Enseignement : Stop aux obscurantisme

samedi 1er février 2014.
 

- A) Faire échec à l’offensive anti-républicaine des obscurantistes (MRAP)

- B) Face aux mensonges de l’extrême droite, le gouvernement doit soutenir les ABCD de l’égalité (LDH)

- C) Rumeurs contre l’école : la droite fait mauvais genre (L’Humanité)

A) Faire échec à l’offensive anti-républicaine des obscurantistes (MRAP)

Le MRAP dénonce l’appel « journée retrait de l’école » qui vise l’école laïque et la République et mine notre démocratie et les valeurs d’égalité.

Cet appel est lancé par Farida Belghoul membre du regroupement d’extrême-droite antisémite « égalité et réconciliation ».

La manifestation du dimanche 26 avait déjà vu, dans les rues de Paris, la convergence des fondamentalistes chrétiens et musulmans avec l’extrême-droite fasciste, dans la « journée de colère ».

Cet appel au retrait de l’école s’inscrit dans le retour des thèses homophobes obscurantistes, associant l’extrême-droite traditionnelle et les fondamentalistes de diverses obédiences.

Des beaux quartiers aux quartiers populaires en attente d’égalité, un mauvais vent anti-républicain se lève, qui associe ceux que tout sépare socialement et économiquement : la haine de l’autre - l’homosexuel ou le juif - sert de passeport entre les haines disparates.

Par sa nouveauté, par sa dimension socialement transversale, ce mouvement est lourd de risque d’explosion.

C’est là un fait politique majeur qui a affecté le public de certaines écoles dans des proportions extrêmement inquiétantes.

Le MRAP condamne tous les démagogues apprentis-sorciers - à l’extrême-droite, mais aussi à droite - qui surfent sur les peurs et la haine de l’autre.

Ainsi Monsieur Copé, maire de Meaux ,ville affectée de façon significative par les retraits scolaires, a délaissé un instant la protection des « petits pains » traqués par les petits musulmans (pour venir soutenir les fondamentalistes religieux, déclarant : « Je suis choqué par la théorie du genre et je comprends l’inquiétude des familles »

L’extrême-droite ne peut que profiter de ce climat délétère pour relancer ses campagnes racistes et islamophobes.

Le MRAP en appelle à une lutte déterminée contre les mouvances d’extrême-droite qui entendent aujourd’hui, non sans succès, souder des colères hétérogènes dans la haine de l’autre.

Le MRAP apporte tout son soutien aux enseignants qui doivent faire face à cette offensive rétrograde qui se prétend « religieuse ».

Il demande au gouvernement une extrême fermeté dans le traitement de cette offensive de l’extrême-droite radicale et des fossoyeurs de la laïcité qui, petit à petit, installe un climat pré-insurrectionnel qui peut miner les fondements de la République.

B) Face aux mensonges de l’extrême droite, le gouvernement doit soutenir les ABCD de l’égalité (LDH)

Des activistes d’extrême droite ont lancé une action nationale pour l’interdiction de l’étude du genre à l’école. Cette campagne est basée sur un mensonge. En effet, les programmes scolaires et notamment les ABCD de l’égalité contiennent, conformément au Code de l’éducation, des éléments pédagogiques combattant les archétypes sexistes et promouvant l’égalité entre les sexes.

L’école, et c’est son rôle, enseigne le refus des discriminations, l’égalité entre les filles et les garçons, la liberté de construire l’esprit critique et l’intelligence par l’accès au savoir. C’est cette dimension d’égalité qui agresse une extrême droite familialiste, dont le modèle de société est de remettre les femmes « à leur place », à la maison ; de propager auprès des parents la peur d’une société sans préjugés et sans discriminations.

En appelant à boycotter l’école sur la base du mensonge et de la désinformation, en provoquant la censure d’un livre* publié par le Centre national de documentation pédagogique, sous l’autorité du ministère de l’Education nationale lors du Salon de l’éducation, cette extrême droite familialiste entend peser sur les publications, les programmes ou encore la fréquentation scolaire.

Ces prétentions sont à prendre au sérieux et doivent être combattues énergiquement. L’école doit pouvoir poursuivre son travail pour la compréhension et l’éducation des rapports entre les hommes et les femmes, entre masculin et féminin, avec leur dimension d’inégalité, dont on sait qu’elle est grande. Leur « loi de la nature », c’est la loi du plus fort : alors que l’égalité se construit, s’apprend, comme la démocratie.

C’est pourquoi nous en appelons à la vigilance de tous les citoyens et citoyennes, face à des tentatives d’immixtion rétrogrades dans le système scolaire et de retour à l’ordre moral.

*Publié aux éditions Sceren-CNDP, et intitulé Déjouer le genre. Pratiques éducatives au collège et au lycée. L’auteur, Hugues Demoulin, est chargé de mission égalité filles/garçons dans l’académie de Rouen.

C) Rumeurs contre l’école : la droite fait mauvais genre

Les délires de Farida Belghoul sur l’introduction supposée de la théorie du genre à l’école font suite à des mois de campagne des réacs de tous poils qui n’hésitent pas à manier l’intox.

