Hollande, l’ami du MEDEF

mardi 28 janvier 2014.
 

Hollande est le meilleur ami du MEDEF, Hollande est le vrai Père Noël du CAC 40, Hollande laisse même le MEDEF choisir le paquet cadeau ! Dans ses vœux aux "acteurs de l’entreprise et de l’emploi", ce mardi 21 janvier, le scootériste masqué a « donné les clefs du camion » au MEDEF, comme le dit Jean-Claude Mailly. Il s’est donc contenté d’exposer les options qu’il proposait au grand patronat pour récupérer les 30 milliards de cotisations familiales qu’il ne paiera plus. « Nous pouvons envisager d’augmenter le Crédit d’impôt Compétitivité » pour le porter de 20 à 30 milliards d’euros par an, ou le « transformer purement et simplement en baisse de charges » de 30 milliards. Ou encore, il pourrait « être maintenu et complété » par une baisse complémentaire de 15 milliards d’euros des cotisations sociales patronales. Oh que c’est aimable ! Pas de sucre pour moi, s’il vous plait.

Hollande est ainsi devenu une sorte de succursale du MEDEF. Son perroquet. Il répète. Dans sa conférence de presse du 14 janvier, il a énoncé quatre chantiers : la "baisse du coût du travail", "la fiscalité des entreprises", la "simplification" et "les contreparties" au nouveau cadeau. Trois de ces « chantiers » sont directement tirés du discours officiel du MEDEF. Sous couvert de "pacte de responsabilité" avec les entreprises, Hollande a, en fait, ratifié le "pacte de confiance" que le MEDEF avait présenté quelques semaines plus tôt. Mais il ne faudrait pas croire que les deux autres exigences du MEDEF ont été oubliées. Sur les prétendus "freins à l’embauche", le MEDEF a déjà bénéficié de l’Accord National Interprofessionnel (ANI) sur l’emploi, signé l’an dernier. Quant à "la dépense publique", Hollande a déjà annoncé qu’il allait amplifier encore sa politique d’austérité. Dans ses vœux aux Français du 31 décembre, il annonçait même que "réduire la dépense publique" était la première "décision forte" qu’il entendait prendre en 2014. Il a même précisé qu’il s’agissait de "faire des économies partout où elles sont possibles" car il prétend avoir "la certitude que nous pouvons faire mieux en dépensant moins". Il a confirmé ce projet mardi 7 janvier et dans sa conférence de presse. Il a déclaré qu’il voulait imposer "cinquante milliards d’économies de plus d’ici à 2017" ! Ce mardi 7 janvier, Hollande s’en était pris aussi violemment à "l’Etat jugé trop lourd, trop lent, trop cher" ! Quelle honte !

Le MEDEF a donc été reçu 5 sur 5. Il a enregistré sa victoire sans détour. C’est le nouveau modèle solférinien : gouverner main dans la main avec le MEDEF. Dès le 4 janvier, dans « Le Monde », le président du MEDEF, Pierre Gattaz, avait chaudement applaudi le discours de François Hollande et l’annonce du "pacte de responsabilité". Pour le président du MEDEF : "c’est ce que nous demandions depuis plusieurs mois. Mi-novembre, nous avions porté sur le bureau du président de la République un pacte de confiance. Nous lui avons dit que nous étions capables de créer un million d’emplois. A la condition qu’on ouvre cinq chantiers : sur le coût du travail, sur la fiscalité, sur la baisse des dépenses publiques, sur la simplification et sur les freins à l’embauche. […] Quand j’entends le président de la République parler d’un « pacte de responsabilité », je suis satisfait. Il a lancé le projet général Manifestation à Marseillede sortir le pays de l’ornière et a montré un cap qui nous va bien. François Hollande a appelé cela « pacte de responsabilité », nous, on a parlé de « pacte de confiance » mais le contenu est très proche. On est prêt à jouer le jeu".

Les salariés devraient-ils danser dans rue de joie à l’annonce de tant de merveilles, de centaines de milliers d’emploi ainsi promis ? Non, ces ingrats font la gueule encore ! « Peut-on faire confiance aux patrons ? » demande ingénument « Libération ». Bien sûr que oui, les gars, et d’abord au vôtre, pas vrai ? « Le Parisien » a dégotté un économiste zazou. On lui demande « combien d’emploi pourraient être créés grâce à une baisse de charge de 30 milliards d’euros ? » Bonne question. La réponse est grandiose : « On doit être quelque part entre 750 000 et 1,5 d’emploi créés ou sauvegardés… » Une réponse "quelque part" entre le simple et le double n’a pas l’air d’émouvoir le questionneur. Le martien, de son côté a dû se rendre compte que c’était trop gros. Il précise donc « c’est une fourchette large car le chiffrage est réalisé sans tenir compte les effets négatifs de la mesure ». Ah, le brave professeur Nimbus que voici là ! Pas de chance pour nous le « journaliste » a oublié de lui demander quel pourraient bien être ces effets négatifs. Il ne peut pas y en avoir, cela va de soi. Pourtant, Hollande prétend quand même vouloir des "contreparties" pour ce nouveau Manifestation à Marseillecadeau qu’il accorde aux actionnaires. On croyait pourtant que les bienfaits étaient automatiques. De toute façon, comment le croire ? S’il tient tant à des contreparties, pourquoi le crédit d’impôt pour la compétitivité a-t-il été accordé sans contrepartie et "sans contrôle fiscal" ? La logique voudrait au moins qu’on commence par mettre des contreparties aux cadeaux déjà octroyés au MEDEF avant de lui en faire de nouveaux, non ?

