Deux ans et demi, c’est long !

mercredi 12 novembre 2014.
 

Certes les institutions de la Cinquième République permettent à un président de la République d’exercer l’essentiel des pouvoirs même s’il est démuni de tout soutien populaire. Mais ça use. Même les régimes les plus autoritaires ont besoin d’un peu de légitimité pour durer. Il se peut donc que la chute de Hollande soit aussi celle de la Cinquième République.

En tout cas un principe est en train d’émerger qui a fait aussi son entrée dans plusieurs des nouvelles constitutions américaines. C’est celui de la responsabilité permanente des élus, qui percute l’irresponsabilité cultivée au contraire par les institutions de la Cinquième République. Une révocabilité des élus, s’il le faut à mi-mandat, aurait permis de régler plus efficacement et plus dignement de récents cas concrets comme les affaires Cahuzac, Thévenoud ou Balkany.

Cette règle s’appliquerait surtout à Hollande. Ce serait un bon moyen de lui rappeler qui l’a fait roi, et un outil autrement plus performant de « vérification démocratique » (pour reprendre les termes que François Hollande lui-même utilisait quand il n’était que candidat et se projetait dans un entretien avec Edwy Plenel) à la mi-mandat, qu’une émission « face aux Français » sur Tf1.

Ce principe, dont on voit bien l’application concrète, s’oppose à la souveraineté intermittente du peuple, renvoyé à un statut de spectateur impuissant, sitôt l’élection passée. Il n’est donc pas étonnant que ce mot d’ordre de révocabilité des élus ait fait son apparition parmi ceux de la journée nationale de manifestation du 15 novembre lancée par le « collectif triple A » contre la politique gouvernementale d’austérité. C’est une réponse démocratique au détournement de la souveraineté populaire que représente le tournant pro-Medef du président Hollande, après une campagne qui n’en disait pas un mot.

Cette fois encore la question sociale et la question institutionnelle ne font qu’un. L’austérité a besoin de la Cinquième République en France, comme elle a besoin de la Troïka en Grèce, pour s’imposer sans débat. La revendication d’une Sixième République est donc le facteur unifiant de la période.


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