Le confusionnisme politique de la direction du PCF met en péril le Front de Gauche.

lundi 24 février 2014.
 

La direction PCF résiste à l’idée que le Front de gauche devienne une force politique autonome alternative au PS.

- 1 – Contexte politique du rapport PCF–PG (extrait de la résolution du CN du PG)

- 2 –Le logo du Front de gauche : il ne s’agit pas d’un gadget (Hervé Debonrivage)

- 3– Le coup de force de la direction du PCF

- 4 –La bataille des municipales du PCF : une base idéologique non clairement affirmée.

- 5 – La formation des militants et des citoyens négligée

- 6 – L’alliance à tout prix avec le PS ne permet pas la clarté idéologique

- 7 – La crainte d’une perte massive de sièges

- 8 – L’alliance avec le PS favorise la promotion d’un certain nombre d’élus mais affaiblit globalement le PCF sur la durée

- 9 – L’humain d’abord n’est-il qu’une figure de style ou a-t-il un contenu programmatique dans le texte d’orientation du 36e congrès ?

- 10 – Vers la fin de la phagocytose du PCF par le PS ?

1– Contexte politique du rapport PCF–PG

Nous citerons ici un extrait du dernier conseil national du Parti de gauche du 16/02/2014. […] Nous nous sommes donc « contentés » de demander au PCF un signe positif en vue de rétablir la confiance. Il s’agissait de s’engager à ne pas permettre au PS d’utiliser notre logo commun, représentant de notre histoire et de notre stratégie, dans tous les documents officiels de campagne des listes conduites par les Solfériniens dans les villes les plus significatives politiquement dont Paris, Nantes et celles incluant des ministres PS. Pour le PG, cette demande avait un objectif clair : ne pas banaliser la stratégie à géométrie variable employée par le PCF lors de ces municipales, pour qu’à l’avenir le FDG ne se retrouve plus prisonnier de ces contradictions, à commencer par les élections cantonales et régionales de 2015. Pour nous, en effet, le FDG n’est pas un cartel de circonstance mais l’outil d’une stratégie et d’une orientation politique au long cours : celle de la Révolution citoyenne qui nécessite l’autonomie vis à vis du PS. C’est ce qui fait son sens et son intérêt.

Où en sommes-nous ? Voilà maintenant trois semaines que nous attendons une réponse sans cesse reportée malgré de nombreuses promesses en ce sens de la direction du PCF et de Pierre Laurent lui-même. Finalement les faits ont répondu d’eux-mêmes puisque à Paris le matériel officiel de la liste Hidalgo a été lancé avec le logo FDG. Et ce au moment même où l’on nous assurait une dernière fois dans une réunion officielle, au nom de la direction du PCF, que ce ne serait pas le cas. Malgré nos efforts, preuve est faite que nous ne pouvons contourner les divergences stratégiques des municipales et les contradictions qui vont avec. Comment partir en campagne en assumant la confrontation avec les listes gouvernementales aux européennes avec ceux qui, au même moment à Paris, Nantes et dans la moitié des villes de France, partent derrière le PS en concurrence avec nos propres listes FDG ?

[…] Nous ne changerons pas de méthode. Nous restons évidemment attachés au FDG mais débarrassés à l’avenir de toute ambiguïté stratégique sur la question de l’autonomie. Nous procéderons avec le souci constant de l’unité qui caractérise notre démarche depuis notre création. Nous appelons ainsi toutes les forces, toutes les composantes, tous les responsables politiques, du FDG mais aussi d’autres partis, qui sont engagés nationalement ou localement avec nous sur des listes autonomes aux municipales, à s’engager avec nous dès maintenant dans la campagne européenne de l’opposition de gauche, y compris avec des chefs de file là où c’est possible. - See

[…] Au delà, nous entendons continuer à œuvrer au rassemblement le plus large possible des forces constituées et des personnalités qui affirment, d’une façon ou d’une autre selon l’endroit où ils se situent aujourd’hui, les mêmes critiques vis à vis du gouvernement. Le processus que nous lançons restera donc celui de la main ouverte. A commencer évidemment par nos partenaires du FDG dont le PCF à qui il revient d’envoyer enfin les signaux clairs et publics, dont un engagement à présenter des listes autonomes aux élections cantonales et régionales de 2015, afin de construire avec nous ce processus, et plus globalement à toutes les forces et toutes les personnalités, FDG ou pas, qui souhaiteraient nous rejoindre, même après les municipales. - Lire la globalité texte en cliquant ici http://www.lepartidegauche.fr/actua...

