Krugman, prix Nobel d’économie, fustige le virage libéral de Hollande

samedi 25 janvier 2014.
 

Paul Krugman fait partie de ceux qui ont découvert que François Hollande était social-libéral. Et pour le prix Nobel d’économie 2008, cela a apparemment été une très mauvaise surprise ! Sa tribune, intitulée « Scandal in France » publiée par le « New York Times », et traduite en français par la RTBF, se révèle être une charge contre la politique menée par le président de la République et contre ce qu’il appelle le « centre gauche » en général.

« Je n’avais pas prêté beaucoup d’attention à François Hollande (...) depuis qu’il était devenu clair qu’il n’allait pas aller à l’encontre des politiques d’austérité destructives menées en Europe, commence par écrire l’économiste américain. Mais là, il a clairement fait quelque chose de vraiment scandaleux. »

« Je ne parle pas, bien sûr, de sa prétendue liaison avec une actrice qui, même si elle est vraie, n’est ni surprenante (hé, c’est la France) ni dérangeante, poursuit Krugman. Non, ce qui est choquant, c’est son affection pour des doctrines économiques de droite discréditées. »

Une attaque en règle du pacte de responsabilité

L’économiste fustige ainsi les annonces faites par le président français lors de sa conférence de presse de mardi. Hollande s’est prononcé pour « la poursuite de l’allègement du coût du travail ». Avec son « pacte de responsabilité », il a notamment annoncé la fin des cotisations familiales sur les entreprises (35 milliards d’euros) d’ici 2017. Des annonces applaudies par le patronat et par une partie de la droite. Pas par Krugman.

« En annonçant son intention de réduire les charges sur les entreprises tout en taillant dans les dépenses, il a déclaré qu’il faut agir sur l’offre et a poursuivi en disant que c’est l’offre qui crée la demande », précise Krugman. Or, selon l’économiste, cette loi énoncée par l’un de ses ancêtres, le Français Jean-Baptiste Say (1767-1832), réputé pour ses théories libérales, est une hérésie.

Il dénonce la poursuite des politiques d’austérité

En clair, ce néokeynésien (école de pensée adversaire du libéralisme) estime qu’il faut agir sur la demande et en finir avec les politiques d’austérité qui plombent la croissance. C’est en tout cas ce que l’économiste attendait du Hollande président de gauche... « Cela rappelle que les malheurs économiques de l’Europe ne peuvent être attribués qu’aux seules mauvaises idées de la droite, remarque l’Américain. Oui, des conservateurs impitoyables et butés ont mené l’économie, mais ils ont été en mesure de le faire grâce à des politiques de la gauche modérée manquant de cran et de volonté. »

Une attaque en règle qu’il conclut avec une pointe de déception. « Lorsque Hollande a pris la tête de la seconde économie de la zone euro, certains d’entre nous avons espéré qu’il pourrait faire une différence. Au lieu de ça, il est tombé dans le grincement de dents habituel – une posture qui se transforme aujourd’hui en effondrement intellectuel. Et la seconde dépression de l’Europe continue, encore et encore. »


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