Crise de direction à la CGT (4 textes)

mercredi 24 décembre 2014.
 

- A) La direction de la CGT cherche une issue (Clotilde Mathieu, L’Humanité)

- B) CGT : crise de direction... ou crise stratégique ? (Alice Dubost, Ensemble)

- C) CGT : la base prend la parole (texte collectif publié sur Mediapart)

- D) Thierry Lepaon répond aux syndiqués, militants...

A) La direction de la CGT cherche une issue (Clotilde Mathieu, L’Humanité)

Dans un climat tendu, la réunion informelle des dirigeants de la Confédération a débattu des moyens de sortir de la crise, avant une réunion décisive de la Commission exécutive.

Quatre minutes. Le temps était compté, hier à Montreuil, pour les secrétaires généraux de la CGT invités par la commission exécutive à s’exprimer sur la crise que traverse leur organisation. Une crise qui «  s’est instaurée au sein même de la CGT  », a estimé Georges Séguy, l’ancien secrétaire général, de 1967 à 1982, dans l’Humanité datée de Lundi, estimant que «  la médiatisation à propos de Thierry Lepaon n’est pas l’essentiel  ». L’ancien secrétaire général de la CGT a «  la conviction  » que ses instances dirigeantes «  parviendront (…) à trouver la solution qui s’impose d’urgence  ».

La réunion d’hier, informelle, visait à préparer le comité confédéral national (CCN), le «  parlement  » de la CGT, prévu le 13 janvier, et à aider la commission exécutive qui doit fixer aujourd’hui son ordre du jour. Selon plusieurs sources, si une majorité de dirigeants s’est dégagée pour pointer les dysfonctionnements de la direction, beaucoup ont posé la question de l’avenir du secrétaire général. Dès vendredi, l’une des plus grosses fédérations, celle des services publics, avait fait connaître publiquement sa position, estimant «  inéluctable le départ de Thierry Lepaon  », (…) « afin que la CGT puisse être en situation de mener l’offensive sur le terrain revendicatif  ». Une motion qui précise que «  si tel n’était pas le cas avant la réunion du 13 janvier du comité confédéral national  », seul habilité à destituer le secrétaire général, la fédération des services publics «  sera alors porteuse d’un mandat de révocation du secrétaire général  ». Lors de la réunion d’hier, la démission de l’ensemble du bureau confédéral a parfois été envisagée. Quelques-uns ont par ailleurs demandé la tenue d’un congrès extraordinaire en 2015, le prochain congrès régulier étant prévu en 2016. Une proposition portée notamment par l’union départementale du Val-de-Marne. Beaucoup ont évoqué leurs craintes de voir s’ouvrir à nouveau une crise de succession, comme en 2012, lors du départ de Bernard Thibault. Pour l’éviter, certains auraient évoqué la mise en place d’«  une direction collégiale  » jusqu’au prochain congrès. Le secrétaire général, Thierry Lepaon, aurait envisagé un possible départ en ces termes  : «  Si ma présence est un frein pour l’organisation, j’en tirerai toutes les conséquences.  » Il reviendra à la commission exécutive confédérale de définir l’ordre du jour du CCN du 13 janvier à partir de ces débats.

B) CGT : crise de direction... ou crise stratégique ? (Alice Dubost, Ensemble)

On pourrait rapprocher la crise de la CGT de celle qui frappe toutes les organisations politiques ou ouvrières devant une crise économique qui perdure et la crise stratégique qui se pose. La particularité est cependant que les syndicats ont pendant longtemps été les organisations auxquelles les salariés et la population faisaient le plus confiance pour les défendre. L’échec de la grève de 2010 contre l’allongement de la durée de cotisation pour la retraite a marqué durablement le mouvement ouvrier. Les prises de position syndicales face aux offensives du gouvernement et du Medef ont encore davantage fragilisé la confiance dans les syndicats. Maintenant, c’est sur la direction des syndicats, et singulièrement le premier d’entre eux, que beaucoup s’interrogent.

Les révélations successives sur le coût d’aménagement du logement ou des bureaux de Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT depuis mars 2013, puis sur l’indemnité « de promotion » de 31000 euros (somme reconnue par le principal intéressé), enfin sur les manœuvres mises en œuvre pour ne pas être forcé de démissionner, mettent au jour un mode de fonctionnement opaque, peu démocratique, d’une partie de la direction de la CGT coupée des réalités du monde du travail.

