Municipales 2014 : Quelque chose craque

dimanche 30 mars 2014.
 

Qu’importe la perte de l’électorat ouvrier, avait lancé il y a quelques mois le président de la République pour justifier, devant une journaliste, sa politique d’austérité et de complaisance à l’égard du patronat  ! Mais il a aussi été délaissé par les jeunes, les couches moyennes des grandes villes qu’il croyait acquises, les habitants des banlieues… Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, à la peine dans son entreprise de razzia sur les villes communistes, 
a confessé ses doutes, hier, sur son blog  : «  Un peu partout en France, la jeunesse nous a manqué  ; les couches populaires se sont détournées  ; les classes moyennes nous ont évités  ; les banlieues et les campagnes se sont terrées. 
Il faut savoir entendre les silences.  »

Hélas, en attendant d’en tirer des «  enseignements  » après le deuxième tour, il reste sourd et muet. Mais l’électorat risque de parler plus fort encore s’il a le sentiment de ne pas être écouté. 
La sanction est évidente – abstention ou vote à droite – et constitue l’exigence d’un changement de cap. Au sein du PS et d’EELV, de plus en plus de responsables et de militants constatent que la politique à l’œuvre n’est pas celle qu’ils ont choisie lors de leurs congrès et qu’ils sont aussi victimes d’un détournement de leur vote. Hier encore, l’ancien ministre Jean Glavany confessait son inquiétude à l’écoute du discours de Jean-Marc Ayrault dimanche soir et constatait que «  l’électorat de gauche s’est abstenu. Parce qu’il est de gauche et ne vote pas à droite. Mais parce qu’il est mécontent de la gauche qui gouverne et voulait lui mettre une taloche. Ça, c’est fait  ».

En 2012, le pays avait choisi l’alternance en constatant que Nicolas Sarkozy n’avait réalisé aucune des améliorations qu’il promettait. Et à nouveau, notre peuple voit s’évaporer les promesses tandis qu’on lui impose de lourds sacrifices au nom des profits de demain d’une oligarchie richissime. Le mécontentement frappe, hélas sans grande distinction, ceux qui à gauche ont oublié leurs valeurs pour se convertir au libéralisme et ceux qui s’arc-boutent sur les revendications populaires. Ainsi, les mairies communistes tiennent-elles mais les gains du Front de gauche seront rares. Ce désenchantement et la colère d’avoir été abusés et méprisés constituent les socles sur lesquels reposent les progrès du Front national. L’extrême droite n’est plus seulement utilisée comme un cri de rage  ; elle apparaît comme une alternative qui n’a pas été essayée, et d’autres tremblements de terre électoraux 
sont à attendre si l’immobilisme l’emporte. C’est sur 
le terrain de l’avenir politique, des revendications de classe et du vivre-ensemble, sur celui d’une nation déployée vers le grand large des fraternités, d’une Europe débarrassée du virus des concurrences meurtrières et de la loi du dividende maximal que les bruns-Marine peuvent être battus. Pour cela, il faut être pleinement la gauche, porter une République renouvelée, marier les revendications concrètes et l’ambition de vraies transformations. 
Voilà du travail pour toute la gauche et, pour certains, 
de véritables remises en cause.

Tout ne sera pas fait dans les heures qui viennent. Mais beaucoup peut, doit, être engagé pour empêcher une vague bleue, voire ici ou là bleu Marine. Partout le rassemblement à gauche derrière
la liste arrivée en tête doit s’appliquer, à Saint-Denis comme à Avignon, à Aubervilliers et Bagnolet comme 
à Pau ou à Marseille.

Patrick Apel-Muller


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