Françoise Castex, eurodéputée du Sud-Ouest quitte le PS

mercredi 5 mars 2014.
 

Chers amis, chers camarades,

Je m’adresse aujourd’hui à vous pour vous faire part de la réflexion que je mène depuis plusieurs semaines. Par honnêteté et fidélité envers chacun d’entre vous, je veux que vous, militantes et militants du Gers, soyez les premiers informés d’une décision que connaîtrons très vite tous les militants et sympathisants de la circonscription du Sud-ouest et au-delà.

Cette réflexion s’écrit sur fond d’espoirs déçus et d’engagements non tenus qui plongent un peu plus chaque jour la France et les Français dans la désespérance d’un état sans lendemain. Des 30 milliards offerts aux patrons au retrait précipité de la loi sur la famille, en passant par les négociations d’un accord de libre-échange avec les États-Unis, le gouvernement n’en finit plus d’user la confiance que lui ont donné ses électeurs.

Je ne veux pas me résoudre à accompagner ce désarroi et à tourner le dos à ce qui fait mon engagement politique. Je ne peux me résigner à ce que les élections européennes, échéances majeures pour la démocratie européenne encore si fragile, se préparent comme la chronique d’une catastrophe annoncée à laquelle le Parti socialiste apporte sa contribution.

À droite et à gauche, les partis politiques français considèrent l’élection européenne comme l’opportunité de "caser" quelques personnalités engagées dans la vie interne de leur formation politique. Cette attitude alimente le sentiment anti-européen, aujourd’hui plus vivace que jamais avec le discours de l’extrême-droite qui pénètre les esprits. Comment convaincre les citoyens que cette élection est importante, qu’il est fondamental d’aller voter, quand on donne le spectacle du contraire, quand on envoie au Parlement européen des élus qui le désertent à chaque campagne nationale et abandonnent leur mandat en cours pour un mandat national réputé plus prestigieux ? Cela révèle un profond mépris pour le mandat de parlementaire européen, pour le Parlement européen lui-même et pour les citoyens appelés à voter.

À ce titre, il s’agit d’une faute politique grave.

J’ai décidé de ne pas me taire. Je considère qu’il est encore de ma responsabilité de députée européenne de témoigner de l’importance de ce mandat auprès de citoyens désemparés.

Depuis 10 ans, j’exerce ce mandat avec toute mon énergie, sans jamais abandonner une seule de mes convictions, un seul de mes engagements. Je sais qu’il est possible de faire bouger les lignes même en étant minoritaire dans une assemblée dominée par la droite.

Je sais aussi qu’il est possible de rapprocher cette institution des citoyens. J’ai parcouru cette immense circonscription de Bordeaux à Nîmes, de Pau à Périgueux, et je peux témoigner que l’intuition de Lionel Jospin, en créant ces circonscriptions, est en train de se vérifier : les citoyens commencent à identifier leurs députés européens et cela peut être le meilleur antidote à l’abstention massive. À deux conditions : les députés européens doivent s’engager à honorer, jusqu’à son terme, le mandat pour lequel ils ont été élus et à en rendre compte ; les partis doivent relayer le travail du Parlement européen comme ils le font pour le Parlement français.

Les partis politiques français doivent considérer ce mandat comme un investissement politique à inscrire dans un temps minimum, dans les limites de trois mandats successifs, comme cela est, en fait, prévu par le Parti socialiste et comme cela se pratique dans la plupart des États membres.

Chers amis, chers camarades, je vous informe que je prends acte que le Parti socialiste m’a donné congé de mon mandat de députée européenne, sans qu’il vous soit possible de vous exprimer. Je reprends donc ma liberté de parole et d’action...

Cette décision n’a pas été facile à prendre, notamment vis-à-vis de vous, militantes et militants socialistes du Gers avec qui je me suis construite en politique. Je veux vous remercier, toutes et tous, pour les messages de soutien que vous m’avez adressés...

Nous partageons depuis longtemps un idéal socialiste auquel je reste fidèle. Comme beaucoup d’entre vous sans doute, j’ai le sentiment qu’aujourd’hui, le message de Jaurès est perverti : le réel est utilisé pour nous éloigner de cet idéal. J’espère conserver votre estime et votre amitié.

Je vous assure de ma fidélité à notre histoire et à nos combats communs.

Françoise Castex


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