Mais la démission de Thierry Lepaon - ou sa révocation qui devrait être en débat lors du CCN du 13 janvier s’il n’a pas démissionné d’ici là - ne suffira pas à faire taire la critique. Car de plus en plus de voix, de la base au sommet de la CGT, s’élèvent pour relier cette crise de direction à l’échec, voire à l’absence de politique face à l’offensive libérale. Les positions défendues au fil des négociations heurtent plus d’un militant telle la remise en cause des seuils sociaux (la délégation de la CGT a proposé que dans les entreprises de moins de 50 salariés, les élections se fassent « à la demande de deux salariés », ce qui restreindrait les droits actuels).

L’amertume est d’autant plus grande que l’attente envers la CGT reste forte. Sur de nombreux sujets, les salariés se mobilisent, et ils sollicitent le soutien de la confédération : depuis les luttes des chômeurs (manifestation du 6 décembre) jusqu’au travail du dimanche, la confédération n’est pas à la hauteur des grands enjeux actuels. Ainsi, la fédération des finances (19 novembre 2014) souligne que la réforme territoriale et le développement du syndicalisme des privés d’emploi et des précaires sont des sujets à traiter en urgence.

Trois dimensions se dégagent pour permettre le débat.

La transparence d’abord sur le fonctionnement de la direction d’un syndicat est une exigence portée par la totalité des syndicats s’exprimant. Mais la moralisation de la vie publique, si elle répond à un besoin largement exprimé (ne serait-ce que pour contrer le « Tous pourris » si répandu), ne saurait suffire.

Les interventions des instances réclament donc de plus en plus un autre fonctionnement démocratique de la confédération : avec qui a été débattue la proposition de refondation de la représentativité syndicale (avec l’émiettement syndical qu’elle a produit et la fragilisation d’équipes syndicales, y compris CGT) ? Quelles instances ont été réunies pour dénoncer les piquets de grève devant les raffineries en 2010, dont la dynamique permettait une poursuite au conflit sur les retraites ? Certaines prises de position collectives de structures CGT ouvrent à une telle discussion, comme par exemple celle qui explique : « La direction confédérale de notre CGT est aussi confrontée à une crise de ses modalités collectives de fonctionnement et de son efficacité. Refusant et rejetant toute polémique stérile sur les personnes, [le bureau] propose que ce Comité Confédéral National examine les conditions de la mise en œuvre d’une direction collégiale de la CGT. »

Enfin, la discussion stratégique doit être menée largement. Nous ne pouvons ignorer les difficultés aujourd’hui à répondre à la crise économique et à l’offensive libérale. Mais raison de plus pour engager un grand débat sur la riposte à mener. Les mouvements menés par un seul syndicat, et sans coordination, ne peuvent répondre. Il faut donc rassembler, fédérer, combattre. Comme le propose une autre fédération, il faut reconsidérer la « stratégie revendicative confédérée face à un délitement des actions interprofessionnelles dans un contexte où nos militantes et nos militants doutent de la capacité de la CGT à rendre victorieuses nos luttes sociales. » De même, l’Union régionale Ile-de-France met en avant l’exigence d’« Analyser nos capacités de mobilisation, l’impulsion confédérale et débattre de la stratégie CGT ».

La question de la stratégie unitaire est très fortement posée au sujet des trois journées interprofessionnelles de la CGT en 2014 : aucune n’a fait l’objet de propositions unitaires et toutes ont été marquées par des échecs. La dernière, le 16 octobre, portait sur un thème qui aurait pu être rassembleur (le budget de la Sécurité sociale).

Revient aussi la question d’un vrai projet syndical à même de répondre à l’éclatement du salariat entre entreprises donneuses d’ordre et sous-traitantes, entre grandes et petites entreprises, entre salariés précaires et stables, y compris dans la fonction publique).

Signalons quelques expériences unitaires qui, au-delà de l’engagement quotidien des militants sur le terrain, montrent que le syndicalisme porte sans cesse du renouveau.

