Tensions franco‑marocaines après une plainte pour tortures

jeudi 6 mars 2014.
 

L’Acat a porté plainte à Paris contre un haut responsable marocain pour « complicité de torture » sur un militant du Sahara occidental. Face à la tension montante, François Hollande a téléphoné au roi Mohammed VI pour apaiser les esprits.

L’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) a annoncé, jeudi 20 février, le dépôt d’une plainte pour « complicité de torture » contre le chef du contre-espionnage marocain (la DGST), Abdellatif Hammouchi. L’Acat voulait profiter de sa présence à Paris – il accompagnait le ministre de l’intérieur marocain – pour l’auditionner sur le cas d’Ennaâma ­Asfari, un militant sahraoui qui aurait été torturé dans un centre de la DGST.

Un incident diplomatique « regrettable »

Sans passer par les canaux diplomatiques, sept policiers se sont rendus à la résidence de l’ambassadeur marocain pour notifier à Abdellatif Hammouchi sa convocation par un juge d’instruction français. La réaction marocaine ne s’est pas fait attendre  : vendredi 21 février, Rabat convoquait l’ambassadeur français et rejetait « catégoriquement » les accusations, les jugeant « sans fondement ». Le ministère français des affaires étrangères a, lui, qualifié l’action de la police d’« incident regrettable ».

Enfonçant le clou, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a annoncé à son tour, vendredi 21 février, le dépôt d’une plainte contre Adellatif Hammouchi pour « torture » sur l’ancien champion de boxe marocain emprisonné depuis 2010.

Ces deux plaintes ont eu une première conséquence sur les relations d’habitude cordiales entre les deux pays  : l’envoyé spécial du président de la République pour la planète, Nicolas Hulot, devait se rendre lundi et mardi au Maroc. Sa visite a été « reportée d’un commun accord ».

Face à ce sérieux coup de froid, François Hollande a téléphoné lundi 24 février soir au roi Mohammed VI, actuellement en tournée africaine. « A la lumière des clarifications apportées (...), les deux chefs d’Etat ont convenu de poursuivre les contacts durant les prochains jours au niveau des deux gouvernements, et d’oeuvrer dans l’esprit des relations d’exception qui lient le Maroc et la France », a indiqué le Palais royal marocain.

Protestations du Maroc après des propos de l’acteur Javier Bardem

En outre, le Maroc a protesté officiellement, dimanche, contre des « mots blessants » et des « expressions humiliantes ». Il visait des remarques faites par l’acteur espagnol Javier Bardem, citant un ancien ambassadeur de France, sur les violations des droits de l’homme commises par le Maroc au Sahara occidental. Malgré un démenti immédiat du Quai d’Orsay, le gouvernement marocain a demandé que la France lève « le tort subi », que les propos aient été réellement prononcés ou non.

Javier Bardem est un militant de la cause du Sahara occidental. Sa sortie a eu lieu lors de la projection à Paris du documentaire Les Enfants des nuages, la dernière colonie – dont il est producteur –, qui dénonce la situation des droits de l’homme dans l’ancienne colonie espagnole occupée par le royaume marocain depuis 1975.

Rémy Pigaglio


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message