Conférence sociale : La CGT et FO boycottent les tables rondes

jeudi 10 juillet 2014.
 

Face à l’absence d’engagement de la part de François Hollande, la CGT et FO ont décidé de ne pas participer aux tables rondes de la 3e conférence sociale, du mardi 8 juillet. Une menace de boycott partiel, annoncée vendredi dernier, qui donnait le temps au gouvernement de revenir sur ses positions. En vain, il est resté tourné vers les exigences patronales.

Avant l’ouverture de la 3e conférence sociale pour l’emploi, ce lundi 7 juillet après-midi, la direction de la CGT, réunie le matin, a décidé de ne pas participer à la seconde journée de la conférence sociale, mardi 8 juillet, dédiée aux sept tables rondes, entre acteurs sociaux et représentants de l’Etat, prévues sur l’emploi, l’insertion professionnelle des jeunes, l’agenda économique et social européen, l’investissement, le pouvoir d’achat et le sujet épineux de la fiscalité, la politique de santé et la réforme de l’action publique, ni au discours de clôture de Manuel Valls.

La faute à un virement de bord du gouvernement, qui a fait le choix des exigences patronales, notamment en revenant, mercredi dernier, sur le compte pénibilité, pourtant acté et négocié l’année dernière avec les syndicats et à un Président de la République qui n’a pas répondu aux attentes des Cégétistes, dont leur participation aux tables rondes, dépendait exclusivement de « l’engagement que prendrait le Président de la République sur l’examen de ces propositions », avait annoncé vendredi dernier, Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT. Un avertissement d’éventuel boycott, classé « sans suite », par le gouvernement, dont le ministre du Travail, François Rebsamen, se disait encore convaincu ce matin que « la CGT et FO finiraient par participer à l’ensemble de la réunion ». Par son absence, la CGT entend donc bien sanctionner un gouvernement figé sur ses positions, tournées vers les exigences patronales, qui multiplie les « provocations envers le monde du travail et n’est pas à l’écoute ».

FO ne souhaite pas participer aux tables rondes d’un Premier ministre méprisant

En colère contre le Premier ministre qu’il accuse de mépris à l’égard des syndicats et décidé à « marquer le coup », Jean-Claude Mailly, le leader de Force ouvrière, réuni avec ses paires, ce lundi matin, a également annoncé le boycott par Force Ouvrière, des tables rondes. Il devait en faire part directement au Président de la République, lors de la réunion, de cette après-midi, précédant l’ouverture de la conférence sociale, à huit clos, prévue avec les organisations syndicales (CGT, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC, FO) et patronales représentatives (Medef, UPA, CGPME). Considérant qu’il s’agit « d’un acte républicain, de débattre avec le Président de la république », Thierry Lepaon a confirmé qu’il serait bien présent au rendez-vous de cet après-midi, d’où l’explication du boycott « partiel » de la CGT.

Des absences, qui marqueront une opposition ferme face au positionnement du gouvernement car « en répondant à la pression de Pierre Gattaz, la conférence sociale n’a plus de sens », dénonce la CGT.

A) La CGT et FO, prêtes à boycotter une conférence sociale, tournée vers le patronat

François Hollande, qui voulait marquer de son empreinte ce quinquennat, en organisant une conférence sociale annuelle, signe de démocratie à la française, ne sera pas déçu de cette 3e édition, débutant lundi, qui va surement laisser de lourdes traces sur son passage. Peut-être n’aurait-il du rien espérer, parce que cette « grande conférence sociale pour l’emploi 2014 » des 7 et 8 juillet, s’apprête à se dérouler dans un climat extrêmement tendu, entre division, boycott et contestations des organisations syndicales. Le boycott de la conférence par le patronat n’étant plus d’actualité depuis que Manuel Valls a répondu au Medef.

Bref, ce qui devait être à l’origine un temps de débats entre partenaires sociaux, représentants de l’Etat et des collectivités, pour fixer des priorités communes traduites dans une feuille de route autour de l’emploi, du pouvoir d’achat, de l’insertion professionnelle des jeunes et tant d’autres sujets, s’est transformé en véritable « haie d’honneur » en faveur des organisations patronales. La faute à un virement de bord du gouvernement, qui a fait le choix des exigences patronales, notamment en revenant, mercredi dernier, sur le compte pénibilité, pourtant acté et négocié l’année dernière avec les syndicats. Un geste d’apaisement à l’adresse du patron des patrons, Pierre Gattaz, qui constitue pour Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT et signataire du pacte de responsabilité, une "rupture du dialogue social". Offusquée, la CGT considère que « les déclarations faites par le Premier ministre, à la veille de la conférence, sont une véritable provocation pour le monde du travail, en remettant en cause les maigres avancées obtenues pour les salariés ces derniers mois et ayant fait l’objet de négociations collectives ». De leur côté, les organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) qui avaient brandi la menace d’un boycott de la conférence sociale si le gouvernement ne revenait pas sur le compte pénibilité, se sont ravisées, satisfaites des annonces du Premier ministre. Pour Solidaires, s’en est trop : « la grande conférence sociale pour l’emploi... sans social et sans emploi, ce sera sans nous ! ».