· A Paris, un comité de liaison Interprofessionnel du commerce (CLIP) rassemble les syndicats parisiens du commerce depuis 2010. La manifestation contre le travail du dimanche du 14 novembre (plus de 2000 manifestants) a été la plus grosse manifestation de salariés du commerce à Paris depuis longtemps. Une assemblée populaire unitaire, rassemblant partis politiques, syndicats, contre le travail du dimanche a eu lieu le 4 décembre 2014. Même une partie du PS commence à s’interroger sur cette remise en cause du dimanche chômé.

· Contre l’extrême droite, une action unitaire régulière rassemble CGT, Solidaires, FSU, UNEF, associations. Cette structure continue à élaborer des analyses et à maintenir le cap de la dénonciation des prétentions sociales du FN dans les entreprises et la société.

· La Fondation Copernic a été à l’origine d’un Observatoire de la répression et de la discrimination syndicale, auquel participent CGT, CFTC, FO, FSU, Solidaires, SAF, SM et de nombreux chercheurs, et qui vient de publier son rapport annuel.

· Enfin, citons l’exemple des journées intersyndicales femmes, coorganisées par CGT, Solidaires et FSU qui chaque année rassemblent des centaines de participant-e-s.

C’est le décalage entre ce syndicalisme vivant, de terrain, unitaire, et une confédération sans capacité d’initiative efficace dans les mobilisations et face à l’ampleur de la crise sociale et politique, refusant par exemple de participer à la manifestation du 15 novembre dernier contre l’austérité, refusant d’agir aux côtés de forces politiques de gauche dans une situation très grave, qui est au centre de la crise de la CGT. Le syndicat des journalistes CGT « demande qu’on en revienne aux décisions du dernier congrès confédéral afin que soit mise en œuvre une ligne d’action syndicale claire et offensive face aux attaques permanentes du patronat et du gouvernement Valls contre les acquis sociaux, mais aussi contre les plans d’austérité prônés par l’Union européenne » (5 décembre 2014).

L’engagement ferme de la CGT pour défendre tous les acquis ouvriers est fondamental. Sa volonté se vérifiera à travers les mobilisations unitaires qu’elle saura bâtir. Sa capacité à s’ouvrir sur des mouvements sociaux est vitale.

Alice Dubost

C) CGT : la base prend la parole (Par Jean-Pierre Anselme, Mediapart)

Événement sans précédent à la CGT, depuis lundi, une pétition circule à l’intérieur de la première centrale syndicale française pour réclamer la démission de Tierry Lepaon et de l’ensemble du bureau confédéral. Les signataires du texte dénoncent un « abandon du syndicalisme de lutte de classes » depuis le début des années 90 et plaident pour une réorientation stratégique.

« La négociation au détriment de l’action, les gages donnés au patronat et au gouvernement, l’institutionnalisation... » (AFP)« La négociation au détriment de l’action, les gages donnés au patronat et au gouvernement, l’institutionnalisation... » (AFP)

« L’affaire Lepaon a été pour beaucoup un révélateur des dérives du fonctionnement confédéral, mais pour nous cela vient de loin et c’est ce qui nous a décidé à rédiger ce texte » explique Philippe Cordat, secrétaire du comité régional de la CGT-Centre. C’est de là qu’est partie une pétition réclamant le départ « collectivement et sans délai » des dirigeants de la centrale syndicale qui « ont perdu toute crédibilité et représentativité pour parler au nom de la CGT ».

Parmi les premiers signataires de la pétition figurent des secrétaires généraux d’unions locales et départementales, de comités régionaux ou de chômeurs, d’anciens membres de la direction nationale du centre, du nord et du sud-est de la France. « Quantité de signatures arrivent chaque jour » se félicitent les promoteurs de la pétition. Parmi elles, certaines pèsent particulièrement lourd, comme celle de Patrick Picard, secrétaire de l’union départementale de Paris,

Adressée au départ aux organisations (fédérations, union départementale et locales, comités régionaux) qui composent le comité confédéral national (convoqué le 13 janvier en session extraordinaire par la commission exécutive confédérale, le CCN, le « parlement » de la CGT, est la seule instance habilitée à destituer le secrétaire général), la pétition est maintenant signée aussi par la base de la CGT, les syndicats, les unions locales, les syndiqués.

