Sarkozy de retour !

mercredi 24 septembre 2014.
 

Communiqué de Jean-Luc Mélenchon sur le retour de Nicolas Sarkozy

Lui président, que ferait Nicolas Sarkozy ? Taper plus dur que Hollande. Que fait François Hollande ? Il tape plus dur que Sarkozy. La France ne doit pas se laisser condamner à cette surenchère entre libéraux. Ni Sarkozy ni Hollande. Assez de monarques présidentiels.

A) Retour de Sarkozy : pourquoi, il était parti ?

Eric Coquerel, Secrétaire national à la coordination politique du Parti de Gauche

Sarkozy a annoncé vouloir de nouveau « présider sa famille politique ». On aura compris qu’il pense de nouveau à une autre présidence en se rasant le matin.

La vraie question c’est pourquoi ? Le président bling-bling n’a-t-il pas suffisamment fait de mal au pays ? Doit-on rappeler, sur fond d’affaire pour lesquelles il est d’ailleurs toujours sous le coup de mise en examen, que son quinquennat a aggravé la crise de régime ? Quant à sa politique économique, sociale et européenne on la connaît, c’est celle qu’applique fidèlement François Hollande. En 2017, la France n’aura besoin ni de l’un ni de l’autre et de leur politique libérale. Elle n’a surtout plus besoin d’homme pseudo providentiel qui se rêve en monarque. Pour notre part, notre candidat sera la 6ème République.

B) S’il croit qu’on va en reprendre pour 5 ans !

-> Nico Sarkozy 1er (rubrique de 93 articles sur notre site)

http://www.gauchemip.org/spip.php?r...

-> Sarko Charlots, Ploutos et les affaires : Karachigate, Woerth Bettencourt

http://www.gauchemip.org/spip.php?r...

-> Facho Fayot et leur gouvernement

http://www.gauchemip.org/spip.php?r...

C) Questions autour du come-back de Nicolas Sarkozy (L’Huma)

Nicolas Sarkozy rode son retour dans la vie politique. Il donnera une interview au journal de 20 heures sur France 2, dimanche 21 septembre... et s’il surfe sur l’impopularité de la politique gouvernementale, il proposera des économies bien supérieures.

POURQUOI MAINTENANT ?

La présidentielle n’aura lieu que dans deux ans et demi. La campagne ne battra son plein que dans deux ans. Pourquoi l’ex-président de la République Sarkozy prend-il le risque de s’exposer aux coups de ses adversaires si tôt ? La réponse réside dans le climat politique délétère qui règne sur le pays et l’impopularité record de François Hollande. La mauvaise posture du gouvernement socialiste s’est encore dégradée à la fin août, avec le départ des ministres de l’aile gauche du PS, et un nouveau gouvernement Valls qui s’enfonce lui aussi dans les sondages d’opinion. Les derniers chiffres sur la croissance et les déficits publics noircissent davantage le tableau pour la gauche. À droite également, Nicolas Sarkozy a dû se sentir pressé. Juppé, qui fait figure de sage issu d’une droite plus modérée, s’est déclaré candidat. L’UMP, malgré l’impopularité du gouvernement, traverse une grave crise liée à la guerre des chefs. Et 12 ténors de droite viennent de publier un livre faisant part de leurs « projets pour redresser la France ».

COMMENT COMPTE-T-IL REPRENDRE LE POUVOIR ?

Après sa déconvenue face à Jean- François Copé, François Fillon avait renoncé à prendre la présidence de l’UMP, pensant se placer au-dessus de la mêlée dans la perspective de la présidentielle de 2017. Alain Juppé adopte la même attitude en visant une possible primaire. Nicolas Sarkozy va, lui, tenter ce qu’il a déjà fait par le passé : prendre le parti et son appareil pour se mettre dans la position d’être le chef de toute la droite d’ici à la campagne présidentielle. Selon « le Parisien », il envisagerait même, une fois réélu président de l’UMP, de proposer la fusion entre son parti et les centristes de l’UDI. Le retour du parti unique de la droite...

QUI LE SOUTIENT ?

Ses fidèles tout d’abord, qui n’avaient de cesse d’appeler à son retour. Mais, face à la déconfiture du gouvernement et aux divisions de la droite, il arrive à rallier aussi ses adversaires. Jean-François Copé, débarqué de la tête du parti après l’affaire Bygmalion, et même... Dominique de Villepin, qui a déclaré que l’ex-président avait changé et était prêt à revenir au pouvoir. La situation de l’UDI, fragilisée depuis le départ prématuré, le 6 avril, de Jean-Louis Borloo, pourrait lui valoir des soutiens centristes. Il lui faudra pourtant faire ses preuves. Selon un sondage Harris Interactive, Nicolas Sarkozy fait jeu égal avec Alain Juppé en cas de primaire (37 %) au sein des sympathisants de droite. Les Français, selon ce sondage, sont 65 % à percevoir son retour comme une mauvaise chose.

