Manuel Valls : l’homme qui ne prend pas les roses qu’on lui offre...

vendredi 4 avril 2014.
 

Le dirigeant socialiste Manuel Valls s’est prononcé contre la grève des cheminots qui « coûte 20 millions d’euros tous les jours ».

Valls vient de publier un livre intitulé "Pouvoir". On pourrait épiloguer sans fin sur ce titre. Mais ne nous livrons pas à de la psychanalyse de comptoir.

Valls propose de réformer les retraites de concert avec la droite. Dans le consensus. Et dans la « pédagogie ». Il faut continuer à remettre en cause les régimes spéciaux, aligner le public sur le privé. Sans nivellement par le bas. Ah bon ? Proposer un système de retraite « à la carte ». Il faudra cotiser 43 annuités. Pas de tabou ! Ne pas « s’accrocher à des acquis dépassés »...

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Tout pouvant arriver en politique (Sarkozy était dans les choux il y a moins de dix ans), Manuel Valls sera peut-être le prochain Président de la République française. Quand on l’écoute à la radio, ce qui frappe à l’oreille, c’est qu’il a le phrasé de François Hollande. Mais il a un gros avantage sur lui : huit ans de moins. Ils sont unis dans leur amour pour le social-libéralisme (ne jamais oublier que, dans cette expression, le mot important, le substantif, c’est libéralisme).

On vient toujours de quelque part. Si j’en crois Wikipédia (je n’ai pas d’autres lumières le concernant), Valls vient d’un milieu – catalan certes – mais aisé. Son père était artiste-peintre (ses œuvres valent le détour), sa mère enseignante. Un de ses grands-pères, nous dit-on, « cacha des prêtres persécutés par les trotskistes et les anarchistes ». Ce grand-père était peut-être « républicain et catholique », les prêtres persécutés étaient forcément franquistes, antirépublicains, en faveur de l’ordre du sabre et du goupillon.

Toujours selon Wikipédia, Valls se dit « blairiste », du nom d’Anthony Blair, un Premier ministre travailliste qui est allé, dans bien des domaines, plus loin dans la casse du monde du travail que la conservatrice Margaret Thatcher. Il se dit également (collons-nous des étiquettes anglo-saxonnes, ça fera plus joli) « clintonien », du nom de William Clinton, un Président des États-Unis qui a fortement contribué a repousser le Parti démocrate toujours plus vers la droite, un parti dont Valls voudrait que le sien s’inspirât davantage pour entrer dans la modernité.

En bon présidentiable, Valls sait faire la girouette. Il fut proche de Rocard, puis de Jospin. Lors du débat de 2005 concernant le Traité constitutionnel européen, dernier vrai débat contradictoire que la France ait connu, il se déclara en faveur du non, puis du oui après le vote interne au parti. Il fut du nombre des élus PS qui trahirent le vote du peuple français en ratifiant le Traité de Lisbonne en 2007 lors du Congrès du Parlement français. Valls est, par ailleurs, un obsédé de la sécurité (« Policing the poor », comme on dit outre-Manche). Son ancienne épouse travailla pour la société d’Alain Bauer, AB Associates, spécialisée dans les problèmes de délinquance, de sécurité, de « veille stratégique », d’« assistance à la gestion de crise ». Conseiller de la police de New York (ce qui n’est pas donné à tout le monde) et de Sarkozy, Bauer fut membre de l’UNEF à la même époque que Valls, membre du Parti socialiste, et surtout président du Grand Orient de France, où Valls fit un passage éclair (toujours la girouette).

Si Valls accède un jour à la seule fonction digne de lui à ses yeux, nous serons bien gardés.

Je joins quelques commentaires et une de mes réponses :

11/04/2010 à 10:42, par El Viejo Topo

Valls est à l’image de beaucoup de dirigeants du PS, "un gérant loyal du capitalisme" disait Blum. Son histoire personnelle a peu d’intérêt. Son avenir "à gauche" encore moins.

Par contre, la question qu’il faut se poser si l’on veut changer cette société, c’est : peut-on éternellement faire l’impasse sur des positionnements sociaux-libéraux du PS qui n’ont rien d’individuels mais représentent le fond d’une politique.

Kouchner a trahi, Besson a trahi, Allègre a trahi, Charasse a trahi.

Le soir du 2° tour des présidentielles, Royal déclarait sur le SMIG le contraire de ce qu’elle avait affiché pendant sa campagne.