« NOUS VOULONS UN DÉBAT DE FOND »

Anticipant les tentatives d’arrangements au sommet, la pétition proclame qu’ « au risque qu’elles se renouvellent demain, de telles “affaires” ne sauraient se régler à travers la rivalité de clan, ou par les luttes stériles d’appareil, de dirigeants qui ont failli aux responsabilités qui leur avaient été confiées et qui de plus ont fait le choix de vivre totalement en dehors des réalités qui sont celles des travailleurs. »

Les points sont mis sur les i : « Cette crise ne se résoudra pas en cédant aux pressions d’où qu’elles viennent et pas davantage en procédant simplement à quelques remplacements de personnes ! » Précisant leur pensée, les auteurs de la pétition fustigent le patronat et le gouvernement accusés d’intervenir « directement dans la vie de la CGT (...) en spéculant sur les noms de celles ou ceux qu’ils voient être califes à la place du calife ».

« Nous ne voulons pas rentrer dans un débat technique » explique Armelle Bruant, cadre et militante CGT à l’usine TDA Armements, dans le Loiret, et une des initiatrices de la pétition. « Qui sera le futur secrétaire général, ça m’est égal... Il s’agit de rédéfinir l’orientation stratégique du syndicat ! » « Nous voulons enclencher un débat de fond » renchérit Philippe Cordat.

« Ce qui est sans doute "la pointe émergée de l’iceberg" n’est-il pas au fond le résultat d’une rupture avec ce qu’était la CGT ? N’est-ce pas le résultat d’une capitulation qui a contribué à démobiliser, à désarmer et démoraliser les militants et les travailleurs eux-mêmes ? » interroge le texte qui tire à boulets rouge contre les rapports privilégiés avec la CFDT, depuis le début des années 90, avec pour corollaire « la négociation au détriment de l’action, les gages donnés au patronat et au gouvernement, l’institutionnalisation, la bureaucratisation de l’appareil confédéral et de sa direction ».

« LA “POLIITIQUE CONTRACTUELLE”

EST UNE MASCARADE »

Et les signataires de la pétition de lister ce qui leur reste en travers de la gorge. Notamment, « les récentes déclarations à la presse du secrétaire général affirmant “qu’il n’y a pas d’opposition de principe entre patronat et salariés ” ou celle selon laquelle il y aurait “effectivement un problème de coût du travail dans certaines professions ”... »

C’est une certaine conception de syndicalisme, celle des « partenaires sociaux » et du « dialogue social », qui prévaut depuis une vingtaine d’année, qui est ainsi mise sur la sellette. « La “politique contractuelle” est une mascarade », s’insurge Armelle Bruant. « C’est du même tonneau que le lean management appliqué dans toutes les entreprises, du privé comme du public. Une méthode vicieuse qui vise à faire croire aux salariés que leurs intérêts sont les mêmes que ceux des directions. »

La CGT « a toujours autant de mal à dégager une ligne claire », se lamentait récemment le quotidien néolibéral La Tribune. Très prosaïquement, le patronat et le gouvernement redoutent que la crise de la première centrale syndicale en France finissent par déboucher sur un coulage de leur « politique contractuelle », déjà bien mal en point. Ce n’est pas le passage de la « lutte des places » à la lutte des classes, revendiquée par les signataires de la pétition, qui va les rassurer. À suivre


