Parti Socialiste : L’heure de vérité a sonné

mercredi 10 septembre 2014.
 

Valls 2 a donc succédé à Valls 1. De prime abord, ce changement semblait répondre aux dernières sorties critiques de Montebourg et Hamon, soit espérer colmater une crise politique larvée qui pouvait inquiéter les marchés ou Merkel. On peut maintenant se demander s’il ne s’agissait pas surtout de faire place nette pour passer un cap supplémentaire dans la politique libérale. Car depuis une semaine ça accélère. Dans le symbole d’abord : la nomination d’Emmanuel Macron à Bercy et la standing ovation de Valls au Medef. Symbolique ? Pas seulement, car le message à la finance et au patronat de combat est clair : le gouvernement est avec vous. Autrement dit, sans même attendre les projets de loi de dérégulation accélérée du code du travail, les vannes sont ouvertes. Les salariés savent ce que cela induit dans les entreprises. Les annonces ont suivi : remise en cause d’une durée légale hebdomadaire du travail (car c’est ce que cache en réalité les sorties sur les 35 heures par ailleurs déjà fortement écornées), assouplissement des seuils sociaux et du travail du dimanche, attaques scandaleuses contre les chômeurs, relance des partenariats publics-privés notamment pour des grands projets inutiles, abandon de toute velléité d’encadrement des loyers et retour à une fiscalité avantageuse pour les promoteurs… Sans oublier le mépris porté aux droits des femmes avec la suppression du ministère éponyme. Tout ça en moins de 8 jours.

Valls 2, et Hollande avec lui, foncent donc vers…l’abîme. Car il a beau disposer d’un gouvernement aux ordres, de la part la plus libérale du patronat derrière lui, de la confiance de la finance, il se heurte aux faits : cette politique ne marche pas. Il n’y a donc pas besoin d’être devin pour décrire la situation dans trois mois. C’est celle d’aujourd’hui : chômage en progression constante, activité en berne, toujours moins de services publics et de protection sociale, profits et dividendes des actionnaires en hausse. Et courbe de popularité du Président et du Premier ministre au plus bas.

Mieux vaut donc abréger au plus vite les souffrances du peuple en combattant ce gouvernement comme nous le ferions face à n’importe quel gouvernement de droite. Les « Valls démission » qui ont attendu le Premier ministre à sa descente de train à La Rochelle anticipent l’ambiance d’ici quelques semaines. Déjà la CGT appelle à une journée d’action sur le budget mi-octobre et les associations s’organisent pour défendre l’hôpital ou le droit au logement.

Doit-on attendre quelque chose du PS dans cette situation ? C’est l’illusion semée par ceux qui nous dépeignent la ligne Valls, minoritaire en son sein. Dangereuse illusion qui nous laisserait dépendants de son évolution et ramenés au système dont il est désormais un représentant. Car si les frondeurs ont su incontestablement mobiliser à la Rochelle, la dernière image restera celle de Valls maîtrisant globalement la fin de l’université d’été, trois jours après celle du Medef. Sans oublier que plus de 200 députés ont répondu aux frondeurs dans un appel pro-gouvernemental.

Notre intention n’est pas de balayer d’une main les réactions des frondeurs, mais nous leur disons que s’ils ne se reconnaissent pas dans ce gouvernement, ils ont, avec leurs homologues d’EELV ou du MRC, une occasion de l’empêcher de nuire davantage en votant contre la confiance le 16 septembre prochain. Tout autre vote serait inutile. L’heure de vérité a sonné : il faut dire non ou se taire par la suite.

En tous les cas notre action ne dépendra pas d’eux. C’est ce que nous dirons à l’Assemblée générale du Front de Gauche le 6 septembre à Montreuil. C’est une date importante car elle ouvre une période de débats qui devra clarifier la stratégie du Front de Gauche pour rester utile et œuvrer à l’alternative globale au système dont nous avons besoin. Nous devrions en sortir avec un appel au combat contre le gouvernement, mais cela ne suffira pas à l’avenir. L’autonomie sera donc au cœur de la discussion. Nous comptons convaincre de la pertinence de la proposition d’un mouvement pour la 6ème République lancée à notre Remue-méninges par Jean-Luc Mélenchon. C’est ce à quoi nous allons oeuvrer dans les mois à venir pour remettre le peuple en mouvement, pour bouleverser la situation d’ici 2017. Nous espérons que le Front de Gauche sera un outil moteur de ce processus.

Eric Coquerel, SN à la coordination politique du PG


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