Le problème allemand

vendredi 12 décembre 2014.
 

Angela Merkel sera élue cette semaine présidente de la CDU. Un scrutin sans surprise car il n’y a qu’une seule candidate. Ce n’est pas pour cela que Nicolas Sarkozy a tant tenu à une photo souvenir avec l’impétrante fraîchement réélue. Comme un vulgaire chasseur d’autographes. C’est que le fauteuil donne accès à d’autres. La patronne de la droite allemande est aussi la cheffe de la « Grande Coalition » réunissant sociaux-démocrates et conservateurs derrière les priorités ordo-libérales chères à la chancelière. Une alliance grâce à laquelle Angela Merkel n’a pas tant partagé qu’étendu son influence, en se plaçant au centre de gravité des forces qui dirigent l’Union Européenne.

La liste des décisions européennes prises sous la férule de Merkel est en effet impressionnante. Citons pêle-mêle le traitement du dossier grec, le traité budgétaire ainsi que la « règle d’or » et le « two-pack », l’abandon des taxes à l’import de panneaux photovoltaïques chinois, l’enterrement des eurobonds ou encore le lancement des négociations du GMT.

Mais il n’y a pas meilleure manifestation de cette influence que la position de la France, traditionnel contre-poids de l’Allemagne en Europe. Les partis dominants, et le système médiatique, ne cessent de vanter le prétendu « modèle allemand ». Baisse de salaire contre compétitivité, on comprend que les termes de l’échange fascinent le Medef. Ils se paient pourtant comptant en Allemagne : explosion de la pauvreté et de la précarité, sous-investissement endémique conduisant à une quasi-récession, natalité en berne et espérance de vie en bonne santé en recul. Mais Hollande a pris fait et cause pour le « modèle » allemand censé inspirer le « pacte de responsabilité » dont Emmanuel Macron a admis un peu tard qu’il constituait un « échec ».

La France ayant commencé sa mithridatisation, elle a pu supporter les allers-retours incessants de l’exécutif à Berlin, nouveau centre des négociations européennes. Disons qu’elle a donné le sentiment qu’elle le supportait. Il n’en faudrait pas beaucoup pour que le problème allemand en Europe devienne celui de la France.


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