Papon, la honte et la confusion

jeudi 22 février 2007.
 

Jeune homme de gauche (Ligue d’action universitaire républicaine et socialiste, favorable au Front populaire), il rejoint en juin 1940, la réaction et la soumission derrière Pétain et la collaboration.

Secrétaire général de la Préfecture de la Gironde en 1942, il dirige le services des questions juives et jusqu’en mai 1944, il recense, arrête et déporte de nombreux juifs dans les camps de la mort via Drancy.

Comme beaucoup de hauts fonctionnaires collaborateurs, il sait que si l’Allemagne nazie ne gagne pas à Stalingrad fin 1942, le double front imposé aux nazis sera, à terme, l’une des principales raisons de leur échec prévisible. C’est pourquoi Stalingrad, qui est le véritable tournant de la deuxième guerre mondiale, fait naître, en France, à coté de la vraie résistance (anti-nazie et anti-pétainiste), une nouvelle résistance des collabos d’hier (qui continueront d’ailleurs à oeuvrer avec Pétain jusqu’au bout !) : les giraudistes, le groupe politico-financier Schuller-L’Oréal, Bousquet, Papon, le séminaire d’Uriage qui forma ensuite le journal "Le Monde" après avoir formé les cadres des chantiers de jeunesse de Pétain, etc.

Ces derniers se confectionnèrent tous des "brevets" de résistance, dont certains sont bien réels, pour survivre à la Libération, qui n’était plus qu’une question de mois et d’années. Cette confusion entre la vraie résistance (anti-nazie et anti-pétainiste) et la résistance des hauts fonctionnaires et politiciens pétainistes à partir de 1943 a été entretenue dès la Libération, afin de recycler d’anciens collaborateurs pétainistes dans l’appareil d’Etat, au nom de la primauté d’alors dans la lutte contre le communisme soviétique. Rien de mieux que de recycler les anciens collabos qui avaient pactisé avec Hitler au nom de la "nécessaire lutte" contre le communisme soviétique. D’autant plus que beaucoup de vrais résistants avaient beaucoup de mal à admettre qu’il fallait s’allier avec les collabos d’hier contre les anciens résistants.

Les collabos pétainistes, eux, n’avaient pas ce genre de scrupule. On a voulu faire croire qu’il n’y avait que deux camps : le camp nazi-pétainiste et le camp de la résistance et des alliés. Rien n’est plus faux !

En fait, il y avait les collabos 100%, les collabos "opportunistes" (ceux qui ont vu le vent tourner à Stalingrad et se sont fait faire une nouvelle "virginité"), et les vrais résistants (anti-nazis et anti-pétainistes).

Le résultat pour Papon ou d’autres (on pourrait aussi le dire pour beaucoup d’autres politiciens, hauts fonctionnaires, dirigeants des grands médias, dirigeants d’entreprises, etc.), est clair. Ils s’en sont plus ou moins sortis !

Alors que Papon fut reconnu coupable de "crimes contre l’humanité" dans la déportation de nombreux juifs de la région bordelaise, alors que sa responsabilité est patente et flagrante dans les répressions sanglantes et mortelles des manifestations du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962, il a toujours été soutenu, en sous-main, par tous ceux qui ont eu le même parcours que lui, ou qui avaient intérêt à délivrer un acte de " virginité " aux collabos "opportunistes" pour service rendu dans l’anticommunisme primaire ou dans "l’antisémitisme rentré".

Papon est l’un des symboles de ces collabos "opportunistes" qui ont pollué toute la vie politique française depuis près de 70 ans. Cela lui a permit d’être collabo "opportuniste", préfet de police, maire, député, ministre. Tout cela fut possible grâce à la lâcheté des politiciens et des "élites" de la 4ème et de la 5ème République, et des gaullistes eux-mêmes.

Évariste


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message