Aubry et Hollande montrent le bout de l’oreille sur les retraites. Le "camarade" Lamy dirige l’OMC et le "camarade" Strauss-Kahn le FMI avec les orientations que l’on connait.

Parcours individuels ou réalité politique ? Pour pouvoir être victorieux, le rassemblement pour le socialisme passe aussi par la dénonciation politique de l’imposture social-démocrate.

El Viejo Topo.

11/04/2010 à 11:20, par Samuel Métairie

Qu’un homme politique membre du parti "socialiste" soit issu d’un milieu aisé,ce n’est pas une sinécure. Ces gens n’ont pas de convictions, ils s’inscrivent juste dans un dispositif institutionnel (parti) où ils seront susceptibles d’acquérir le plus de parts de marché. La politique de métier est une activité réservée à la classe bourgeoise ou aristocratique qui cumule tous les capitaux (économique, social, symbolique selon Bourdieu). Par exemple, des jeunes au MJS se disent socialistes alors qu’ils sont sapés comme des militants UMP, avec iphone, ipod ou je ne sais quoi d’autres technologies du capitalisme dans les poches, partent au Maroc ou en Argentine pour soulager leur conscience d’occidental. Bref, je pense que les gens qui aspirent à monter en grade dans les partis pour trouver le pouvoir, sont des affameurs voire des criminels en puissance...

13/04/2010 à 10:51, par délégué 59

J’ai rencontré Valls il y a 25 ans, il était alors auprès de Michel Rocard et déjà entouré de son ami sécuritaire et de son ami publicitaire. C’était un jeune loup aux dents longues rayant les parquets, il énervait déjà beaucoup ce présomptueux... Depuis il a fait du chemin l’ambitieux. Il a déménagé et changé de département pour s’assurer un mandat de maire et un mandat de député en succédant sans grand risque à un élu socialiste. Quel dommage que son immense talent n’ai pas été mieux utilisé pour conquérir sur la droite ces même mandats, cela aurait peut-être été trop risqué, cela aurait aussi pris du temps et Valls n’aime pas l’échec (il a lâché Rocard et Jospin, ces losers) et surtout il est pressé. Je ne sais si je le connais bien, mais ce que je sais de lui est qu’il est autoritaire, qu’il a une haute estime de lui-même, est-il de gauche, cela je ne l’ai jamais su, mais il est opportuniste. Si l’on est attaché aux valeurs de la gauche, la vraie, pas celle des socio-libéraux dont il fait parti en apparence, alors cet homme politique n’est pas fiable, mais cela commence à bien se savoir !

M. Gensane je m’élèverai toujours et fermement – car c’est grave et dégradant – sur une étude de personnalité par membres de la vie privée interposés. Cela risque de décrédibiliser votre analyse politique, fort intéressante. Dans tant de familles il y a tant de divergences et surtout : Vie privée : c’est privé. Et pas monolithique sur les idées. Stop. svp. on en a marre. on perd son temps.

23/04/2010 à 16:46, par Bernard Gensane

Chère Noémie, Je ne suis pas obsédé par la vie privée : il vaut mieux lire Le Capital qu’une biographie de Marx, Hamlet qu’une vie de Shakespeare (l’idéal étant de lire les quatre).

Seulement, en politique, la vie privée et la vie publique, c’est neuf fois sur dix la même chose. Ceux qui arrivent par leur seul mérite sont rarissimes. Vous avez soudain X ou Y, un type ou une typesse, qui apparaît en pleine lumière, soit comme figure médiatique, soit comme potentat politique, soit les deux. Cette apparition vient toujours de loin : une, deux, voire trois générations. Il n’y a jamais de hasard, mais une éducation, des traditions familiales et de classe, des réseaux, des appuis. Valls veut entraîner son parti dans une démarche schizophrène : pour simplifier, militer dans un parti qui s’appelle "socialiste", mais en reniant complètement le socialisme. Reconnaissons que, pour authentiquement réactionnaire qu’elle soit, cette tâche n’est pas simple a priori et nécessite énergie et talent.

J’ai longtemps imaginé (mon nom est d’origine catalane, côté français) que la famille de Valls avait souffert du franquisme. Si tel était le cas, elle s’en serait vite remise. Bref, il faut toujours savoir à qui l’on a affaire : en l’occurrence, un obsédé de la sécurité, un ennemi de la classe ouvrière, issu d’un peuple qui a contribué, comme aucun autre en Europe aux idées et aux pratiques anarchistes.

Ce n’est pas banal...

http://www.legrandsoir.info/manuel-...


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