POUR QUELLE POLITIQUE ?

Qu’il s’agisse d’Alain Juppé ou de Nicolas Sarkozy, la politique économique sera à peu près la même. À en juger par les applaudissements de la droite à certaines mesures et déclarations de l’actuel gouvernement Valls, comme sur la remise en cause des 35 heures, il s’agira d’une politique d’austérité à plein régime. Là où l’actuel gouvernement réalise des économies de 50 milliards, la droite en exige trois fois plus... Pour reconquérir les électeurs et les convaincre d’accepter cette potion amère, Nicolas Sarkozy saura communiquer, comme il a su le faire en 2007 en se présentant comme le « candidat de la France qui se lève tôt » ou celui du « pouvoir d’achat »... Il n’oubliera pas non plus l’électorat du FN, qui, à l’heure actuelle, menace la droite.

QU’EST-CE QUI POURRAIT L’EN EMPÊCHER ?

Le pouvoir actuel n’est pas parti pour réorienter sa politique et répondre à la colère qui gronde dans le pays. Pour mieux enfoncer le clou, Nicolas Sarkozy laisse fuiter des confidences publiées par « le Parisien » : « Ça va se finir dans la rue », « François Hollande ne contrôle plus rien ». À moins d’un changement de politique, l’actuelle majorité est mal placée pour lui barrer la route. Il reste les affaires... L’ancien président est mis en examen pour « corruption » et « trafic d’influence » dans l’affaire du juge Azibert, soupçonné d’avoir donné des informations à l’ancien locataire de l’Élysée concernant le dossier Bettencourt. Ses avocats se sont déjà mis au travail en demandant l’annulation de la procédure judiciaire.

D) Le rêve de Sarkozy : un “retour aux privilèges d’Ancien Régime”

Entretien d’Alain Krivine avec Edwy Plenel, journaliste, président et cofondateur de Mediapart au lendemain de la mise en examen de Nicolas Sarkozy.

Sarkozy mis en examen, un tournant dans la vie politique de la droite  ?

Un journaliste ne doit jamais se risquer à prédire l’avenir. Déchiffrer le présent suffit déjà bien à son métier. Nous sommes face à un énième épisode du feuilleton des affaires qui cernent Nicolas Sarkozy et son clan. Et ce qu’il en adviendra dépend du jeu des différents acteurs, sans qu’il y ait un seul scénario possible.

De Karachi à Kadhafi en passant par Bettencourt et Bygmalion, les trois campagnes présidentielles auxquelles il a directement participé (1995 pour Édouard Balladur, 2007 et 2012 pour lui-même) sont suspectées, de façon documentée, de financements illicites, venant notamment de rétro-commissions sur des ventes d’armes, de millions récupérés auprès de la dictature libyenne et, dans la dernière affaire qui commence à peine, de fausses factures pour détourner l’argent public versé à l’UMP.

Les faits sont énormes, par leur ampleur et leur répétition, surtout quand l’on sait que, depuis plus de vingt ans, existe un financement public des partis politiques et des campagnes électorales. Ils jettent un immense discrédit sur le personnel politique concerné, sur son avidité, sur son impunité. Dès lors, la droite est au pied du mur  : soit elle coule avec Sarkozy, l’accompagnant dans cette perdition  ; soit elle se réveille et se rebelle pour se réinventer un chemin sans lui.

L’attitude des principaux dirigeants de l’UMP depuis 2007 permet de douter de leur courage et de leur détermination. D’autant qu’ils ont tous été associés, peu ou prou, à l’extrémisation de la droite sous Sarkozy, cette levée de la barrière qui, hier, la distinguait de l’extrême droite.

Sarkozy se pose en victime du pouvoir judiciaire. Peut-on parler de Berlusconisation de la vie politique française  ?

Nicolas Sarkozy fera tout pour éviter d’avoir à rendre compte des affaires, en utilisant le terrain politique comme un bouclier face aux juges d’instruction. Il va se battre à la manière de Berlusconi, avec toutes les armes de la procédure sur le terrain judiciaire – ce qui est normal – et avec toutes les armes de la démagogie sur le terrain partisan – ce qui se discute.

