Balayer la mousse du théâtre d’ombres de La Rochelle

dimanche 7 septembre 2014.
 

Il y a la mousse, pour nourrir « l’actu ». Elle se diffuse dans les travées de l’université d’été du PS à La Rochelle. Une ministre est ovationnée : solidaire des « frondeurs », elle a gardé son poste. Les remerciés miment la profondeur de la cicatrice. Faut-il rappeler que Hamon et Montebourg aidèrent leur bourreau à monter sur le trône par une nuit de putsch anti-Ayrault ? Pour quoi faire ? C’était hier, ça ne compte plus. Manuel Valls parvient à se faire applaudir. Il lui suffit de vanter le contraire de ce qu’il fait. Rarement théâtre d’ombres n’a été aussi visiblement déconnecté de toute réalité. Enfin, le vote du budget permettra rapidement d’en juger !

Car il y a aussi le dur. Remarquez qu’on en parle moins. Cette fin de semaine se tenait notamment un sommet de la zone euro. Il y avait là de vrais chefs, en tout cas Merkel. Les conclusions du sommet sont imparables : on continue. Finie la comédie jouée devant les « opinions nationales ». Adieu le bras de fer censé décider de l’identité conservatrice ou social-démocrate des porte-parole des institutions européennes. Le huis-clos a évité à François Hollande l’effort d’un mouvement de sourcil quand a été choisi pour présider le Conseil l’ultra libéral atlantiste Donald Tusk, actuel premier ministre polonais. A l’unanimité s’il vous plaît ! L’italien, la vedette du sommet des sociaux-démocrates, a tu ses critiques à propos du pacte de stabilité : il voulait assurer la nomination de sa ministre au poste de responsable européenne des affaires étrangères. Quand à Hollande, il surveillait sans doute son dû. Petit score mais grand pays, il empoche le commissaire aux affaires économiques. En tout cas il peut le prétendre. Quelle différence ? Car les orientations sont inchangées. Ce sont les mêmes traités et les mêmes recettes qui fixent le cadre malgré leur échec cinglant. Les conclusions du sommet sont là pour les ressasser.

Remarquez, à côté du dur, la mousse joue un grand rôle. Elle est là pour colmater les failles où peuvent s’insinuer les interventions les moins opportunes. Dans l’édifice néolibéral européen, celle dont il faut par-dessus tout se prémunir, c’est l’intervention du peuple, d’où le cauchemar du referendum ou la flétrissure du terme « populisme ». Il faut donc fournir aux citoyens les jeux de rôle qui les maintiennent enfermés dans les murs du système. La mousse y pourvoit. A moins qu’elle n’y parvienne plus. Ce fut récemment le cas en Espagne avec le surgissement du mouvement Podemos, espace politique nouveau, portés par des médias alternatifs. Bref un fruit des failles… Comme celle béante, que révèle l’abstention dans notre pays, que l’on peut voir comme un trou noir ou au contraire comme le berceau de notre renouveau politique.

En tout cas le choix de ce bulletin sera clair : éclairer les failles… et balayer la mousse. Dans quelques semaines des choix décisifs seront faits pour le pays. Nouveau budget, projet de loi de financement de la Sécurité sociale, révision des seuils sociaux, loi de transition énergétique mobiliseront notre attention. De même que nos initiatives pour faire éclater le cadre vermoulu de la Cinquième République et faire éclore la pousse irrésistible de la Sixième. Car pour nous cette faille est avant tout une chance à ne pas manquer d’entrer dans une nouvelle ère.


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