À qui la faute  ? Depuis vendredi, une centaine d’écoles – sur les 48 000 établissements publics – ont été perturbées par des absences d’élèves. À l’évidence, les appels délirant de groupuscules d’extrême droite demandant aux parents de garder leurs enfants à la maison pour dénoncer un supposé enseignement obligatoire de la théorie du genre à l’école (l’Humanité du 27 janvier 2014) ont malheureusement trouvé un écho. Après l’Île-de-France, lundi dernier, le Loiret, le Rhône ou encore l’est de la France, ces «  journées de retrait de l’école  » pourraient continuer à essaimer. Leurs organisateurs ont dressé un calendrier par grandes villes jusqu’au 10 février. Qui est à l’origine de cette folle «  rumeur du genre  »  ? Comment a-t-elle pu prendre une telle ampleur  ? Qu’est-ce que les ABCD de l’égalité  ?

Un combat 
du FN à l’UMP

L’appel à ces «  journées de retrait de l’école  » (JRE), une fois par mois, remonte au 18 décembre 2013 et il est signé par la désormais célèbre Farida Belghoul. Ancienne meneuse, en 1984, de la seconde Marche pour l’égalité, cette romancière et cinéaste, désormais proche du nationaliste Alain Soral, dénonce à longueur de blog le «  gender  », cette «  théorie contre-nature  » que les pouvoirs publics auraient décidé d’enseigner dès la maternelle, avec un encouragement à la masturbation ou encore des interventions de militants LGBT devant les enfants pour leur «  apprendre  » l’homosexualité, la bisexualité et la transsexualité… Des affirmations outrancières, certes, mais qu’elle partage depuis des mois avec les catholiques traditionalistes de la Manif pour tous, les identitaires, les islamistes intégristes et une belle brochette de militants d’extrême droite et de l’UMP. Dans la foulée du lancement à l’école des ABCD de l’égalité, la droite au sens large a, en effet, décidé de faire de la lutte contre une soi-disant introduction de la théorie du genre à l’école, son nouveau cheval de bataille. Un chiffon rouge agité régulièrement par l’UMP et ses proches comme Olivier Vial, président de l’UNI et fondateur d’un «  observatoire de la théorie du genre  ». On comprend mieux les hésitations actuelles de Jean-François Copé à condamner fermement les divagations de Farida Belghoul…

Quid des ABCD de l’égalité  ?

Expérimentés dans environ 600 classes depuis janvier, les ABCD de l’égalité sont une dizaine de séquences pédagogiques destinées à faire s’interroger les élèves sur les stéréotypes sexistes et les inégalités sociales qui en découlent entre les hommes et les femmes. Adaptables de la grande section maternelle au CM2, elles s’intègrent dans les matières classiques (français, histoire, EPS…). Un site Internet dédié a été mis en place. «  C’est un accompagnement pour éduquer au respect et à l’égalité  », résume Vincent Peillon. Maman n’est pas forcément destinée à enfanter et à s’occuper du foyer  ? L’horreur pour une partie de la droite et les milieux religieux qui y voient une remise en cause de «  l’ordre naturel  » et de la famille «  traditionnelle  ». Les militants de la Manif pour tous ont même été jusqu’à traduire leur émoi dans des affiches qui se passent de commentaire  : «  Touche pas à mon stéréotype  !  »

Amalgames 
tous azimuts

Le postulat de base de cette rumeur est faux. N’en déplaise à la droite réac, il n’existe pas une théorie du genre qui avancerait à «  petits pas  » dans l’éducation nationale… Développées depuis une quarantaine d’années, les «  études de genre  » sont une discipline universitaire à part entière et explorent «  tout ce qui, dans la construction de l’identité sexuelle et dans la formation de la division entre les sexes, relève de mécanismes d’ordre social et culturel  ». Ce faisant, ces études ne nient pas, bien évidemment, les différences biologiques entre les personnes, mais réfutent l’idée qu’elles se traduisent nécessairement en différences psychologiques et comportementales. Une approche rejetée de longue date par l’église catholique. Logique. «  Elle a toujours présenté la différence des sexes comme naturelle pour justifier le créationnisme et la domination des hommes sur les femmes  », rappelle l’Association de recherche sur le genre en éducation et formation. Autre désinformation  : l’OMS encouragerait «  la masturbation infantile  ». Une interprétation totalement loufoque d’un document rédigé en 2008 par l’organisation et faisant le point sur l’état des connaissances sur le développement de la sexualité à différents âges…

Peillon convoque les parents. «  Il y a un certain nombre d’extrémistes qui ont décidé de mentir, de faire peur aux parents. Ce que nous faisons à l’école, c’est enseigner les valeurs de la République, et donc du respect entre les femmes et les hommes  », a réaffirmé hier Vincent Peillon, à la sortie du Conseil des ministres. En conséquence, il a demandé aux responsables d’établissements de «  convoquer les parents  » qui ont retiré leurs enfants de l’école sur la foi de ces nauséabondes rumeurs autour de la prétendue théorie du genre. Le ministre de l’Éducation a aussi voulu adresser un «  message de solidarité aux enseignants  », «  pris, parfois, dans des attitudes violentes et dont les pratiques sont mises en question  », ce qu’il juge «  inacceptable  ».

Laurent Mouloud


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