Un climat sous haute tension à deux jours de la conférence sociale, ravivé par un contexte particulièrement défavorable, marqué par une croissance atone, un chômage record touchant 3,38 millions de personnes, et sur fond de crise sociale. Le gouvernement table alors sur le pacte de responsabilité pour sortir le pays de l’ornière. La « grand-messe » annuelle s’ouvrira d’ailleurs, lundi en début d’après-midi au Palais d’Iéna, par un discours du président de la République qui aura auparavant entendu les partenaires sociaux dans un débat centré sur ce pacte. Une réforme, dite « d’austérité » par les syndicats et le Front de gauche, et contestée par des milliers de français, qui déplorent les 50 milliards d’euros d’économies qui vont être réalisées « sur les dépenses publiques mettant en danger le service public » alors que l’Etat offre au même moment 35 milliards d’euros aux entreprises. Tables rondes, sous haute tension

Tournants le dos à un gouvernement qui s’empresse de satisfaire les exigences de certains, au moment où d’autres, comme les cheminots, les fonctionnaires et les intermittents, demandent depuis le mois de mai un geste de l’Etat pour les sortir de la « crise et de la précarité », la CGT et FO n’ont pas encore pris de décision, concernant leurs participations ou non aux tables rondes, prévue mardi 8 juillet. Si Thierry Lepaon, numéro un de la CGT, a annoncé qu’il participerait bien à la réunion lundi matin avec François Hollande, car "débattre avec le président de la République est un acte républicain", il attend néanmoins, « de François Hollande le respect des engagements » (Lire : La CGT entend porter 94 exigences et propositions concrètes dans les 7 tables rondes de la Conférence). Mais notre participation dépendra de l’engagement que prendra le Président de la République sur l’examen de ces propositions », précise le leader cégétiste, dans une lettre destinée à François Hollande. Si le chef de l’Etat n’a pas tardé à donner sa réponse, assurant que sa « conception du dialogue social comme celle du Premier ministre Manuel Valls, repose évidemment sur le respect de l’ensemble des partenaires sociaux et des engagements pris dans le cadre de leurs négociations », rien n’est sur concernant la participation de la CGT, qui avoue que « la manière dont Valls s’est comporté a perturbé profondément notre organisation ». Même son de cloche pour le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, qui répondra présent à la rencontre avec le président Hollande, mais « n’exclut rien pour la journée de mardi. Ce dont je suis sûr, c’est qu’on marquera le coup, d’une manière ou d’une autre".

Des absences, qui marqueraient une opposition ferme face au positionnement du gouvernement, lors des sept tables rondes, animées par huit ministres dont François Rebsamen, Michel Sapin, Marisol Touraine, prévues mardi sur l’emploi, l’insertion professionnelle des jeunes, l’agenda économique et social européen, l’investissement, le pouvoir d’achat et le sujet épineux de la fiscalité, la politique de santé et la réforme de l’action publique. Mais « notre comportement ne peut plus être le même que celui qui était prévu avant la déclaration de Manuel Valls", argue Jean-Claude Mailly. Un boycott envisagé, même si le patronat compte proposer « une dimension économique plus poussé, vers une simplification de la législation sociale » car « en répondant à la pression de Pierre Gattaz, la conférence sociale n’a plus de sens », dénonce la CGT.

Lors de son discours de clôture, qui donnera la feuille de route sociale de l’année à venir, le Premier ministre Manuel Valls, pourra, en revanche, compter sur la présence de la CFDT.« Notre stratégie est de pousser pour obtenir des contreparties au pacte de responsabilité. Nous n’allons pas quitter la conférence car nous misons toujours sur le dialogue social comme la clé de voûte capable pour mener des changements profonds dans le pays », a expliqué la n°2 de la CFDT, Véronique Descacq.

Mais à quoi bon, François Hollande espère que "le dialogue social » « soit la meilleure voie possible pour le redressement", s’il provoque le chaos dans le monde du travail et fait, avec Manuel Valls, le choix du patronat, avant même que la conférence sociale ait lieu ?

La grande arnaque de la conférence sociale


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