Autres articles connexes :

Municipales et PCF Paris : retour forcé à la crise du loup par Jean-Luc Mélenchon http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Municipales et PCF parisien : une semaine que j’avais rêvée autrement deux Alexis Corbières http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Parti de gauche : résolution du conseil national sur les élections é européennes http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Les résultats électoraux du PCF depuis sa création : voir Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_...

2–Le logo du Front de gauche : il ne s’agit pas d’un gadget

Préambule

Nous allons aborder tout d’abord la question du logo Front de gauche Ceux qui affirment : "ce signe distinctif n’est pas un problème : c’est chicaner sur le détail, il y a des choses beaucoup plus importants à traiter !" sont soit de mauvaise foi (notamment s’ils ont une formation sur les techniques de communication), soit ce sont des ignorants.

Toute personne informée des techniques de communication utilisées en publicité, en marketing, en politique connaît la grande importance des marques et logos. Il existe d’ailleurs des formations spécialisées concernant cette question Ces signes distinctifs véhiculent un signifié marquant d’identité d’un produit, d’un concept, d’une organisation, d’un programme. Ils peuvent être l’enjeu de batailles juridiques extrêmement coûteuses et complexes entre entreprises, entre personnes physiques ou morales. C’est la raison pour laquelle ces marques et logos sont déposés à l’institut national de la production industrielle (INPI) et font l’objet d’une protection juridique précise.

Si ces signes distinctifs n’avaient qu’une importance secondaire, ils ne seraient pas l’enjeu de telles batailles juridiques. La sociologie, la sémiologie, la psychosociologie sont des sciences qui étudient, entre bien d’autres choses, ces signe distinctifs et emblèmes.

Dans un registre voisin,il n’est pas nécessaire d’avoir fait des études de sémiologie de l’image pour comprendre que la manière dont on prend en photo un homme politique peut avoir une grande importance pour sa crédibilité.

Dans un article du 24/09/2013 intitulé "à qui appartient la marque Front de gauche ?" Lilian Alemagna journaliste à Libération écrit : http://www.liberation.fr/politiques...

"En principe, les formations alliées sous la bannière depuis les européennes de 2009 ont un accord : aucun parti ne peut utiliser le nom ou le logo si les neuf forces qui composent le Front de gauche ne partent pas ensemble. « On souhaite avoir une charte où chacun s’engage à respecter cet accord », dit Eric Coquerel au Parti de gauche (PG). Au PCF, on partage la règle même si on s’attend à quelques difficultés locales, à Toulouse notamment Dans le parti de Jean-Luc Mélenchon, pas question d’ouvrir un front supplémentaire avec le PCF. Pourtant, ses dirigeants auraient tout à fait le droit d’utiliser l’appellation « Front de gauche » sur leurs affiches et tracts de campagne. Le nom et le logo appartiennent à l’un des leurs : Gabriel Amard. Très proche de Mélenchon — il est un de ses plus fidèles depuis ses premières années au Parti socialiste et partage la vie de sa fille — , ce membre de la direction du PG, reconnu pour ses engagements en faveur des régies publiques de l’eau, les a déposés en juillet 2009 auprès de l’Institut national de la propriété intellectuelle (Inpi), quelques semaines après les élections européennes. Dans la foulée, le PCF s’est assuré en mars 2010 de la paternité du nom « Front populaire de gauche ».

