Lettre de Danielle Simonnet au Président du groupe Communiste au Conseil de Paris

lundi 21 avril 2014.
 

Réponse de Danielle Simonnet au nouveau Président du groupe communiste au Conseil de Paris, Nicolas Bonnet, suite à sa proposition de rejoindre le groupe des élus communistes.

Cher Nicolas,

Je te remercie pour tes félicitations pour mon élection ainsi que celle de mes colistiers dans le 20e. J’ai bien pris connaissance de ta proposition de rejoindre le groupe des élus communistes au Conseil de Paris. Mais je ne peux en cohérence que la décliner.

Votre groupe a fait le choix de participer à la majorité municipale et de s’engager à approuver les budgets des six prochaines années. Vous avez pesé entre les deux tours pour empêcher la fusion de nos listes, qui aurait permis que nos électeurs soient représentés. Tout cela représente un sérieux désaccord entre nous, et, selon nous, un sérieux accroc à l’orientation générale du Front de Gauche.

J’assumerai pour ma part d’être une élue non inscrite. Je ferai en sorte d’incarner une opposition de gauche et défendrai les propositions écosocialistes que nous avons portées pendant la campagne. Je resterai fidèle aux orientations approuvées par les 33 600 électrices et électeurs parisiens qui ont voté pour les listes « Front de Gauche – A Paris, place au peuple ! » soutenues par le Parti de Gauche, Ensemble, le PCOF, des militants communistes et écologistes et de nombreux syndicalistes, associatifs et citoyens.

Avec l’aggravation des politiques d’austérité du gouvernement Hollande-Valls, les réductions des dotations de l’Etat s’élèveront à un milliard en moins l’an prochain pour Paris, sans compter les coupes à venir sur les budgets et périmètres de la politique de la ville, les services publics tels que l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. Face à ce gouvernement dit de combat, j’estime que mon rôle est d’assumer de relayer et de porter le combat au sein du Conseil de Paris comme dans l’ensemble des luttes sociales, écologiques et citoyennes parisiennes.

Je continuerai à refuser les budgets d’austérité et poursuivrai mon soutien aux mobilisations pour exiger l’augmentation des effectifs et la déprécarisation des agents de la ville pour améliorer la qualité des services publics rendus aux parisiens. Je défendrai le recours à un emprunt conséquent pour engager la rénovation thermique des logements et des bâtiments, pour atteindre les 30% de logements sociaux non pas dans 17 ans mais d’ici la fin de la mandature, pour exiger un réaménagement du territoire au service de la réduction des distances domicile travail, pour réduire l’invasion publicitaire, pour soutenir une planification écologique de l’ensemble de nos politiques.

Je reste convaincue qu’il n’y a aucune fatalité à ce que Paris devienne une ville réservée aux riches. Aucune fatalité à la pollution atmosphérique. Aucune fatalité à la main-mise des intérêts privés. Je reste convaincue qu’une orientation alternative est possible.

Vous faites le choix d’intituler votre groupe “Groupe Communiste – Front de Gauche”. Au vu des choix que vous avez faits durant la compagne des municipales, cela me semble très contestable : vous avez été élu-e-s sur les mêmes listes que le PS dès le premier tour, en défendant de fait dans la campagne le programme municipal socialiste et en y assumant même un porte-parolat.

Lors de la précédente mandature, avec Alexis Corbière, nous n’avons pas « rejoint » le groupe communiste, mais refondé un groupe commun, intitulé à l’époque « Groupe communiste et élu-e-s du Parti de Gauche ». Pour mémoire, certains adjoints attachés déjà à l’époque à une stratégie électorale liée au PS avaient refusé que le groupe se nomme Front de Gauche. Votre choix aujourd’hui semble bien paradoxal (ou cynique !).

Le problème est général : le gouvernement fait le choix d’une accélération de la politique qui l’a mené à l’échec dans les urnes. La responsabilité du Front de Gauche est de construire une alternative politique à gauche, indépendante du PS, en tendant la main à toutes celles et ceux qui veulent y contribuer. A Paris, c’est dans les batailles communes que nous mènerons que nous tenterons de vous en convaincre.

Qu’il s’agisse de votre groupe, comme du groupe EELV, durant les 6 prochaines années de la mandature qui s’ouvre, la démonstration qu’une majorité alternative peut se construire à l’instar de l’expérience grenobloise est possible. Elle est plus que jamais souhaitable, dans l’intérêt même des parisiennes et des parisiens.

Cordialement,

Danielle Simonnet, Conseillère de Paris - élue du 20e, Secrétaire Nationale du Parti de Gauche


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