PREMIERS SIGNATAIRES

Alain BORG secrétaire général de l’UD du Loir et Cher, Philippe CORDAT secrétaire général du comité Régional de la CGT Centre, Sébastien MARTINEAU secrétaire général de l’UD du Cher, Michel PINAULT secrétaire général de l’UL de la CGT de St Florent/Cher, Charles HOAREAU membre du bureau de l’UD des Bouches du Rhône ancien responsable du Comité National des Chômeurs et précaires de la CGT, Jean-Pierre PAGE ancien membre de la Commission Exécutive Confédérale (1991-2000) et responsable du département international de la CGT, Fabien BURDINO secrétaire général de l’UL CGT de Port St Louis et membre CE UD 13, Olivier MATEU secrétaire UD CGT 13, Luisa BENBOUZID ancien membre du bureau national du comité chômeurs CGT, Philippe BAOT ancien membre du bureau du comité national des chômeurs CGT, Robert RABOTOT, Richard PALAO CE UL d’Orléans responsable UFROS 45, Lucie PRIARONE retraitée CGT agro 3, Alain GUILMAIN secrétaire de l’UD CGT de Loir et Cher, Régis BARBOU secrétaire général de l’UL CGT de Romorantin, Ludovic GARNIER secrétaire général de l’UL de la CGT de Blois, Laurent BIDRON secrétaire général de l’UL de la CGT de Mer, Caty BRANCOURT secrétaire générale de l’UL de la Cgt de Bourges, Guylaine RAFFIN secrétaire générale de l’UD de la Cgt d’Eure et Loir, Jean Louis CORVAISIER responsable du groupe Cgt au Ceser Centre, Jean Pierre BENOIS Secrétaire de l’USTM de la Cgt de Loir et Cher, Sébastien BOULANGER responsable de l’USD Cgt santé action sociale 41, Guillaume VINÇONNEAU Secrétaire Régional du SNTRS CGT Provence, Yves CASTINO secrétaire général CGT CHU Marseille Timone, UL CGT Port de Bouc, Noël KOUICI secrétaire section syndicale CGT chantier naval Marseille et membre CE UD 13, section syndicale CGT chantier naval Marseille, Roland DIAGNE membre des Commissions Exécutives de la Ferc, de l’UD59, du Sden CGT Nord, Serge BONUTTI secrétaire général union syndicale CGT agroalimentaire PACA, Olivier LEBERQUIER SG CGT Fralib, Samuel MEEGENS SG UL CGT Tourcoing, Edmond MAUDUY ex SG CGT Air France Marseille/Marignane (jusqu’en 2014), Pierre GIROUX Secrétaire régional SNTRS CGT Alpes, Sébastien MIGLIORE ancien secrétaire adjoint de UL CGT Ales, Bureau du syndicat de la CGT des Hospitalier de Chartres, M DELEPINE A. Rémy Secrétaire du syndicat CGT des Hospitaliers de Chartres, Blaise OSCAR élu CGT CCAS ville de Marseille, syndicat CGT du Crédit du Nord PACA, Claude BELLIER ex SG du syndicat CGT du Crédit du Nord, Roger DEPRE Secrétaire à la Politique Financière de l’UD des Pyrénées-Orientales (66), Alain ZORNETTE ancien SG du comité régional Cgt centre (1993-2004), Janine CAPDEVILLE CE UFR organismes sociaux, Laure GENTRY Conseil régional PACA membre CE UD 13, Christophe CLARET SG adjoint UL Port de Bouc et membre CE UD 13, Michel CONNANGLE retraité CGT 33, Chantal BONNAURE, membre du bureau de l’UL CGT Centre Marseille, Conseiller du salarié, syndicat CGT de TDA Armements SAS (groupe THALES) La ferté Saint Aubin (45), Marie-Paule SAVAJOl, secrétaire académique CGT educ’action Orléans-Tours, Vincent DULOUT SYAC CGT 13, Aimé MUSTO bureau CGT Air France Marseille/Marignane, Pascal MONTOYA CGT Air France Marseille, Bernard FLAYOL Ex Secrétaire général du syndicat CGT DSI Pole emploi, Union locale CGT Aubagne, Laurence COLLONGE UD 18 région centre, Denis HAKENHOLZ retraité EDF cgt, Robert AUVITY ancien secrétaire général de l’UL CGT de Bourges (18), Michel DUPUY Cadre retraité CGT Veolia eau (94), Jean-Pierre TRICAUD bureau de l’ Union Syndicale des Retraités CGT DORDOGNE (24), Hervé ARTEAUD, FAPT 44. Simple militant de base à La Poste, St Nazaire, Isabelle MARILIER Retraitée Membre de la CE du Syndicat CGT Université Aix-Marseille, Philippe BASROGER CGT FAPT Fleury Les Aubrais, Elisabeth BOUCHU Conseillère Prud’homme CGT, Bernard VIRE Secrétaire Général Adjoint de l’Union Locale d’Alès, Joël GAUVAIN ancien SG UGICT/CGT Air France de la CE UGICT/CGT du CESER IDF, Alain THEUX Filpac CGT USR Gironde, Michèle HENRY retraitée UGICT-CGT de la CRAM, Michel HENRY ancien SG de l’Union Locale CGT d’ORLEANS, José MURE conseiller prud’hommes membre de la CE de l’UL de Bolléne 84500, Jules COTTE Secrétaire Général Syndicat CGT PTAS 13 (Equipement) et UF CGT DIRM Med MEDDE Phares et Balises Ouest Méditerranée, Fairouz BENCHAIB membre CE UL Marseille centre, Zoher MESSAOUDI SG UL Marseille quartier Nord et membre bureau UD CGT 13, bureau UL CGT Marseille quartiers Nord, Yohann PERROT syndiqué CGT ADEF 13, syndicat CGT Ineos / Petroineos Lavera, Robin CIPOLLA CPAM 13 UGICT-CGT, MATRAS JOEL secrétaire adjoint de l’URS du loir et cher, André. BANCEL Section Centrale CGT des retraités Mines/Energie DROME ARDECHE, michele BOUCLET cgt edf/gdf blois, Philippe HERVET Délégué Syndical CGT THALES-AVIONICS Vendôme, Martine PAGANI déléguée du personnel ugict CGT cpam 13, Isabelle ATTIA conseiller du salarie airbus helecopter 13, Yvan DONNAT Fédération des Finances (sre de l’UFR) - section CGT Finances Publiques Bouches du Rhône-USR 13