Mais Amard n’en est pas resté là. Il a pris soin le 4 avril dernier de protéger de nouveau la marque « Front de gauche » et le logo choisi pour la présidentielle - un liseré jaune sous le nom à la place d’une étoile. De l’art d’être prévoyant avant d’entrer dans les secousses pré-municipales que le Front de gauche connaît aujourd’hui ? « C’était une simple régularisation, répond-t-il. Tout le monde au sein du Front de gauche avait le loisir de le faire. » Comme Coquerel, il jure que le nom et le logo ne seront pas utilisés si les forces de Front de gauche ne partent pas ensemble en mars prochain…"

3– Le coup de force de la direction du PCF

On peut retenir deux idées de cet extrait d’ article :

– D’un point de vue démocratique, le Front de gauche étant composé de neuf partis, l’utilisation du logo ne peut se faire qu’avec l’accord de la totalité de ceux-ci, quelle que soit la configuration locale. Si l’on veut être plus souple, on peut imaginer que la majorité des neuf composantes soit d’accord (soit cinq sur neuf au moins)

– D’un point de vue juridique, comme le prévoit le code de la propriété intellectuelle l’utilisation du logo ne peut se faire qu’avec l’accord du dépositaire de la marque (Code de la propriété intellectuelle ; Deuxième partie : la propriété industrielle ;Livre VII : Marque de fabrique de commerce ou de services et autres signes distinctifs ; Chapitre III : Droits conférés par l’enregistrement ; Article L713–1 à L713 –6 ). Il s’agit ici d’un membre du parti de gauche comme le rappelle l’article du journaliste de Libération

Mais à ces deux idées, on peut en ajouter 3 autres :

a)– Le logo Front de gauche renvoie à un contenu précis et qui lui donne sens : le programme l’Humain d’abord.

On ne peut donc associer ce logo au Parti socialiste qui ne défend en aucune manière ce programme. Pire, le programme politique mis réellement en œuvre par François Hollande est antagonique au programme L’Humain d’abord. Mais l’attitude désinvolte, c’est le moins qu’on puisse dire, de la direction du PCF par rapport au logo pose du même coup le problème de l’importance qu’il accorde : – au programme l’Humain d’abord – au contenu du Front de gauche. Nous allons examiner ces deux questions plus loin

b)– Dans la version imprimée diffusée apparaît le titre L’Humain d’abord : le programme du Front de gauche et de son candidat commun Jean-Luc Mélenchon. Voir par exemple http://www.amazon.fr/Lhumain-dabord... –Pour un très grand nombre de lecteurs donc, Les trois termes : programme l’Humain d’abord – Front de gauche – Jean-Luc Mélenchon sont intimement liés .

c) – Le programme l’Humain d’abord et le label Front de gauche ont été popularisés et défendus lors de ces dernières élections présidentielles, avec un certain succès, par Jean-Luc Mélenchon. sur l’ensemble des médias et dans les meetings.

La personnalité politique associée au Front de gauche est emblématiquement Jean-Luc Mélenchon En conséquence il paraît naturel que l’utilisation de ce logo Front de gauche, surtout dans un cas litigieux, ait l’accord de Jean-Luc Mélenchon.qui en a été la principale incarnation médiatique pour des millions d’électeurs. Il ne s’agit pas ici de culte de la personnalité mais tout simplement de cohérence politique, de cohérence d’image et de loyauté. Rappelons qu’à chacun de ces meetings, Jean-Luc Mélenchon a indiqué clairement qu’il ne défendait pas sa personne mais le corpus d’idées présentes dans l’Humain d’abord au nom du Front de gauche

Or, force est de constater, que la direction du PCF a cru bon d’utiliser le logo Front de gauche dans des listes où participent des représentants du PS et même dans des listes conduites par lui, ceci en totale contradiction avec chacune des cinq idées précédemment indiquées et notamment en contradiction avec les principes élémentaires d’un fonctionnement démocratique et collaboratif au sein du Front de gauche.

Il n’est donc pas exagéré ici de parler d’un véritable coup de force de la direction du PCF dont la motivation profonde reste obscure.

Alexis Corbière, sur son blog, écrit : "L’utilisation abusive de ce logo à Paris a donc une volonté limpide de tromper les électeurs, ou du moins de les troubler. Sans quoi c’est incompréhensible." http://www.alexis-corbiere.com/inde...

On peut se poser la question :à quelles pressions considérables du PS la direction PCF a-t-elle été obligée de se plier ?

En effet, autant une alliance avec le PS dans certaines localités au premier tour peut trouver des explications rationnelles,(comme nous le verrons plus loin) même si celles sont discutables en terme de cohérence politique globale, autant cette décision unilatérale ne peut recevoir d’explication rationnelle. Sans vouloir tirer des plans sur la comète, on peut se demander si le PCF n’est pas entrain d’éteindre les étoiles au lieu de les rallumer comme le prétend le titre du document de son 36e congrès

Cette décision unilatérale prise par la direction PCF est en contradiction totale avec les principes défendus dans le texte du 36e congrès du PCF : http://congres.pcf.fr/sites/default...

