Barrage de Sivens : Démission immédiate du ministre de l’intérieur et arrêt définitif du chantier

samedi 1er novembre 2014.
 

Selon l’expertise du médecin légiste : « une plaie importante située en haut du dos de Rémi Fraisse a été causée, selon toute vraisemblance par une explosion » qui « a projeté le jeune homme au sol de manière violente » causant « une mort instantanée ».

Ce mardi 28 octobre, plusieurs Ministres ont appelé les responsables politiques à la responsabilité et dénoncé l’instrumentalisation supposée du décès de Remi Fraisse. Ce cortège d’hypocrisie ne saurait dédouaner le gouvernement et le président PS du conseil général du Tarn de leur responsabilité politique entière dans la spirale violente qui a conduit à cette tragédie. D’une part parce que l’entêtement à réaliser ce barrage ne répondait à aucun intérêt général si ce n’est celui de quelques agriculteurs mais également pour trois autres raisons :

1- Ce barrage n’a pas de légitimité démocratique

S’il a passé les différentes étapes règlementaires, le projet était illégitime du point de vue de l’esprit démocratique. Après les réserves de l’enquête publique, le Comité National de Protection de la Nature avait rendu un avis défavorable dont le Maitre d’ouvrage, le conseil général du Tarn, n’a pas tenu compte. De plus, plusieurs recours juridiques portant sur la protection des espèces protégées n’ont pas encore été examinés. En faisant le choix de ne pas attendre les conclusions des instances juridictionnelles françaises et européennes, le conseil général a cherché à imposer par la force et la précipitation ce qui est fragile par le droit. La mise en œuvre du chantier de destruction de la zone humide de Sivens dans ces conditions ne pouvait qu’exacerber les tensions et radicaliser une partie du mouvement d’opposition.

2- Le gouvernement a fait le choix de l’affrontement

Toutes les tentatives pour instaurer le dialogue et établir un climat d’apaisement se sont terminées par une fin de non-recevoir de la part des autorités. Avec la prise de conscience citoyenne massive de l’absurdité de ce barrage mais aussi face aux grèves de la faim et aux premières violences sur le site de la ZAD, nous avons été de nombreux élus locaux à alerter les pouvoirs publics sur nos craintes quant aux tournures qu’allait prendre la situation. Nous avons rencontré en délégation Monsieur Carcenac, président du CG du Tarn, auquel nous avons exprimé de façon claire qu’il prenait la responsabilité qu’un drame humain se produise sur le site de Sivens si sa seule réponse aux opposants restait la fuite en avant et l’usage de la force pour l’avancée des travaux. Nous avons également interpellé solennellement la Ministre de l’écologie pour qu’elle prononce un moratoire, lequel aurait permis la reprise du dialogue et donné le temps à la justice de se prononcer sur le fond des recours avant la poursuite des travaux, conformément à la décision prise pour Notre Dame des Landes. Laquelle ministre a choisi un échappatoire avec la commande d’une mission d’expertise.

3 Les gardes mobiles ont pratiqué la provocation et attisé la violence

Dès le premier jour des travaux sur le site, nous avons été plusieurs élus régionaux témoins de la violence des gardes mobiles et de provocations délibérées et ce, malgré nos tentatives de négociation. Nous en témoignerons si la justice nous le demande. Si une enquête sérieuse est diligentée, les nombreux témoins et diverses vidéos en attesteront. Dès lors que les consignes de la préfecture étaient d’attiser la violence sur le site, celle-ci s’est malheureusement et naturellement imposée comme moyen d’action en retour chez plusieurs opposants et a conduit à l’arrivée sur la ZAD de personnes plus radicales. Cette brutalité des forces de l’ordre a déjà été utilisée dans le pays pour diviser les mobilisations sociales. Elle a pour objectif d’essouffler la mobilisation en renforçant les plus extrémistes, ce qui aboutit à dégouter les simples manifestants largement majoritaires. C’est par contre la première fois qu’une telle technique est utilisée sous un gouvernement de gauche sous la 5ème république.

Dans ces conditions, les déclarations gouvernementales sont intolérables. Le gouvernement va même jusqu’à soutenir la poursuite du chantier du barrage sur le cadavre de Rémi Fraisse, alors que le rapport du Ministère de l’écologie donne raison sur le fond aux opposants. La dignité républicaine exige la démission immédiate du ministre de l’intérieur et l’arrêt définitif du chantier de barrage.


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