D) Thierry Lepaon répond aux syndiqués, militants, sur les attaques faites contre la CGT et sa personne

Commission exécutive confédérale du 9 décembre 2004

Intervention de Thierry LEPAON

A la suite du rapport d’Alain Alphon-Layre et avant de passer la parole à Michel Faivre-Picon pour la CFC, je souhaite m’exprimer personnellement devant vous.

Dans cette période de crise aigüe que nous traversons, la première étape est de pouvoir partager les informations, les ressentis personnels et les analyses.

C’est l’objet de cette intervention.

Je vais redire un certain nombre de choses qu’Alain a déjà exprimées. Ce n’est pas grave.

Suite à l’article de l’express paru la semaine dernière, faisant état de la prime que j’ai touchée lors du départ du Comité régional de Normandie, j’ai réuni le bureau mardi matin 2 décembre.

Le bureau s’est réuni une deuxième fois le vendredi 5 décembre. Mardi dernier, j’ai expliqué aux membres du bureau dans le détail la façon dont cette prime avait été décidée et calculée, ainsi que la décomposition du montant de 31 000 euros du chèque que j’ai touché de la région Normandie pour solde de tout compte.

J’ai proposé au bureau de faire un communiqué en direction de nos organisations pour donner l’ensemble des informations.

Majoritairement, le bureau a considéré qu’il n’était pas opportun de communiquer avant le 5 décembre et que l’ensemble des explications devaient être adressées en priorité à la direction confédérale lors de la réunion d’aujourd’hui et dans la foulée à nos organisations.

Communiquer ces informations dès le 2 décembre aurait pourtant permis d’éviter de laisser traîner dans la presse des montants de 100 000 voire 200 000 euros, comme cela a été le cas. Des parties de débats, des phrases prononcées mais sorties du contexte de la réunion et des informations, partielles ou déformées, se sont retrouvées sur le site des Echos, du Monde ou du Figaro, à peine nos réunions terminées. Les mêmes camarades qui condamnent le fait que les valeurs de la CGT ont été trahies, jettent la CGT, ses organisations et ses premiers dirigeants, en pâture aux médias.

La campagne de presse qui se déchaîne depuis maintenant un mois dépasse tout ce que la CGT a pu connaître de mémoire de militant. Elle vise de façon violente la personne du Secrétaire général de la CGT. Cette campagne médiatique n’épargne personne, a pour objectif évident de déstabiliser les syndiqués, de blesser, de faire perdre nos repères les plus élémentaires en installant une suspicion généralisée. Le respect de la démocratie dans notre organisation est lui-même devenu un enjeu, car le temps de la démocratie n’est pas celui des médias.

Cette campagne échappe d’évidence à ses propres initiateurs internes, qui continuent toutefois à l’alimenter par des rumeurs. Le but est de faire mettre un genou à terre à la CGT dans une période cruciale pour les salariés et les citoyens.

