PGE : Université d’été près de Berlin

vendredi 8 août 2014.
 

C’est aux abords d’un lac, à une soixantaine de kilomètres au nord de Berlin, que s’est déroulée, entre le mercredi 23 juillet et hier, la 9e université d’été du Parti de la gauche européenne (PGE). À l’instigation de ce dernier, du réseau de la revue Transform ! ainsi que de Die Linke, parti hôte de l’événement, ce sont plus de 300 militants politiques, syndicaux ou associatifs, représentant une trentaine de nationalités, qui ont échangé et dialogué à partir de leurs combats, de leurs réflexions et de leurs expériences respectives.

Au point de départ de ces travaux, la question économique avec un débat engagé par un exposé de Steffen Lehndorffsur l’impact de la crise et de l’austérité sur les différents pays européens. Au centre de son argumentation, la démonstration du caractère circulaire des politiques d’austérité, austérité alimentant la dette publique, la stagnation de la production utile et l’appauvrissement social, plutôt qu’aboutissant à leur résorption. La démonstration aussi de la collaboration active des gouvernements nationaux européens dans la mise en oeuvre, au cas par cas, de ces politiques d’austérité. Plus surprenante, l’idée développée par l’économiste du fait que « l’austérité, ça marche ! » a éclairé sa conclusion, ce discours rompant avec cet autre, souvent présenté par les partis de la gauche européenne et qui veut que l’austérité ne fonctionne pas pour résoudre la crise. Et pourtant, elle « marche ». Car tel est bien son but réel : réaliser un projet délibéré d’extension du champ de la marchandisation des biens communs, de privatisations, d’affaiblissement des leviers économiques, sociaux et culturels de la puissance publique et d’intensification du degré d’exploitation des travailleurs européens.

Son exposé a été suivi de témoignages concrets sur les conséquences des politiques d’austérité aussi bien dans la vie des peuples européens en Espagne, au Portugal et en Grèce en particulier, que sur le modèle social dit d’« État providence » avec l’examen du cas des pays du nord de l’Europe. La question de l’impact des politiques d’austérité sur la vie et la condition des femmes a aussi été soulignée au cours de ce débat. Pour « redresser l’économie », les ateliers de l’aprèsmidi ont été l’occasion de faire le point sur les luttes syndicales en Europe, le projet de libre-échange transatlantique et les propositions alternatives à gauche.

« Une crise de légitimité de l’Union européenne »

« L’Europe se mobilise, dans la solidarité, pour la paix. » En écho à son intitulé générique et dans le contexte d’une multiplication des tensions en de nombreux points chauds du monde ainsi que des récents actes de guerre en Ukraine et en Palestine, le PGE a placé la question de la paix au centre de ses réflexions. Vendredi matin, c’est la commémoration du centième anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale qui en a été l’amorce. Le débat s’est prolongé avec l’analyse de questions d’ordre géopolitique : stratégies de l’Otan et de l’Union européenne, de l’impérialisme et des alternatives en Amérique latine, de la situation des forces de gauche en Ukraine... L’idée d’une campagne européenne et internationale en faveur de la paix a fait le tour des discussions de congressistes.

52 DÉPUTÉS SONT INSCRITS AU GROUPE GUE-NGL AU PARLEMENT EUROPÉEN, OÙ SIÈGENT LES ÉLUS DU PARTI DE LA GAUCHE EUROPÉENNE.

La question du conflit entre la Palestine et Israël a donné lieu à un atelier ainsi qu’à de nombreux échanges entre participants, même s’il a pu être observé une relative timidité de l’université d’été à cet égard. Point d’orgue, vendredi matin, l’intervention de Pierre Laurent, sur le rôle du PGE à la suite d’élections européennes ambivalentes pour ses composantes. Le président du PGE et secrétaire national du PCF a souligné l’approfondissement d’une crise de légitimité de l’Union européenne appelée à durer, selon lui. Une situation lourde de menaces pour la démocratie dans chacune des nations européennes du fait de sa potentielle récupération par les forces politiques les plus réactionnaires, extrême droite en tête. Avec le développement de la précarité non seulement dans les classes populaires mais dans toutes les couches intermédiaires de la société, la menace xénophobe et raciste rencontre en effet un terreau favorisant le repli nationaliste et discréditant l’idée qu’une sortie de crise soit possible avec l’UE, selon les termes de son intervention. « Il y a un déficonsidérable à relever », a-t-il souligné.

LE PGE SOLIDAIRE DU PC UKRAINIEN

Réagissant au procès visant l’interdiction du Parti communiste ukrainien et à la dissolution de son groupe parlementaire, le PGE a condamné, vendredi, « avec la plus grande fermeté, ces actes de répression ». Le PGE appelle « toutes les forces démocrates d’Europe » à « ne pas laisser les accusations mensongères (...) salir un parti (...) disposant d’une forte assise populaire et représenté au Parlement ».

Jérôme Skalski, L’Humanité


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