"La démocratie comme mode de vie La démocratie doit être au coeur du vivre ensemble, par la reconnaissance d’une souveraineté populaire pleine et entière comme étant seule légitime. Aucun pouvoir, fut-il éclairé ou savant, ne saurait s’affranchir du peuple et gouverner sans lui. Nous proposons de démocratiser tous les espaces de la société, en recherchant partout à pousser les feux de l’intervention citoyenne et de la coélaboration"

Dans le chapitre :"Un nouveau Parti Communiste" "Nous savons qu’il ne peut y avoir de communisme sans démocratie, sans que le coeur en soit la démocratie. Pour être émancipateur, un projet politique ne peut être qu’une oeuvre collective à laquelle chacune et chacun peut participer."…

"Il (Le parti) change parce qu’il n’a de cesse que d’être en dialogue avec celles et ceux qu’il rencontre" . "Nous portons en nous l’exigence d’une démocratisation toujours plus poussée de notre pratique et de notre organisation. Elle doit continuer de s’expérimenter dans la vie et de se partager au sein de notre Parti."

Le minimum de choses que l’on peut attendre est que ces bons principes s’appliquent déjà au sein du Front de gauche et notamment à l’égard de ses partenaires qui ont permis de faire passer son score de 1,5 % à plus de 11 %.

Toujours et encore la déficience de démocratie

On peut lire ailleurs :

"Mener la bataille des idées et de la culture Nous voulons renverser la domination idéologique et culturelle que l’on nous impose. Une domination marquée par un grand mépris du peuple dont il s’agit de faire un troupeau d’animaux dociles, uniformes et rongés par le désir d’acheter."

Fort bien ! Mais n’y a-t-il pas eu mépris du peuple communiste de Paris en indiquant avant même le vote quel devait être le bon choix, c’est-à-dire une alliance avec le PS au premier tour ? N’a-t-on pas considéré ici les militants comme des êtres dociles "rongés par le désir" d’obtenir des sièges ? Est-ce là encore une bonne pratique de la démocratie ? Où est la révolution culturelle ? Ne sommes-nous pas en présence d’un système de domination de type pyramidal ?

4 –La bataille des municipales du PCF : une base idéologique non clairement affirmée.

On peut lire dans le document écrit du 36e congrès : "Les communistes sont engagés dans l’action municipale et intercommunale, souvent au sein de majorités de gauche constituées sur des projets, parfois dans l’opposition. Partie prenantes d’aventures humaines et de l’histoire locale, ils veulent continuer à être utiles au plus près des femmes et des hommes et continuer à leur rendre le pouvoir.

C’est pourquoi nous décidons de lancer partout des appels à de larges rassemblements en commençant dès aujourd’hui à construire les contenus qui guideront notre action avec les habitantes et les habitants. C’est avec elles et avec eux que nous voulons créer les conditions de nouvelles conquêtes politiques. Partout, nous entendons ainsi renforcer et augmenter notre influence, en faisant la démonstration sur le terrain qu’une autre pratique et une autre ambition politique sont possibles. La présence d’élues communistes au sein des assemblées municipales est un point d’appui essentiel dans les batailles politiques de notre parti. Cela constituera un atout considérable pour renforcer notre groupe au Sénat. Nous abordons ces élections dans un esprit de conquête, pour mettre en responsabilité plus d’élu-es communistes encore."

Qu’un parti compte augmenter son influence en tenant compte des avis émis par la population est légitime mais encore faut-il que les bases idéologiques sur lesquelles cet élargissement s’effectue soient claires. Dans ce paragraphe concernant les élections municipales, il n’est pas fait mention du programme du Front de gauche l’Humain d’abord alors même, qui plus est, que l’idée de Parlement est ici mentionnée (Le Sénat).

5 – La formation des militants et des citoyens négligée.

Observons que les quelque 10 000 ou 13 000 élus communistes se sont plus investis par le passé dans des batailles politiques électorales, dans une politique gestionnaire des collectivités territoriales, dans des débats au sein d’instances représentatives plutôt que dans la formation de ses militants et l’information–formation des citoyens qui nécessiterait un travail de terrain quasi hebdomadaire, en raison de la guerre idéologique permanente menée par les grands médias.

