Rythmes scolaires – Des communes et départements vent debout contre la réforme

mercredi 25 juin 2014.
 

Le gouvernement et le cabinet du ministre ont bien tenté de faire croire que « tout le monde » parents, enseignants, personnel territorial… était ravi et favorable à la « réforme Peillon » et que" tout allait très bien Madame la marquise", mais le vent de colère qui monte chez les parents et les personnels y compris de gauche et de plus en plus soutenus par des maires de gauche, des syndicats ou des associations de parents d’élèves traditionnellement classés « à gauche » (FCPE, CGT, FO…), Front de Gauche, voire, PS ou proche du PS (Bagnolet…) dément chaque jour davantage cette manière de raconter l’histoire.

Le Conseil de l’Education Nationale du Val de Marne (94) en a encore offert la démonstration le 19 juin dernier : plus de mille personnes (parents, enseignants, syndicalistes….) soutenus par de nombreux élus de gauche du département ont manifesté leur rejet total de la « réforme » et se sont affrontés au Préfet qui a tenté de « passer en force », et aurait refusé notamment d’inscrire un amendement qui proposait « le rejet de la réforme ».

A Bagnolet (93), la nouvelle mairie (PS) explique que les caisses sont vides, que le budget est exsangue et qu’on ne peut pas mettre en place cette réforme sauf à tout renvoyer aux « bons soins des parents » pour le périscolaire ou en hypothéquant la sécurité des enfants et du personnel.

Beaucoup dénoncent la "territorialisation" de l’éducation nationale, vecteur de plus d’inégalités, ainsi que la privatisation rampante du péri-scolaire qui aggrave la fracture entre "parents qui ont le temps et l’argent" et "les autres", "la majorité dans des départements comme le 93 et le 94".

A Montreuil (93) une manifestation de plus de 150 parents (dont certains se revendiquaient d’avoir voté pour le Front de Gauche) s’est tenue le 18 juin 2014 pour rappeler au Maire nouvellement élu ses promesses de campagne, appeler la majorité Verts-Front de Gauche à soutenir la lutte entamée et exiger le gel, et même le rejet, de la mise en œuvre de la réforme Peillon, y compris au niveau local.

Les arguments des parents et du personnel présents étaient clairs et directs : telle qu’elle est organisée, l’école publique en Seine-Saint-Denis et notamment à Montreuil, ne fonctionne plus comme elle devrait.

Si pour certains, cette réforme des rythmes partait peut-être d’une intention louable, le recul pris après une année de mise en œuvre ici et là (et notamment à Paris) permet de dire que, quelles que soient les modalités, c’est une très mauvaise réforme dans la pratique, inapplicable.

Les parents présents dans le hall de la Mairie à Montreuil ont insisté, face au Maire puis à son directeur de cabinet, sur le fait qu’il manquait déjà de moyens en personnel et financiers de manière parfois cruciale, un père de famille expliquant que ses enfants avaient connu cette année plusieurs jours sans maître et sans remplaçant, à ne rien faire, dans la cour, une autre expliquant, manifestement agacée, qu’une « serveuse d’un bar du coin » avait été recrutée à la va-vite pour « tenir » une classe face à l’absentéisme…et que le résultat fut calamiteux.

La réforme, non préparée, aléatoire, non budgétée (surtout que, depuis le « comité du pilotage » du 18 juin, le Maire de Montreuil aurait annoncé que les projections budgétaires dont il disposait sur le sujet étaient fausses et qu’il « venait de découvrir » qu’il manquait 2,5 millions d’euros…) est perçue comme un facteur d’aggravation de cette situation, avec une volonté de servir de « cache-misère ». Pour de nombreux parents les deux sujets sont strictement liés.

C’est donc bien une colère délivrée des enjeux partisans et politiciens qui monte en flèche chez les parents, les enseignants, le personnel, les syndicats et même chez les élus, et qui ne semble pas prête à retomber, faisant même tâche d’huile, notamment grâce aux réseaux sociaux.

Pas sûr que la volonté affichée d’aller jusqu’au bras de fer, y compris juridique (menaces de sanctions administratives, financières, voire pénales - certaines communes seraient d’ores et déjà assignées en référé par les Préfectures), du gouvernement, soit bien reçue dans de telles conditions.

Il ne faudrait pas trop compter sur l’effet « vacances », et c’est peut-être Benoît Hamon qui devrait songer à revoir sa copie…

Et cette colère pourrait bien se joindre à celle des avocats, des magistrats, des cheminots, des postiers...loin d’être tous aux "mains de la droite".....


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