Montée du racisme et du néo-fascisme en Russie

dimanche 18 février 2007.
 

Hier soir, les infos d’Arte signalaient un nouveau meurtre raciste en Russie, ce coup-ci un Ouzbek. C’est de plus en plus inquiétant. Ci-dessous, dernier rapport d’Amnesty international sur le sujet.

« Quiconque ne ressemble pas à un Russe typique encourt un risque. Les attaques sont inattendues et presque toujours impromptues. Les assaillants attaquent généralement en groupes importants, utilisent des armes, comme des battes de baseball et des couteaux. Ils choisissent souvent des victimes qui ne sont pas à-mêmes de se défendre toutes seules. Des enfants, des personnes endormies, seules ou en petit groupe ont déjà été les cibles d’attaques », dresse le rapport. Le cas d’une fillette tadjike de neuf ans avait particulièrement choqué les associations de défense des droits de l’homme : elle avait été poignardée de neuf coups de couteau en décembre 2004 par un gang à Saint-Pétersbourg.

Actes racistes classés en « hooliganisme »

D’après le rapport, la plupart des attaques ont lieu à Moscou, à Saint-Pétersbourg et dans l’université de la ville de Voronezh. Les attaques commises à l’égard des ressortissants étrangers se sont accélérées ces derniers mois. Les victimes sont des étudiants, des demandeurs d’asile, des personnes d’origine juive ou encore des réfugiés originaires d’Asie ou d’Afrique. Même des défenseurs des droits de l’homme ont déjà fait l’objet d’attaques. Autre bouc-émissaires de ses expéditions punitives lancées par ces bandes de skinheads, les ressortissants des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale.

« Les attaques racistes et les meurtres d’étrangers et de membres de minorités ethniques sont annoncés avec une régularité choquante », déplore Amnesty. Rien qu’à Moscou, Amnesty recense pas moins de sept crimes racistes en 2005 et 107 attaques. Toutefois, l’organisation se garde bien de prendre ces chiffres au pied de la lettre. « Dans de trop nombreux cas, les autorités ont qualifié les attaques de « hooliganisme » et n’ont pas eu recours aux articles du Code criminel qui permettent pourtant de qualifier ces attaques de racistes. (...) Cela a conduit à une situation où il semble qu’une partie des autorités a fermé les yeux sur ces crimes ».

Hausse de la xénophobie et du néo-fascisme

L’organisation évoque notamment le cas d’un étudiant sénégalais abattu le 7 avril à Saint-Pétersbourg par des inconnus munis d’un fusil à pompe orné d’une croix gammée. « La réponse des autorités russes au problème des attaques racistes violentes est outrageusement inadéquate », critique Amnesty, qui exhorte les autorités russes à « prendre des mesures immédiates ». « L’échec de l’Etat dans la prévention, les enquêtes et les poursuites concernant les crimes racistes semble n’avoir fait qu’encourager la hausse de la xénophobie et du néo-fascisme en Russie », ajoute l’organisation.

Amnesty pointe du doigt « le racisme et la discrimination y compris de la part des agents de l’Etat ». Outre les attaques, les cas d’« extorsion » de fonds et d’« arrestations arbitraires » sont également fréquents, en particulier à l’encontre des travailleurs immigrés d’Asie centrale ou du Caucase, nombreux à travailler illégalement sur les chantiers russes.

Dans un rapport publié mercredi, l’organisation de défense des droits de l’homme accuse la justice russe de qualifier les crimes racistes de simples actes de « hooliganisme ».


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