Considérons un exemple. La pauvreté des contenus de nombreux sites Internet locaux montre l’indigence de l’appui logistique des élus locaux. En outre, ils sont le plus souvent calibrés sur un format électoraliste alors que le 36e congrès indique à juste titre :

"Au-delà des campagnes électorales, nous voulons continuer à cheminer avec un nombre toujours plus important de femmes et d’hommes, inventant les conditions d’un travail en commun. Pour franchir une nouvelle étape, le Front de gauche a besoin d’un lieu où les apports et les expériences d’actrices et d’acteurs du mouvement social, associatif, intellectuel et culturel pourraient se croiser, chercher ensemble à produire du sens, et alimenter la recherche d’une nouvelle perspective politique".

Et, encore une fois, sur quelle base idéologique s’érige cette nouvelle perspective politique ? Mais remarquons tout de même qu’un lieu possible parmi d’autres, peut être un site Internet,comme le montre par exemple Mediapart. lI existe évidemment quelques exceptions à la règle mais l’outil Internet est généralement très loin d’être correctement utilisé.

C’est pourtant essentiellement par le moyen de la formation que : " Du Front de gauche, nous portons l’ambition d’en faire un grand mouvement populaire capable de bousculer le rapport de force à gauche jusqu’à rendre majoritaires les options de transformation sociale. …"

Le texte du 36e congrès indique sur ce point : "…C’est dans cette envie de savoir, de recherche, d’éducation populaire, seule capable d’élever notre niveau de compréhension de ce qui est à l’oeuvre dans la société, que nous devons mieux ressourcer notre Parti. La formation des communistes est une exigence et un objectif majeur auxquels nous voulons répondre mieux encore à l’avenir."

Je souscris à 100 % à cette belle intention. Mais quel est le bilan des actions engagées sur cette question de la formation par le PCF sur la période de ces 20 dernières années ? On peut être pessimiste, car la direction du PCF éprouve le besoin de souffler les bonnes réponses aux militants avant leur consultation qui montre une cohérence idéologique globale défectueuse.D’autre part,la baisse permanente des résultats électoraux et de l’influence idéologique du PCF depuis 1995 semble indiquer une carence considérable dans ce domaine, notamment dans la formation des responsables.

6 – L’alliance à tout prix avec le PS ne permet pas la clarté idéologique

Mais comment faire comprendre à la population que : – "Or depuis sa prise de fonctions, le gouvernement roule à contresens. Tout se passe comme si l’actuelle majorité s’appliquait à gérer les suites du quinquennat précédent."

– "Nous refusons les orientations social-libérales actuelles du gouvernement, qui conduiraient inévitablement à l’échec si elles étaient poursuivies."

– et que : "Une réorientation politique est la seule hypothèse pour laquelle notre parti serait prêt à participer à l’exercice du pouvoir afn d’apporter son concours à la construction du changement. "

– ou encore que :"en faisant la démonstration sur le terrain qu’une autre pratique et une autre ambition politique sont possibles."

si le PCF et plus largement le FdG font alliance dès le premier tour avec un parti dont la politique social-libérale est sur certains points encore plus réactionnaires que celle du gouvernement Sarkozy, sans même parler de la répression antisyndicale qui sévit encore dans notre pays et dont j’ai parlé dans un autre article ?

L’alliance avec le PS pouvait se comprendre dans la mesure où sa politique permettait des avancées économiques ou sociales même si celle-ci pouvait comporter des aspects négatifs.

J’ai eu l’occasion de critiquer la position non dialectique du NPA sur cette question il y a plusieurs années. (Voir mon article : analyse de la stratégie anti unitaire NPA http://www.gauchemip.org/spip.php?a...). Mais la dialectique s’arrête là où commence la trahison (des intérêts des travailleurs). Mais nous n’en sommes plus là, surtout depuis l’automne 2012 où le PS est devenu un parti ultralibéral et dont la nature de ses positions économiques ne se différencie plus de celle de l’UMP. Les divergences idéologiques n’apparaissent entre ces deux formations que sur des questions sociétales, ne touchant qu’un faible pourcentage de la population, montées en épingle par les médias.

