La bêtise du « modèle allemand »

lundi 6 octobre 2014.
 

Pourtant, le « modèle allemand » étale sa stupidité sans que ces messieurs-dames les très intelligents ne daignent s’en apercevoir. Qui dira à Valls combien ce qui est « bon pour l’Allemagne » n’est pas bon pour la France ? Ce qui est bon pour une population vieillissante accrochée à ses retraites par capitalisation, et par conséquent à l’exigence d’une grasse rémunération du capital, n’est pas bon pour un pays en voie de rajeunissement demandeur d’emploi et d’investissements. Pierre Briançon dans « Le Monde » en montre au moins une conséquence très concrète : « Si la France avait le même niveau d’investissement public que l’Allemagne, elle n’aurait pas de mal à respecter la limite du 3% pour son déficit ». Il citait sur ce point l’économiste britannique Simon Tilford.

Le gouvernement allemand se pavane avec son déficit zéro cette année. Tous les comptables du dimanche de la caste s’ébahissent. C’est pourtant une idée absurde qu’un budget sans déficit quand un État peut s’endetter à des taux négatifs comme c’est le cas aujourd’hui. L’Allemagne gagnerait de l’argent si elle empruntait pour investir, et cela relancerait l’activité économique, notamment celle de la France, son premier partenaire commercial. Dans le domaine privé, cela ne vaut pas mieux. Le capital allemand se tourne vers les fusions-acquisition aux USA ! Il vient d’acheter pour 45 milliards d’action là-bas. C’est quand même cinq milliards de plus que tout le plan français de cadeaux au CAC 40 français ! Si cette somme avait été investie en Europe, elle aurait produit un effet de dynamisation économique évident. Mais tout cela, il ne faut pas le dire.

Tout est parfait en Allemagne, c’est bien connu. Personne ne demande dans quel état sont les équipements publics de ce pays. Ni ce qui se passera quand l’Allemagne devra vraiment passer à la prise en charge de la population vieillissante. Ni ce qu’il lui faudra affronter quand elle devra faire face à l’impact dans la longue durée sur le plan sanitaire et psychologique de tout ce qui résulte de la pauvreté et même l’extrême pauvreté en Allemagne. Le même Pierre Briançon donne une information que les larbins du « modèle allemand » devraient méditer. Olaf Gersemann, rédacteur du service finances de « Die Welt », titrait un long article sur le sujet : « le dernier hourra de l’Allemagne arrogante ». « La plus grande puissance économique européenne est déjà entrée dans son déclin économique », estimait l’auteur. » Les raisons sont celles que je viens d’évoquer. A quoi s’ajoute le fait que les réformes Schroeder de baisse drastique du coût du travail ne sont un avantage comparatif que dans la période où les autres n’en font pas autant. Exactement comme une dévaluation monétaire. Mais quand toute l’Europe fait manger du pain noir à ses travailleurs, l’avantage de ceux qui sont passé de la brioche au pain blanc est fini.


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