Agir pour Reconstruire

mercredi 4 juin 2014.
 

La vague a frappé, puissante, colossale. Elle a rugi : « qu’ils s’en aillent tous ! » Voilà le PS précipité à son plus bas historique. Et l’UMP distancée pour la première fois nationalement par l’extrême-droite. De quel côté de l’ordre ancien était le Front de Gauche ? Cela n’était sans doute pas clair. La vague ne nous a donc ni abattus, ni soulevés. Elle nous a contournés, ignorés. Mais il n’y a pas de coup pour rien. La vague a porté d’autres que nous. Elle a propulsé le FN. Nul ne sait ce qu’il fera de sa victoire. On peut faire la liste de ses difficultés : son incapacité à projeter le rapport de forces électoral en rapport de forces social, ou encore la difficulté de cette extrême-droite embusquée à nommer l’alternative qu’elle propose. Tout cela est vrai. Mais rien de cela n’efface le fait terrible : l’extrême-droite a pris la main.

Il est beau le résultat politique de l’Union européenne : l’extrême-droite en tête dans le pays même où il y a deux siècles le fascisme est né. Autant dire que cette Europe austéritaire ajoute la catastrophe politique à la catastrophe économique, sociale et environnementale. Le résultat de ce premier scrutin continental depuis la crise de 2008 et l’adoption des nouveaux traités austéritaires est sans appel. Cette Europe ne passe nulle part hors la clientèle électorale de Mme Merkel pour laquelle elle est profilée. Les grecs, les espagnols l’ont dit en votant pour la gauche radicale. Les anglais pour UKIP. Ici et là des listes vertes font des percées. En France, ce fut le vote Front national. Hélas, mille fois hélas.

Ceux qui veulent continuer les politiques austéritaire nous précipitent donc dans une zone d’immense danger. Le gouvernement doit l’entendre. Ce n’est pas la teneur de la déclaration de Manuel Valls. Elle était enregistrée paraît-il. On l’aurait cru repiquée de son discours d’investiture. Un propos en deux parties : un, je vous ai entendu, deux, je continue. Une folie ! Comment imaginer rétablir la confiance du pays en lui resservant le plat qu’il vient de recracher ? Comment penser tenir trois ans jusqu’aux prochaines élections générales avec une base politique qui ne cesse de se rétrécir, depuis le départ des Verts et la contestation des députés PS que le scrutin de dimanche ne peut que conforter ? Trois ans comme cela c’est long, c’est trop long. Et trop dangereux.

La seule issue positive réside donc dans la constitution d’une majorité alternative. On en sait les difficultés. La stagnation du Front de Gauche d’abord, qui la prive d’un moteur performant. Les hésitations des Verts, qu’illustrait de Rugy à l’issue du vote lorsqu’il contesta qu’il puisse y avoir une opposition de gauche dans ce pays. Les atermoiements des 41 « députés frondeurs » du PS. Oui on sait tout cela. Mais il n’y a pas d’autre voie dans le moment ! Il faut donc consacrer notre énergie principalement à répondre à la question : comment faire ?

Si proche du choc, on ne peut que dégager que quelques grandes lignes. Le rassemblement de combat que l’heure appelle ne peut se faire que dans l’action pour régler les problèmes concrets que pose à notre peuple l’Europe austéritaire et ses soutiens français. L’actualité ne manquera pas de nous alimenter en combats nécessaires, depuis la réforme territoriale jusqu’à la casse programmée des services publics et de la protection sociale. L’européenne ne nous laisse pas les mains vides. Nous y avons obtenu une belle réussite politique en mettant sous les projecteurs la négociation du grand marché transatlantique. Ce n’était pas un bon thème électoral ! C’était une campagne de longue haleine que nous portons d’ailleurs depuis plus de cinq ans. Continuons et accentuons le combat pour y faire échec. Agissons ainsi dans la vie réelle. Dans cette élection, nous étions la gauche au moment où ce mot était entraîné par la déchéance de ceux qui s’en réclament. Dans les moments de grand trouble, le vocabulaire devient mensonge et nous échappe.

Les actes, eux, reconstruisent.


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