Hollande a d’abord prétendu vouloir des contreparties "claires, précises, mesurables et donc vérifiables". Mais il n’a donné aucun chiffre. Gattaz dit qu’il pourrait créer un million d’emplois. D’accord, il s’est rétracté depuis. Mais au moins il a tenu compte du fait que ces mots devaient être prononcés tant l’énormité de la concession demandée était frappante. Et Hollande ? Rien ! Pas un chiffre ! Hollande fait l’hypocrite en appelant "les partenaires sociaux" à définir ces contreparties au niveau national et dans les branches professionnelles. Pourtant, quand il s’est agi d’annoncer le chiffre de 30 milliards d’euros de cadeau aux actionnaires, il a bien su le dire tout seul ! Et il n’a même pas demandé leur avis aux syndicats de salariés. On se demande bien pourquoi le MEDEF accepterait de négocier des contreparties maintenant qu’il a déjà gagné le cadeau ! Hollande a une nouvelle fois donné la main au MEDEF avant même d’établir un rapport de force.

C’est une stratégie libérale et non social-démocrate. Cela s’appelle une compromission et non un compromis. D’ailleurs Hollande a déjà prévu que les contreparties ne seraient qu’une illusion. Il ne s’est jamais prononcé en faveur du remboursement des aides si les contreparties ne sont pas appliquées. Or, que vaut un contrat si sa violation n’est assortie d’aucune sanction ? Rien. Le Président le sait parfaitement bien. Il a même prévu que ces « contreparties » ne seraient contrôlées ni par les salariés et leurs syndicats dans les entreprises, ni par les parlementaires. Il a seulement promis un "observatoire des contreparties" présidé par le Premier ministre, Ayrault. Quelle farce, tous ces Observatoires ! Et le Parlement ? Pourquoi ne pas confier cette tâche au Parlement ? Et sauf erreur, est-ce qu’il n’existe pas déjà un observatoire de l’application des politiques publiques ? Et quels seront ses moyens d’investigations de ce nouvel observatoire supplémentaire ? Quel sera son indépendance ? Quelle sera, surtout, sa légitimité ? Quels seront ses pouvoirs de sanctions ? Bien sûr, Hollande n’en parle pas. Et pour cause, il n’y en aura pas. D’ailleurs, il l’a avoué en déclarant "il ne peut être question d’indications générales, de critères inadaptés à la diversité des entreprises". Adieu les exigences de la veille. Ni indications générales, ni critères. Comment évaluer le respect des contreparties sans cela ? Cette histoire de contreparties tourne à la farce sous le poids des mots et Manifestation à Marseilledes phrases qui l’entortillent.

En fait Hollande est volontairement très flou. Les « contreparties » c’est davantage une rhétorique qu’un programme. Dans ses vœux du 31 décembre, Hollande parlait seulement de "plus d’embauches et plus de dialogue social" "en contrepartie". Dans sa conférence de presse du 14 janvier, on a cru un instant à de la fermeté. Car, à ce moment-là, les contreparties "porteront sur des objectifs chiffrés d’embauches, d’insertion des jeunes, de travail des séniors, de qualité de l’emploi, de formation, d’ouvertures de négociations sur les rémunérations et la modernisation du dialogue social". Mais finalement, ce 21 janvier, le dispositif est en baisse Il ne reste plus que trois points : les créations d’emploi "prioritairement pour les jeunes et les seniors", la qualité des emplois et l’investissement. Au passage, "l’ouverture de négociations sur les rémunérations" évoqué le 14 janvier a disparu ! Et Hollande a ajouté que "pour être crédibles et respectées, ces contreparties doivent être peu nombreuses" ! Quelle embrouille !

Sur le fond, c’est le contresens qui impressionne ! Hollande reprend à son compte le refrain sur la baisse du "coût du travail" qui ferait baisser le chômage. Je sais bien que je me répète, mais comment faire autrement : la baisse des cotisations sociales n’a jamais créé un emploi. Sinon les 30 milliards d’exonérations déjà en vigueur depuis des années, ou les 20 milliards d’euros de cadeaux décidés pour la compétitivité donné l’an dernier aurait dû faire chuter le chômage. Au lieu de cela, le chômage a continué d’augmenter. Hollande applique les mêmes recettes qui ont échoué depuis 20 ans. Comment en a-t-il l’audace ? Voilà encore 30 milliards de cadeaux aux actionnaires qui s’ajoutent aux 30 milliards d’exonérations déjà existantes. N’a-t-on pas sous les yeux les résultats de cette politique : d’un côté, la part des salaires a réduit de 10 points dans la richesse du pays ; de l’autre, la part des dividendes a été multipliée par 3 en 20 ans. Pas un emploi n’a été ainsi créé et, au contraire, des dizaines de milliers de salariés ont été jetés à la rue. Pourquoi les faits n’ont-ils aucune importance pour ces gens ? Parce que tout cela n’est qu’un prétexte. Leur sujet ce n’est pas le chômage, c’est le taux de profit.

Un membre du MEDEF a vendu la mèche. Son propos est devenu un buzz dans l’autre gauche. C’est le journal « Le Courrier de l’Ouest » qui rapporte l’aveu. La scène s’est déroulée à Angers le 6 janvier. Lors de ses vœux, le président du MEDEF de la région Anjou l’a dit crûment : Hollande "a changé le nom mais c’est bien le pacte de confiance que nous avons proposé. Ne le répétez pas, surtout vous les médias, mais le président Hollande est à la solde du Medef".


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message