7–La crainte d’une perte massive de sièges

Les seuls motifs d’une telle alliance avec le PS ne peuvent être que des raisons de conservation de sièges électoraux et de financement du PCF grâce à ce jeu d’alliances électorales contre nature

Pour avoir une idée concrète du dilemme devant lequel se trouve le PCF, il est nécessaire de connaître quels sont les effets des contraintes institutionnelles sur l’arithmétique électorale lorsque l’on contracte ou non des alliances.. Comparons, à cet effet les résultatsdu PCF allié au PS dans de nombreuses circonscriptions et ceux du Front National qui n’a contracté aucune alliance.

Considérons les cantonales 2011 en métropole Pour le PCF 7,91 % des voix 1er tour et 4,82 % 2ème tour –Total : 116 sièges

Pour le FN : 15,06 % des voix au 1er tour et 11,57 % des voix au 2ème tour – Total : 2 sièges Rappelons, comme deuxième exemple, les législatives de 2012. Le FdG obtient 6,91 % des voix au premier tour et 10 sièges. Le FN obtient 13,60 % des voix au premier tour et 2 sièges

On ne peut évidemment pas transposer ces résultats mécaniquement dans une situation électorale où le PCF et le FdG ne contractaient aucune alliance avec le PS, mais ces résultats donnent à réfléchir lorsque l’on adopte un point de vue comptable dans tous les sens du terme. Néanmoins, dans l’hypothèse d’une alliance du FdG avec un certain nombre de socialistes et d’écologistes "dissidents",d’une alliance avec La Nouvelle donne,et une partie de l’extrême gauche, on peut imaginer un tout autre résultat.

Le ministère de l’intérieur possède probablement les moyens logistiques pour faire de telles simulations à partir des résultats des élections antérieures dans ces cas de figure.

8 – L’alliance avec le PS favorise la promotion d’un certain nombre d’élus mais affaiblit globalement le PCF sur la durée

Mais si l’obtention des sièges reste une préoccupation prioritaire au détriment de la lisibilité politique et idéologique, cela ne va pas sans risque, ce que semble vouloir ignorer le PCF dont la stratégie d’alliance avec le PS depuis la fin de la gauche plurielle s’est globalement traduite par un affaiblissement continu de son influence idéologique et électorale conduisant tendanciellement à sa disparition.

L’électorat considère que si la politique du PS est un échec, c’est aussi un échec pour le PCF à partir du moment où celui-ci a participé avec lui au gouvernement ou figurait avec lui sur les mêmes listes électorales quand bien même l’influence PCF sur la politique globale du PS eût été extrêmement limitée.

Or, on peut lire dans le texte du 36e congrès : "Le rejet de la politique s’exprime massivement parmi celles et ceux qui subissent le plus les effets du système capitaliste et de sa crise. Et les pièges politiques se referment sur les hommes et les femmes qui sont hantés par la peur de perdre ce qu’ils ont durement gagné."

Une telle vision contient évidemment sa part de vérité mais est beaucoup trop économiste.

Le PCF oublie que l’une des raisons du dégoût de la politique pour un nombre croissant de citoyens est la constatation que les partis font passer leurs intérêts "alimentaires" (pour les élus et leur appareil) avant les intérêts de la population qu’ils sont censés représenter.

Le PCF refuse donc de regarder la réalité en face : il contribue par sa stratégie d’alliance non seulement à créer de la confusion mais aussi à créer désespoir et dégoût, et ce faisant, il contribue au renforcement du FN.

Le vote PS au deuxième tour ne peut se concevoir rationnellement que lors d’un duel PS – FN.

Un duel PS – UMP ne devrait se traduire dans la plupart des cas que par un vote blanc puisque ces deux partis sont dorénavant interchangeables au niveau de leur politique économique

Cela ne signifie pas que des alliances ponctuelles puissent avoir lieu avec quelques élus socialistes situés à gauche du PS ayant voté contre la politique gouvernementale (même chose pour des élus écologistes) ou encore avec le nouveau parti La Nouvelle donne, dont les positions sont proches de celles du FdG.

Mais on connaît déjà le contre – argument : et si la liste PS s’engage à réaliser une politique locale sociale, défendant une gestion publique de l’eau "et autres plein de bonnes choses" ?