La période choisie pour la déclencher ne relève pas du hasard, quelques jours avant une élection cruciale dans la fonction publique, au moment où la CGT fait événement par ses propositions dans le cadre de la négociation sur la démocratie sociale, et où le pacte de responsabilité est qualifié d’échec du gouvernement par le Ministre de l’Economie lui-même.

Les rumeurs les plus folles circulent. Je vais donc vous livrer toutes les informations me concernant permettant de rétablir quelques vérités. En disant « toutes » les informations, je mesure d’ailleurs l’incapacité dans laquelle je suis au moment où je vous parle à pouvoir imaginer les calomnies qui peuvent sortir demain.

D’abord les informations que je dois à l’organisation concernant la prime :

D’abord, il ne s’agit pas, comme la presse l’a écrit, d’une rupture conventionnelle, mais d’une prime de départ, puisque j’ai démissionné du comité régional pour arriver à la confédération.

Pardonnez- moi de revenir quelques années en arrière, lorsque j’ai été licencié de Moulinex, en mai 2004 dans le cadre du plan social. J’ai, au même titre que les autres salariés licenciés, touché une indemnité de licenciement.

Je suis resté 30 mois au chômage, entre mai 2004 et décembre 2006, d’abord en touchant les ASSEDIC (1150 euros) puis à la fin, l’ASS (440 euros).

Pendant cette période, parallèlement à mes activités syndicales dans le syndicat de Moulinex pour assurer la défense des salariés licenciés, j’ai assuré la fonction de Secrétaire général de l’Union Départementale du Calvados.

J’ai assuré cette fonction bénévolement dans l’attente du résultat du procès en décembre 2006.

Je suis resté Secrétaire général de l’UD entre 2001 et 2007, avant de devenir Secrétaire du Comité régional entre 2006 et 2013.

Lorsque le Comité régional Normandie a organisé mon départ en vue de prendre la responsabilité de Secrétaire général de la CGT, dans les conditions connues de tous ici, les camarades du Comité régional ont décidé de reconnaître cette période d’activité militante en tenant compte du préjudice que cela créait sur ma retraite. Ils ont décidé de me verser une indemnité, calculée sur la base de mon ancienneté à la région.

Cette indemnité, déclarée, s’élève exactement à 26 650 euros.

Je l’ai acceptée dans ces conditions, sans imaginer que cela pouvait poser problème.

Alain vous a donné les éléments livrés au bureau concernant les échanges financiers entre la confédération et le comité régional pour solder mon départ.

La confédération a par ailleurs racheté au comité régional de Normandie la voiture de fonction qui était mise à ma disposition en tant que Secrétaire général du comité régional.

Nous pensions initialement que je ferais les allers et retours en Normandie avec cette voiture.

La réalité s’est vite imposée, c’était impossible pour des raisons de sécurité, compte tenu de mes amplitudes de travail pendant la semaine. Cette voiture fait partie du parc confédéral.

Je vous indique par ailleurs que mon salaire actuel est de 4000 euros nets par mois, avec un 13ème mois.

Mon salaire avait été fixé initialement par la confédération à 5200 euros. J’ai considéré que ce montant, même s’il est peut-être justifié, était trop élevé pour un Secrétaire général de la CGT. J’ai donc demandé à ce qu’il soit ramené à 4000 euros.

Voilà, ensuite, la vérité sur un ensemble de rumeurs qui circulent. Je vais les lister et y répondre, du moins pour celles qui regardent la CGT :

Les vélos : comme chacune et chacun d’entre vous le sait, j’ai eu un accident cardiaque l’an dernier. Mon cardiologue m’a demandé de continuer, malgré ma fonction, à faire régulièrement un peu de vélo. Pour des raisons de sécurité, la CGT a dû acheter des vélos pour mes accompagnateurs. Les vélos ont été achetés chez Décathlon, ils appartiennent au service sécurité de la confédération, y compris celui que j’utilise.

Mes vacances en Corse : oui j’ai passé une semaine de vacances en Corse du 2 au 9 août cette année. Non, ces vacances n’ont pas été payées par la confédération. J’ai loué personnellement, par l’intermédiaire d’une annonce trouvée sur « Le Bon Coin » une petite maison de deux pièces à Calenzana.

