Réponse de Pierre Zarka ("PC unitaire") à Christian Picquet ("LCR unitaire") sur les perspectives de la gauche antilibérale

samedi 3 mars 2007.
 

Cher Christian, je partage ta préoccupation quant au type de construction politique. Comme toi je pense que l’objectif demeure plus que jamais le rassemblement de toute la gauche antilibérale et que penser faire sans les espaces que représentent les partis est une illusion - même si je ne sais comment et dans quel état ils seront d’ici quelques mois et que , tu le sais, je remets en cause la forme et la définition que s’est donné le PCF.

Quand je dis une illusion, je crois que c’est fondamentalement l’impasse de 68 et celle de 95 ; autant ne pas la renouveler à chaque fois. Or, la situation créée particulièrement par la direction du PC nous a tous mis dans une situation d’éparpillement. Il n’est qu’à lire les comptes-rendus des collectifs, les écrits collectifs ou individuels des uns et des autres. Cette situation devient notre nouveau point de départ. En même temps, le passé récent nous laisse à la fois des possibles et des scories.

Dans ce contexte, la poursuite du terme CUIN devient en soi un point de crispation plus que de perspective de reconstruction. De plus je crois qu’il faut absolument éviter que ce soit les « organisés » ou celles et ceux qui ont cette culture qui se structurent dans ce type de rencontres. Nous irions vers un cartel malgré nous et je vois bien que telle n’est pas du tout ton idée. Je continue de penser que pour réussir à « recoller » les morceaux, il faut éviter un face à face avec le PC et la LCR qui fait de ces partis le centre de gravité de tous les efforts.

Dans l’optique que donne l’égocentrisme d’appareil, tu le sais, il y a « soi » et tous les autres, vécus plus ou moins comme des satellites. Même si cela se pose différemment à la Ligue ou au PC, « soi » est toujours le centre du monde. Et plus ces appareils seront confortés dans cette posture par le sentiment qu’il y aurait des cercles concentriques : eux d’abord, les interlocuteurs réguliers ensuite, et tout le reste de temps en temps, moins nous parviendrons à rassembler toutes les forces antilibérales.

Et pour finir cet enchaînement, plus ils expriment cet égocentrisme d’avant-garde éclairée, plus cela peut nourrir l’idée d’un regroupement replié sur les forces les plus immédiatement disponibles. C’est-à-dire recouvrant un périmètre réduit et de fait éloignant de la capacité à intervenir dans l’espace institutionnel ou même à le subvertir. Si nous ne voulons pas consommer un éloignement des différents types d’acteurs et avoir comme deux parallèles qui ne se rejoignent jamais, les organisations et un courant de forces militantes qui finit par se faire une raison de devoir faire sans les organisations, et parce que le risque existe, il est urgent que toutes et tous soient saisi( e)s du problème.

Peut-être pourrions - nous de concert, le poser samedi comme une question qui nous a taraudé. Il est tout à fait possible qu’une journée ne permette pas de la régler totalement d’autant que les forces dont nous parlerons seront absentes. Mais de commencer à en faire le problème de tous me semble indispensable et même peut-être pourrions-nous proposer à la coordination unitaire de prendre l’initiative d’une rencontre avec le PC et avec la Ligue pour leur parler de l’avenir ?

Bien à toi. Pierre


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