Erdogan "assassin"

mercredi 15 octobre 2014.
 

Si Daech parvient à conquérir le front nord, alors le piège se refermera sur Kobané. Selon l’ONU, 500 à 700 civils seraient encore coincés dans la ville, des milliers d’autres à l’extérieur. L’État islamique ne fera sans doute aucun quartier. "Ça va être un massacre !", blêmit un Kurde venu de Paris pour aider ses frères de Syrie.

Qu’adviendra-t-il notamment de ces pauvres hères, aperçus samedi au nord-est de la ville, derrière ces barbelés qui marquent la frontière avec la Turquie ? Là est stationnée une grosse centaine de véhicules – voitures, tracteurs, camions – où dorment, depuis des jours, ces hommes, pantalons boueux et teint bistre. Il y a aussi ces bergers qui, désespérément, tentent de rassembler leur troupeau de moutons.

De l’autre côté, les quelques soldats turcs ne semblent même plus accorder d’attention à ces morts-vivants qui leur font face. "Tout va bien ici, explique même l’un d’eux en mâchant un biscuit. Il y a quinze jours, je ne dis pas, ça se battait fort. Mais maintenant, c’est calme." Sa mission ? Éviter les infiltrations de Daech. Mais surtout empêcher que des Kurdes de Turquie ne rejoignent les combats à Kobané. Une attitude qui fait enrager les 200.000 réfugiés syriens qui ont fui la région de Kobané, ainsi que les 15 millions de Kurdes de Turquie.

Pour sentir cette colère, il suffisait d’assister ce jeudi à Suruç, la première ville turque après la frontière, aux funérailles de ces neuf combattants YPG tués cette semaine par les balles de Daech. C’était bien le nom d’Erdogan qu’on associait au mot "assassin".

Hussein Xelef, 45 ans, a particulièrement ses raisons d’en vouloir au président turc. Cet agriculteur aisé et les siens ont quitté Kobané voilà dix jours. Ils ont trouvé asile dans cette maison à l’entrée de Suruç, un bâtiment de béton aux murs lépreux et à l’électricité capricieuse. De Kobané, ils n’ont rien ramené sinon le cadavre de Bengin, leur fils aîné de 27 ans, dont ils se disent si "fiers", qui est tombé mardi sur le champ de bataille. Reste que sa mort aurait pu être évitée. "Il était blessé à la jambe, explique le père de famille. Il est arrivé de nuit à la frontière mais les Turcs ont refusé de le laisser passer. Il a attendu cinq heures, et comme il perdait beaucoup de sang…"


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