3 ans de prison pour l’ex patron des patrons UIMM : une juste peine

samedi 27 août 2016.
 

- C) La juste condamnation de Gautier-Sauvagnac (Parti de Gauche)
- B) 3 ans, dont 1 an de prison ferme pour Denis Gautier-Sauvagnac (Gérard Filoche)
- A) Affaire de la "caisse noire de l’UIMM" : Condamnation qui met définitivement en lumière des pratiques et un système "mafieux" (CGT)

C) La juste condamnation de Gautier-Sauvagnac (Parti de Gauche)

Si l’on en croit ses déclarations, c’est un patriote qui a été condamné en correctionnel le 10 février à trois ans de prison dont une année ferme et 375 000 euros d’amende. Son défenseur qui a prévenu qu’il sera fait appel du jugement s’est ému de cette « sévérité sans pareille ». Denis Gautier-Sauvagnac n’est effectivement pas un de ces voyous qui troublent la sécurité publique en volant des scooters. Il était juste accusé d’avoir été, selon le réquisitoire du procureur, au centre d’un « système occulte de distribution d’importants fonds en espèces ». En l’occurrence la bagatelle de plus de 16,5 millions d’euros pour la période 2000-2007.

Denis Gautier-Sauvagnac aurait-il été victime de sa fonction ? En tant qu’ancien délégué général, vice-président puis président de l’UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie) entre 1994 et 2007, il n’a fait, d’une certaine manière, que perpétuer la tradition. Il faut se souvenir que l’Union en question a été portée sur les fonts baptismaux par le célèbre Comité des Forges le 17 septembre 1900. Un de ses parrains les plus actifs, Eugène Schneider, un rejeton des fameuses 200 Familles, décrivait ainsi son futur destin : « organiser l’entente des patrons afin de résister aux grèves des ouvriers. »

Emportée par son enthousiasme, l’UIMM ne s’est pas contentée de jouer le rôle d’un syndicat patronal. Elle n’a pas résisté au plaisir de l’anticommunisme au cours de la guerre Froide, jusqu’à financer ensuite, en toute discrétion, la propagande anti-programme commun à l’aide de quelques millions de tracts, d’affiches, voire de journaux édités pour l’occasion. Si l’on en croit Yves Bertrand, ex-directeur central des Renseignements généraux, elle aurait également soutenu activement la campagne de Valéry Giscard d’Estaing en lui fournissant de quoi se payer une logistique et les services d’ordre du GUD et d’Ordre Nouveau.

Mai 68 ayant effrayé les héritiers du Comité des Forges, François Ceyrac, alors président de l’UIMM, avant de devenir celui du CNPF (ancêtre du Medef) crée en 1972 l’EPIM (Entraide professionnelle des industries des métaux). Il s’agit d’une caisse de secours mutuel pour pallier aux conséquences des conflits sociaux de l’après-68. A ne pas confondre avec une caisse noire ni une « caisse antigrève » ont insisté en chœur les responsables de l’UIMM. C’est de cette caisse toutefois que proviennent les 16,5 millions d’euros retirés en cash et distribués par Denis Gautier-Sauvagnac.

A qui et dans quels buts se sont interrogés les juges ? Il semble qu’un million d’euros ait servi de complément de salaires aux dirigeants de l’UIMM. François Ceyrac, qui comme on l’a vu, méritait un minimum de reconnaissance, a par exemple perçu un complément de retraite de 5 000 euros par mois de 1981 jusqu’à 2007 quand l’affaire a été révélée. 2 autres millions d’euros ont été utilisés en frais de mission par les mêmes dirigeants. Denis Gautier-Sauvagnac s’adjugeait ainsi 15 000 euros par an de frais de représentation. Comme l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, il s’est aussi consenti des prêts immobiliers à des taux très avantageux afin d’acquérir deux appartements. Aucun privilège là-dedans sans doute aux yeux de celui qui, président de l’Unedic, et négociateur pour le compte du Medef dénonçait l’exorbitant avantage du chômeur et de l’intermittent du spectacle.

Reste la grosse somme de 13,5 millions d’euros. Elle aurait été utilisée, selon les termes pudiques du président de l’UIMM, à « fluidifier le dialogue social ». Perfidement, il allègue que les syndicats ouvriers auraient touché leur part, ce qui paraît avéré pour la CFTC (380 591 euros), la CFE-CGC (66 930 euros), la CFDT (25 584) et FO (22 890). Des syndicats étudiants, plutôt de droite auraient aussi perçu leur écot et la suspicion est savamment entretenue en ce qui concerne de possibles personnalités parlementaires et politiques.