L’achat d’un terrain au bord de la mer en Normandie : oui, j’ai l’intention d’acheter un petit terrain, si possible au bord de la mer, en Normandie pour y faire construire une maison. Non, mon projet n’a pour l’instant pas abouti.

Mon logement à Cabourg : oui j’habite depuis 7 ans un logement HLM à Cabourg, auquel j’ouvrais droit à l’époque. Compte tenu de mes revenus actuels je paie un surloyer, comme c’est la règle.

Non, je n’ai pas fait refaire mon appartement de Cabourg aux frais de la CGT. Je ne l’ai d’ailleurs pas fait refaire du tout.

Les conditions de mon embauche chez Moulinex : c’est la rumeur historique. Nous avons déjà communiqué avant mon élection comme Secrétaire général. Je n’y reviens donc pas.

La CGT traverse une crise grave, inédite par son ampleur et par son caractère. Il faut qu’elle puisse en sortir par le haut rapidement. C’est notre responsabilité.

La première réponse à apporter concerne nos règles et nos pratiques. Nous avons besoin de faire un état des lieux de nos pratiques et de définir les règles et procédures nécessaires pour que celles-ci soient conformes aux valeurs de la CGT.

C’est le travail entrepris par la CFC et le bureau confédéral. Peut-être, à partir des débats d’aujourd’hui, pourrons- nous mettre un certain nombre de dispositions en œuvre immédiatement.

La deuxième réponse est politique.

En premier lieu, la CGT doit reprendre sa place sans attendre, sur le terrain où on l’attend : être auprès des salariés sur leurs revendications, faire des propositions qui leur permettent d’agir sur leurs lieux de travail, dans leur travail, et de se mobiliser.

Il est urgent qu’un plan de travail de la CEC en direction des syndicats puisse s’inscrire dans le prolongement des réunions interrégionales du mois de janvier, celles que nous avons intitulées « Partageons nos succès ».

Nous devons rapidement nous exprimer sur la question du temps de travail et sur les dispositions prévues par le projet de loi Macron qui ont toutes pour but d’affaiblir encore un peu plus les droits des salariés dans notre pays et de lancer une nouvelle phase de privatisation des services publics.

Nous devons établir la responsabilité des organisations patronales qui réclament les 41 milliards d’euros tout de suite et considèrent qu’ils ne sont pas suffisants pour qu’elles s’engagent en faveur de l’emploi.

Nous avons aussi besoin d’affronter le débat entre nous autour des grands enjeux qui ont été posés par notre congrès et qui traversent les organisations. Beaucoup sont identifiés dans les courriers adressés par nos organisations à la Direction confédérale. J’en ai fait état lors des rencontres que j’ai eues avec les membres du bureau confédéral.

Je les résume :

1) Notre démarche syndicale, notre rapport aux salariés dans la construction des revendications avec le choix que nous avons fait de rentrer par la porte du travail,

2) Le processus de construction des luttes,

3) Le rapport de la CGT avec les autres organisations syndicales, le politique, et le monde associatif,

4) Notre place et notre contribution dans le syndicalisme mondial et européen,

5) L’articulation du travail entre les différentes instances qui constituent la direction de la CGT : le CCN, la CE confédérale et le bureau confédéral,

6) L’organisation du travail au sein de notre maison confédérale. Enfin, les 120 ans de la CGT doivent nous aider à revenir sur ce qu’est une confédération, et en quoi est-ce une valeur ajoutée.

Dans une crise comme celle-ci, il est normal que des points de vue divergents s’expriment. La CE confédérale est précisément le lieu où la parole doit être libre. J’invite chacune et chacun à agir en responsabilité et à contribuer aux décisions dans le seul intérêt de la CGT, dans le respect de nos règles de vie et des orientations votées en congrès.

Quant à moi, je suis certain que ma vie militante et personnelle aurait été moins compliquée si j’étais resté Secrétaire du Comité régional Normandie. C’est dans une situation très difficile que j’ai accepté de devenir Secrétaire général, avec l’objectif de permettre à la CGT de se rassembler et de retrouver un élan collectif et démocratique.

C’est toujours dans cet état d’esprit, que je serai très attentif aux débats et que je me rangerai à l’avis et à la décision collective.


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