter de provocateurs, de laïcistes ou de laïcards intégristes, alors là, j’aimerais bien les avoir en face de moi, et qu’ils me le disent de face. Et il faudrait qu’il y ait deux flics pour me tenir…  »

Gérard Biard rédacteur 
en chef de Charlie Hebdo


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