Splendeur des Han, aux racines de l’humanisme chinois

lundi 22 décembre 2014.
 

C’est dans le cadre de la commémoration du cinquantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et la France que l’exposition «  Splendeurs des Han, essor de l’Empire céleste  » accueillera, jusqu’au dimanche 1er mars, les visiteurs du musée national des Arts asiatiques. Un parcours de quatre cents ans que résument plus de deux cents œuvres et objets provenant de musées chinois de provinces aussi diverses que le Xinjiang, Gansu, Hebei, Henan, Hunan, Jiangsu ou le Shaanxi, rassemblées dans une des salles du musée Guimet consacrée aux expositions temporaires. «  Une exposition qui non seulement présente un panorama très général de la création sous les Han, mais aussi quelques-uns de ses plus grands chefs-d’œuvre  », souligne Éric Lefebvre, commissaire de l’exposition et conservateur de la section Chine du musée Guimet. Un événement unique en son genre qui est donc aussi l’occasion de faire, à Paris, un périple à travers près d’une trentaine de musées de la République populaire de Chine.

Deux sculptures monumentales

Trois temps marquent la déambulation et la visite. Le premier s’annonce à l’entrée par une chronologie comparative de l’Empire han et celle, un peu mieux connue peut-être, de l’Empire romain. Il concentre l’attention sur les principaux protagonistes qui, à la suite de la première unification de la Chine opérée par Qin Shi Huangdi en 221 avant notre ère, accompagneront les descendants de Liu Bang, le fondateur, quatre ans après la mort du premier empereur, de la dynastie Han. À côté de deux sculptures monumentales en pierre, plus précisément de Tianlu et Bixie, le premier de bon augure, le second écartant, si possible, les esprits néfastes, on apprend que le premier processus de l’unification de la Chine fut contemporain de la fin de la deuxième guerre punique, marquant le début de l’expansion de l’empire de la République romaine en Méditerranée. Ce sont les figures de l’empereur, de son entourage et de son armée qui sont évoquées par des figurines funéraires, des images sculptées ou peintes de fantassins et de cavaliers des troupes impériales. Mais c’est aussi son aristocratie avec, et c’est sans doute la plus spectaculaire des œuvres présentées, un linceul fait d’écailles de jade cousues de fils d’or récemment découvert dans le tombeau princier. La deuxième partie de l’exposition aborde la base matérielle de la société chinoise sur les quatre siècles que durera la période Han. Le développement de l’agriculture au centre du mode de production impérial, la grande propriété terrienne, le rôle du cheval, la naissance des grandes routes commerciales telle la Route de la soie qui reliera jusqu’au XVe siècle le centre de la Chine aux rives de la Méditerranée après avoir traversé les déserts, les steppes et les montagnes de l’Asie. La troisième partie de l’exposition procède à l’évocation de différentes thématiques. L’architecture et le cadre de vie illustrés par des modèles de terre cuite figurant de hautes tours de bois à plusieurs étages ou des édifices comme des cours de ferme et des enclos pour le bétail. L’écriture, dont la forme est fixée sous le premier empereur mais qui se déploie en art calligraphique sur textile et papier et sert au développement et à la diffusion de la pensée confucéenne au sein de la bureaucratie de l’empire mais aussi, plus généralement, de la famille chinoise. La vie quotidienne, avec de nombreuses figurines polychromes, bronzes ou vaisselles de bois laqué. «  Les Han vont hériter d’un certain nombre de mesures, politiques et administratives mises en place par le premier empereur mais ils vont substituer à son idéologie légiste une idéologie d’une nature différente qui va placer au cœur de la pensée politique les écrits de Confucius, souligne Éric Lefebvre. 
Le visiteur qui sort de l’univers de la Chine de la haute antiquité pour pénétrer dans l’univers des Han est frappé par son humanisme.  » Une entreprise fondatrice aux racines de la Chine contemporaine.

Jérôme Skalski, L’Humanité


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