Ah bon ? Alors pourquoi pas non plus voter pour une liste UMP qui s’engagerait aussi à réaliser une politique progressiste similaire ?

Tous les élus UMP ne sont pas des antisociaux ou des incompétents : il en existe un certain nombre qui ont été capable de développer une politique sociale et culturelle de qualité dans leur ville.

On voit ici les limites de ce genre d’argument localiste de clientélisme social, du moins pour les grandes villes.

9 –L’humain d’abord n’est-il qu’une figure de style ou a-t-il un contenu programmatique dans le texte d’orientation du 36e congrès ?

L’expression "l’humain d’abord" apparaît trois fois dans le texte du 36e congrès du PCF. Voici leurs apparitions que l’on pourrait qualifier de fantomatiques. Mais une apparition n’est–elle pas toujours fantomatique ?

"Les nouveaux pouvoirs des salarié-es devront les placer au service des objectifs sociaux qui expriment notre ambition : l’humain d’abord ! "(Page 24)

"Offensifs,rassembleurs, inventifs, populaires... voilà qui nous sommes. Le parti de l’humain d’abord." (Page 37)

"Pour faire grandir l’humain d’abord, prenez la main, prenez les rênes, prenez le pouvoir !" Conclusion du texte page 41)

On aurait préféré des références un peu plus fréquentes et ayant un contenu réellement programmatique concernant "l’humain d’abord" qui n’est pas un slogan mais un programme politique résultat d’une laborieuse élaboration collective qui reste d’ailleurs à être corrigée et enrichie par les contributions citoyennes.

Le logo Front de gauche n’est donc pas une pâle bannière publicitaire d’agents électoraux en quête de sièges ou de portefeuilles électoraux mais le flamboyant étendard du programme l’Humain d’abord et d’une stratégie unitaire anticapitaliste.

Un bon nombre de militants communistes ont parfaitement compris cela mais ce ne semble pas être le cas, malheureusement, pour un certain nombre de responsables du PCF pour lesquelles la haute signification symbolique du logo Front de gauche semble leur échapper

10 –Vers la fin de la phagocytose du PCF par le PS ?

On peut lire encore dans le texte du 36e congrès ce que je considère pour ma part comme essentiel pour la survie même du PCF

"La nécessité de la conceptualisation et théorisation ne s’est jamais faite autant sentir que dans un monde où chacune, chacun, est confronté en permanence au bruit et à la fureur, ainsi qu’à de profondes mutations.

C’est dans cette envie de savoir, de recherche, d’éducation populaire, seule capable d’élever notre niveau de compréhension de ce qui est à l’oeuvre dans la société, que nous devons mieux ressourcer notre Parti.

La formation des communistes est une exigence et un objectif majeur auxquels nous voulons répondre mieux encore à l’avenir."

Que les dirigeants communistes appliquent déjà à eux-mêmes ces excellents préceptes,alors arriveront-ils, peut-être, à rompre avec la lignée des fossoyeurs qui dirigent ce parti depuis trop longtemps et pourront ainsi faire revivre et redéployer leur parti qui, malheureusement, en de trop nombreux endroits,n’est plus que l’ombre que de lui-même.

Les communistes ont tout intérêt à mettre fin à la phagocytose de leur parti par le PS avant sa disparition totale. L’absorption du logo Front de gauche par le PS fait partie de ce processus de phagocytose que le PS aimerait pouvoir étendre à l’ensemble des composantes Front de gauche.

Je citerai donc volontiers Wikipédia qui, après avoir décrit le déclin du PCF, indique :

"La dynamique du Front de gauche permet au PCF, sa principale composante, de retrouver un certain souffle, et de s’offrir le luxe de se détacher du PS, qui avait eu tendance à le phagocyter " http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_...

Il est vrai que le PCF s’était déjà quelque peu détaché des tentacules du PS mais le processus de sa libération n’est pas terminé.

On peut espérer que la décision du PG prise par son conseil national dimanche 16 février 2014 le convaincra la direction du PCF qu’il n’est plus possible de s’allier à un parti devenu clairement de droite sous peine de faire imploser le Front de gauche entraînant du même coup la perte du PCF.

Hervé Debonrivage


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