Le sarkoberlusconisme n’est pas nouveau  : il sévit depuis 2002, dans la marche consulaire de Sarkozy vers la présidentielle de 2007, puis durant son exercice du pouvoir. Sa caractéristique est de profiter de l’état de dépendance du système médiatique français, notamment ses liens avec l’oligarchie économique, de Bouygues à Lagardère. C’est d’ailleurs sur TF1 et sur ­Europe 1 que Sarkozy a pu mettre en scène sa riposte médiatique, dans un spectacle hallucinant  : celui de journalistes asservis pour calomnier des juges.

Sur le fond de l’affaire, le trafic d’influence et la corruption active qui lui sont reprochés ne sont-ils pas la marque de fabrique d’un système marqué par une très grande personnalisation des pouvoirs  ?

Dans sa grossièreté et sa vulgarité, où la caricature semble sa vérité, le sarkozysme est le symbole de la dégénérescence des institutions de la Cinquième République qui, en réduisant la souveraineté populaire au pouvoir d’un seul, dévitalisent la démocratie. Cette dégénérescence ne signifie aucunement leur fin automatique  : tout dépend des forces qui sauront s’emparer de cette crise. C’est là qu’il y a tout lieu de s’inquiéter  : la dynamique politique actuelle n’est pas dans un sursaut progressiste, d’exigence démocratique et sociale, mais plutôt du côté de l’extrême droite qui espère pouvoir récupérer ces institutions à son profit, à la manière d’un fruit mûr.

Pour se défendre, Sarkozy attaque Claire Thépaut, une juge d’instruction membre du Syndicat de la magistrature. Qu’est-ce que cela t’inspire  ?

C’est un nouvel exemple des régressions démocratiques et sociales qu’incarne le sarkozysme. Les fonctionnaires, les enseignants, les magistrats, les policiers, etc., ont conquis depuis longtemps le droit de se syndiquer, de défendre leurs intérêts, d’assumer des conflits internes à leurs institutions. Et c’est un droit fondamental, reconnu par la Constitution.

La juge d’instruction en question s’était contentée de déclarer à ­Mediapart, au lendemain de l’élection de François Hollande en 2012, qu’elle en attendait tout simplement de pouvoir travailler dans le calme, le respect et la sérénité. Elle demandait aussi qu’on arrête de traiter en juges rouges les magistrats qui ne font simplement qu’appliquer la loi, le même code pénal pour tous, sans privilège social. Ce dont rêvent Sarkozy et les siens, c’est en quelque sorte d’un retour aux privilèges d’Ancien Régime où les puissants sont inatteignables et intouchables, toujours impunis.

La garde à vue puis la mise en examen ont donné lieu à une surenchère verbale de la part des amis et défenseurs de Sarkozy (référence à Vichy, etc.). Une réaction  ?

Cela ne le mérite pas, tant ces excès disqualifient ceux qui les expriment. Le sarkozysme a toujours fonctionné comme cela, introduisant une violence dans le débat public qui, jusqu’alors, était le registre de la seule extrême droite ou des franges extrémistes de la droite. Il a ouvert les vannes de l’insulte, de l’injure et de la calomnie, et, en ce sens, il a brutalisé la République, hystérisé la politique et créé un climat dont, hélas, profitent aujourd’hui toutes les haines et toutes les peurs. Faut-il rappeler que Mediapart fut qualifié sous la présidence de Nicolas Sarkozy d’officine aux méthodes fascistes  ?

Hollande, le pouvoir ne sont-ils pas eux-mêmes déconsidérés par une ambiance délétère qui participe d’une crise politique globale  ? La crise politique est évidemment globale et atteint toutes les familles politiques. Tandis que l’extrême droite est installée à demeure, se prenant à rêver de conquérir le pouvoir, la droite est disqualifiée moralement et la gauche est divisée comme jamais.

Bien sûr que le pouvoir socialiste a une immense responsabilité, dans le non-respect de ses propres promesses électorales et dans son alignement sur les exigences du patronat. Mais je ne suis pas certain, au vu des résultats des dernières élections municipales et européennes, que les autres forces de gauche, dans leur diversité, plus ou moins réformistes, plus ou moins radicales, puissent se contenter de condamner ces renoncements sans s’interroger elles-mêmes sur ce qu’elles en font.

En tant que journaliste et citoyen, assumant un engagement démocratique et social dans ma pratique professionnelle, je n’ai cessé d’alerter sur cet état de division des forces, cette absence de sursaut rassembleur et unitaire qui puisse redonner du courage à tous pour éviter le pire.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message