Se drapant dans une posture patriotique très équivoque quant aux conséquences, Denis Gautier-Sauvagnac a refusé de s’expliquer devant le juge. « Les versements ont été faits à des gens très honorables, liés à des organismes qui font partie de notre vie sociale et je ne crois pas, très sincèrement, qu’il soit de l’intérêt général de procéder à un grand déballage qui ne serait pas utile à notre pays. »

Le fait est, au contraire, que l’absence de « déballage » nuit directement à la démocratie, ce qui n’a pas échappé à la Justice qui est allée au-delà des réquisitions du procureur (2 ans avec sursis et 250 000 euros d’amende). Les affaires Gautier-Sauvagnac ou Cahuzac ne sont pas les faits divers d’un jour mais l’envers du décor d’une république définitivement mitée. Vite, la 6e !

B) 3 ans, dont 1 an de prison ferme pour Denis Gautier-Sauvagnac (Gérard Filoche)

Le scandale avait éclaté en septembre 2007. Le Tracfin avait révélé la « caisse noire » de l’UIMM-Medef, avec 600 millions d’euros provenant d’une double comptabilité des entreprises, donc d’abus de biens sociaux. Laurence Parisot avait avoué « beaucoup savaient inconsciemment ». Elle avait dit « c’est de l’argent sale, je me sens salie ». Mais l’UIMM-Medef et elle ne se sont jamais lavées, rien n’a été éclairci.

Il a fallu attendre sept ans pour le jugement. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné lundi 10 février Denis Gautier-Sauvagnac, (dit « DGS ») l’ancien dirigeant de cette puissante Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), à trois ans de prison dont deux avec sursis. Il devra également verser une amende de 375 000 euros.

Entre 2000 et 2007, il s’avère en effet que l’UIMM a retiré 16,5 millions d’euros de sa« caisse noire », celle de l’Entraide professionnelle des industries et des métaux, une structure de la formation patronale censée soutenir les entreprises adhérentes subissant un conflit social et qui servait à permettre aux patrons de « casser la concurrence libre et non faussée », de résister et de casser les grèves.

Chaque semaine, la comptable de la fédération patronale prenait son sac à main, allait à la banque, et retirait entre 30 000 et 200 000 euros en espèces et les déposait à son retour dans le coffre de l’UIMM. DGS redistribuait ces sommes confidentiellement, et, président de l’Unedic payait aussi des « salaires » en liquide sans cotisations sociales.

UIMM et Medef ont, en bande organisée, détruit les pièces comptables qui pourraient témoigner de ces opérations.

Pendant les six années d’instruction, les membres de l’UIMM et du Medef se sont cloîtrés dans un silence mafieux, refusant de coopérer avec les enquêteurs. (Lire « les caisses noires du patronat » Éd. Gawsewitch, avril 2008, Gérard Filoche).

Les autres condamnations :

- Dominique de la Lande de Calan, un an d’emprisonnement avec sursis et une peine d’amende de 150 000 euros.
- Dominique Renaud, 8 mois de prison avec sursis.
- Bernard Adam, 2 mois de prison avec sursis.
- Jacques Gagliardi, 6 mois de prison avec sursis.
- UIMM : 150 000 euros d’amende

A) Affaire de la "caisse noire de l’UIMM" : Condamnation qui met définitivement en lumière des pratiques et un système "mafieux" (CGT)

La CGT prend acte du jugement du tribunal correctionnel de Paris rendu ce jour qui met définitivement en lumière des pratiques et un système organisés que l’on peut aisément qualifier de « mafieux ». En effet, le tribunal condamne l’ex-patron Denis Gautier-Sauvagnac à 3 ans de prison, dont 2 avec sursis, dans l’affaire de la "caisse noire" de l’UIMM.

Ce dernier, reconnu coupable "d’abus de confiance et de travail dissimulé" a également été condamné à verser une amende de 375 000 euros. Dominique de Calan, le délégué général de l’UIMM, a également été condamné à 1 an avec sursis et 150 000 euros d’amende. La chef comptable Dominique Renaud à 8 mois avec sursis, l’ex-directeur administratif, Bernard Adam, à 2 mois avec sursis. L’UIMM en tant que personne morale est quant à elle condamnée à 150 000 euros d’amende.

Dès la connaissance des réquisitions en octobre dernier, la CGT s’était exprimée pour que des condamnations exemplaires soient prononcées et pour que de telles pratiques soient définitivement éradiquées.

C’est donc à l’heure où notre organisation se mobilise partout sur le territoire pour mener campagne contre le coût du capital que cette annonce vient nous conforter dans notre ambition de transformation sociale, qui passera donc nécessairement pour la CGT, par une autre répartition des richesses créées.


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