Vivement le retour de Jules Moch et du tir des gendarmes à balles réelles.

mardi 4 novembre 2014.
 

Au début j’ai cru avoir mal entendu. A la radio un confrère parlait de « grenades offensives lancées » contre les opposants au barrage de Sivens... J’ai pensé à une confusion, à la panne de mon oreille récemment dévorée par un virus.

Je ne voyais pas, en France en 2014, des gendarmes lancer ce truc à tuer sur des êtres humains. Et j’avais quelque raison de penser cela. Avant tout une immense expérience militaire. Né trop tôt pour échapper au Service National – pendant 16 mois avant de déserter – j’ai donc été un caporal (eh oui) contraint de « faire son service ». Pour être précis cet accident de ma vie s’est déroulé à Grenoble, au 6e Bataillon de Chasseurs Alpins.

Et là, dans cette école de la cruauté, de la mort et de la bêtise, qu’ai-je appris, outre que le grand danger pour la France venait d’un Est bien trop rouge ? J’ai appris la vraie nature et l’usage de la grenade offensive. Je me souviens parfaitement des cours donnés par l’adjudant et rabâchés et répétés, avec croquis au tableau et fiche aide mémoire comme celle qui facilite la confection du beurre blanc. Le radotage de nos experts était clair : la grenade offensive – qui ne doit jamais être lancée dans un lieu fermé – est « dangereuse par son bouchon allumeur ». Ah, le lamento sur le bouchon ! Il se compose d’une tête cylindrique apparente qui porte la cuiller et sa goupille : puis d’un autre cylindre, plus allongé, qui plonge à l’intérieur de la grenade : le détonateur. Quand tout cela se met en branle, l’explosif contenu dans la grenade détonne brisant la tôle qui sert d’enveloppe. Quant au bouchon, il s’envole comme une balle. Si, par malheur, votre corps se trouve sur sa trajectoire, vous êtes mal. Pardon pour cette leçon militaro pyrotechnique, mais le mieux est de savoir de quoi est la vraie nature de la grenade. Dans ma pauvre tête, cet engin explosif était un outil de guerre destiné, à l’époque, à n’être lancé qu’à la gueule des Soviétiques dès qu’ils auraient franchi les Alpes.

Eh bien pas du tout. Au détour d’une phrase sur une radio, et l’annonce de la mort d’un dormeur du val de 20 ans, on apprend que dans une « grande démocratie » les forces de « l’ordre » balancent de telles saloperies sur les citoyens. Pourquoi pas des mines, tant que nous y sommes ?

Ici se pose une autre question. En arrivant au pouvoir un parti politique aussi épris de liberté et de bonheur que la PS ne devait-il pas entamer une révision générale de nos libertés publiques ? C’est-à-dire faire un audit de la méthode usée pour « maintenir l’ordre ». Je pense que oui. Et alors l’outil pour faire taire le peuple, du genre flash ball et grenade offensive, aurait disparu de la panoplie des gendarmes versus gauche.

Finalement, sans aucun contrôle, depuis des années il existe donc des VRP qui arrivent à convaincre les « décideurs », ceux qui sont du bon côté de la matraque, qu’il y a toujours mieux à faire pour réprimer. Un beau matin l’un de ces croque-morts a emporté le marché de la grenade offensive, alors bonne à être jeté à la tête des français pas contents. La décision n’a pas été débattue : les experts et autres as de la « sécurité » ont décidé que cette arme de guerre était tout aussi bonne pour avoir la paix.

Ainsi, si d’autres VRP persuasifs continuent positivement leurs tournées, nous aurons bientôt le retour du tir à balles réelles sur les manifs tapageuses. Comme au bon vieux temps de Jules Moch, un ministre socialiste trop injustement oublié.

Jacques-Marie BOURGET


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